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LA FOLLE JOURNfiE, I O U LE MARIAGE DE FIGARO; \ < .i' y < f / djOA'^'^^ ijU'P'^' ^ LA FOLLE JOURNfiE, o u LE MARIAGE DE FIGARO. Cet Outrage fe trouvt ^ 'A Genivtj chez Chxrol & chez Baroiv. A MontpelUer, chez RiGAVD, Pons, & Compagnie^ & chez FOMTAMEX. A Nifines, chez Qaude p^re & fils. A Grenoble, chez GiROUD & chez Brettb. A M^urf^ chez Vii^NARELr AiMaton, chez Gar^IK. A Chdhns'/ur'SaSne , chez DE LtVAVU A MarfeilUf chez SuBE .& Laporte. A Aix , chez David. A Toulon , chez Mallard , chez BosRi , chez Surre. 'A Valmce , chez At7R£L« * , " A Be^ierf, chez BousQUET, & chez HL^ Veuve OdezEnMe* £t chez les principaux Libraires des autres Villes du Royaume. AVIS DE VtDlTEUR, jTAR un abus ptintflable , on a envoyi \ Amfterdam uo pritendu manufcrit de cette Pike , tir^ de memoire & difi- gur6, plein de lacunes, de coctreofens & d'abfurdtt^s. On Ta imprim^ & venda en y mettant le nom de M, dc BeMonarchais. Des ComMien^ de Province ie font permis de donner & repr^ fenter cette produdion comme Touvrage de TAuteur. II n'a manqui ^ tous ces gens de bien que d'etre loii6s dans quelquei FeuiUes peiiodlques% LA FOLLE JOURNfiE, O V LE MARIAGE DE FIGARO, CO M£D I E EN CINQ ACTES, EN PROSE, Par M. DE Beavmarchais. ^prifentie pour la premiire foU par Its ConUdiaiS FrangaU ordiaaires tbt Roi, It MarM xy Avril tjS^ Faitu gnn k U riilut. Vaai. it It PUt*. A LYON, D'apr^s la Copie envoy^e par I'Auteur. 1785. PREFACE. En ^crivant cette Prtface , mon but n'eft pa9 de rechcrcher oifcufement fi j'ai mis au Thtitr* une Pi^ce bonne ou mauvaife ; il n'eft plus tcms pour moi : mais d'examincr fcrupuleufe- ment , & je le dois tou jours , fi j'ai fait une* ceuvre blamable. Perfonne rf^tant tenu de faire une com^die ^ui reflemble aux autres ; (i je me fuis ^cart^ tf un chemin trop battu , pour des raifons qui jn'ont paru folides ; ira^t-on me juger , comme Pont fait MM. teU , fur des regies qui ne font pas lc$ mietines ? imprimer pu^rilement que je re- porte I'art i fon cnfance , parce que j'entre- prens de frayer un nouveau fentier a cet art dont la loi premiere , & peut-6trc la feiile , eft d'amufer en i nftruifant ? Mais ce n'eft pas de cela qu'il s'agit. II y a fouvent tr^s-loin du mal que Ton die d^un ouvrage i celui qu'on en penfe. Le traic 4)ui nous pourfuit , le mot qui importune rede enfeveti dans le ccepr , pendant que la bouche fe venge en blsLmant prefque tout le rede. De forte qu'on peut regatder comme un poinc 40 i; PREFACE, ^tabll an The4tre% qu'en fait lie reprochc i ^ r Auteur , ce qui nous affede le plus eil ce dont on parle le moins. II eft peut-^cre utile de d^voiler aux yeux de tous y ce double afped des comedies , fit j'au^. rai fait encor un bon ufage de la mienne , fi je parviensen la fcrutant , i fixer I'opinion pablique iux ce qu'on doit entendre par ces o^ots : Qu'eft-ce que LA Dl^CEMCE TH£ATRAIE ? A force de qous montrer d^Iicats , fios connaif- feurs J Sc d'afFeder ^ comme j'ai dit autre part , I'Hypocrifie de la d^cence aupr^s du relachement des mceurs , nous de^renons des 4tres nuls , in* p^ capables de s'amufer fie de juger de ce qui leuc "^ convient : faut - il le dire enfin ? des b^gueules faflaii^es qui ne favent plus ce qu'cflles veulent ^ ni ce qu'elles doivent aimer ou rejeter, Di]% ces mojs fi rebattus ^ hon ton y bonne compagnie p toujours ajufi^s au niveau de ckaque infipidcr eottibrie , fie dont la latitude eft fi grande qu'oa n^ fait ou ils commencent fie finilTent y ont ditruit lafranche fie vraie gaitd qui diftinguait de tout autre , le comique de notre^ nation. Ajoutez-y le pt-dantefque abus de ces autres grands mots d^ccnc^ fie bonnes mceurs , qui don- nent un air fi important , fi fup^rieur , que nosL jugeurs de comedies feraient d^folf^s de n'ayoi^ pas i les prononcer fitf toutes !«;& piSce& di^ PREFACE, ill Th^trc, & vous cotinaicrez \ peu-pris cc qui garote Je genie , incimide rous les Auteurs , & porte un coup mortel ^ la vigueur dc Pintrigue , fans la que Ik il n'y a pourcant que du bel efprit i la ^lace , & des comedies de quatre jours. Eniin , pour dernier mal , tous les etars.de la foci^t^ font parvShus i fe foufiraire \ la cenfuro dramacique : on ne pourrait mectre au Theitrp ks Plaideurs dc Racine , fans entendre aujour-* d'hui les Dandins Si les Brid^oijons , meme dei gens plus eclaires , s'^crier qu'il n'y a plus n| iDceurs J ni refped pour les Magifitats. On ne ferait point Ic Turcaret , fans avoir i I'inftant fur les bras , Fermes , Sous - Fermes ^ Traites & Gabelles , Droits - r^unis , Tallies , Taillons , le Trop-plein , le Trop-bu , tous les Imfofiteurs royaux« II eft vrai 4]u'au^ourd'hui Turcaret n'a plus de modeles. On I'offrirait foua d'autres traits , I'obftacle refterait le m^me. On ne jouerait point les Fdcheux y les Marquis ^ Us Emprunteurs de Moliire , fans r^voltcr a la fcjis h haute , la moyenne , la moderne &: I'an- tique Noblcflc. Ses Femm^s favantes irriteraienc nos f^minins bureaux d'efprit ; mais quel calcu- laceur peut ^valuer la force & la longueur da levier qu'ii faudrait , de nos jours y pour Clever jufqtt'au Th^4tre Poeuvre fublime du Tartuffe ? Auffi I'Auteur qui fe compromet avec le Public « a iv PREFACE. pourVamufer , oupour Vinftruirt , au Heu d'intri- guer i fon choix fon ouvrage , efl-il oblig^ de tournillcr dans des incidens impoffibles , de pcr- fifler au lieu de rirc , & de prendre fes mpdeies hors de la foci^t^ , crainte de fe trouvcit mille ennemis , dont il ne connaiflait aucun en compofant fon trifle Drame. Pai done r^fl^chi que fi quelque homme cou- rageux ne fecouait pas route cette pouffidre , bient6( Pennui des Pieces francaifcs porterait la nation au frivole opcra-comique , & plus loin encor ^ aux Boulevards , i ce ramas infed de tr^teaux Aleves a notre honte , o& la d^cente libertd bannie du Theatre fran9ais , fe change en une licence efFr^n^e ; ou la jeunefTe va fe nourrir de groflidres inepties , & perdre , avcc fes mccurs , le gout de la decence & des chefi-d'ceuvre de nos maitres. J^ai tent^ d'etre cet homme , & ii je n'ai pas mis plus de talent i mes outrages ^ au moins mon intention s'eft-elle manifefl^e dans tous. ' 3'ai penfi? , je penfe encor , qu'on n'obtient ni grand path^tique , ni profonde morality , ni bon & vrai comique au Theatre , fans des fitua- tions fortes , & qui naiffent toujours d'une difcon-^ venance fociale , dans le fujet qu^on veut traiter. L'Auteur tragique , hardi dans fes moyens ^ ofe admettre le crime atroce \ les confpirations ^ .PR&FACE, V I Pttfurpation di;i trone , le meurtre , rempoHbnne- aient , rincefte dans (Edipc & Phidre ; le fratricide dans Vendome ; le parricide Azns Mahomet ; le r^ gicide dans Machbet y &c. &c. La com^die , moins audacieufe , n'excdde pas les difconvenances , parce que fes tableaux font tires de nos moeurs , ies fujets , de la fbcietd. Mais comment frapper fur Tavarice , i moins de mettre en fcdne un mepri- lable avare ? demafquer I'hjpocrifie j fans mon« trer , comme Orgon dans le Tartuffe y un abomi- nable hypocrite , e'poufant fa fille & convoitant fa femme ? un homme i bonnes fortunes , fans le faire parcourir un cercle enper de femmes galantes ; iin joueur effr^n^ , fans Tenvelopper de frippons , s'il ne Fell pas deja lui-m^me ? Tous ces gens-U font loin d'etre vertueux ; I'Auteur ne les donne pas^our tels : il n'eft le patron d'aucun d'eux y il eft le peintre de leurs vices. Et parce que le lion eft f^roce j le loup vorace & glouton , le renard rufd , cauteleux , la fable eft-elle fans moralit^ ? quand TAutcnr la dirige .contre un fbt que la louange enivre , il fait choir du bee du corbeau le fromage dans la gueule du renard , fa moralite eft remplie : .s'il la tournait contre le bas ftatteur , il finirait fon apo- logue ainfi : le renard s'enfaijit y le devore ; mais le fromage e'tait empoifonni. La fable eft une comddie I^gere ^ & toute comddie n'eft qu'un a 3 v] P R t. F A C E, long apologue : leur difference eft , que dans Ik fable les animaux ont do Pefpric ; & que dans notre com^die.Ies hommes font fouvent des bS<-. tes 9 & qui pis eft , des b^tes mechantes. Ainfi , lorfque Moliire y qui fut (I Cpurmenc^ par les foc$ , donne i V Ay art un fils prodigue fie vicieux qui lui vole fa caflette , & I'lnjurie en fece ; eft-ce des vertus ou des vices qu'il tire fa morality? Que lui importent ces fantomes ? c'eft vous qu'il entpnd corriger. II eft vrai que les «fficheurs & balayeurs litt^raires de fon terns ^ xie manqudrent pas d'apprendre au bon Public combien tout cela dtait Borrible ! II eft auffi prouv^ que des envieux trSsimportans , ou des importans trds - envieux fe dechaindrent contre lui. Voyez' le Kvdre Boileau dans fon ^pitre an grand Racine y venger fon ami qui n'eft pluSy en rappellant ainfi les faits : L'lgnorance Re TErreur i (es naiflantes Pieces » En habits de Marquis , en robes de Comtelfes ,' . Venaieat pour difiamer fon chef-d'oeuvre nouveau J £t fecouaient la l^u ^ I'endroit le plus beau. Le Commandeur voulait la fcine plus exa<^e ; Le Vicomie indigne », fortatt au fecond adle ; L'un , defenfeur zele des devots oiis en jeu , ' Pour prix de fes bons mots , le coadaouiait au feu » L'autre , fougueux Marquis , lui declarant la guerre » Youlait vcRgec k Cour immolee au^ Parterre* P RiF A C E, vij On voit meme dans un placet de Moliirc \ Louis XIV qui fut fi grand en protegeant les Arts , & fans Ic goflt ^clair^ duquel notre Thekre n'aurait pas un feul chef-d'ceuvre de Moliire ; on ▼oit ce philofophe Auteur fe plaindre amdremenc au Roi y que pour avoir dt^mafqu^ les hypocrites^ lis imprimaient par^tout qu'il ^tait un libertin , un impie , un aihic , un d^mon vitu de chair , ha-' iilU en homme ; & cela s^imprimait avec ApPRO" BATiON ET Privilege de ce Roi qui le prot^- geait : rien li-defliis n'cft empir^, Mais , parce que les perfonnages d'une Piece s*y montrent fous des moeurs vicieufes , fauc-il les bannir de la Scene ? Que pourfuivrait-on au Th^i- tre ? les travers & les ridicules ? cela vaut bien la peine d'^crire ! ils font chez nous comrae les modes ; on ne s'en corrige point , on en change. Les vices , les abus , voiR ce qui ne change point , . mais fe d^guife en mille formes fous le xtiafque des mccurs domt|i^^|M^ 1 leur arracher ce raafque & les montrer a decouvert , telle eft la noble t^che de Thomme qui fe voue au Th^4- tre. Soit qu'il moralife en riant , (bit qii'il pleurc en moralifant : H^raclite ou Democrite , il n'a pas un autre devoir ; malheur ^ lui » s'il s'en 4|f:arte. On ne pcut corriger les hommes qu'en les fefant voir tels qu'ils font. La com^die utile 44 viij PREFACE. & v^ridiquc , n'eft point un ^loge mcnteur , iin vain d fcours d'Acad^mie, Mais gardens nous bien de confondre cette critique g^ner^Ie , un des plus nobles buts de I'art , avec la fatyre odjeufc & perfonnelle : Fa- , vantage de la premiere eft de corriger fans bleC- fcr. Paitcs prononcer au Theatre par ITiomme )u(le , aigri de Thorrible abus des bienfaics , tous Its hommes font des ingrats : quoique cha- cun foit bien pr^s de penfer conime lui ; perfonne fic s'ofFenfera. Nc pouvant y avoir un ingrat, fans qu'il exifte un bienfaiteur \ ce reproche meme ^tablit une balance t'gale entre les bons & mau- vais ca;urs ; on le fent , & cela confole. Que fi Phu- fnorifte r^pond qu^un bienfaiuur fait cent ingrats; on repliquera juftement , qu'i/ n'y d peut-itre pas un ingrat qui n^ait iti plufieurs fois bienfaiteur z cela confole ' encor. Et c'eft ainfi qu'en gentra- Jifanr y la critique la plus am^re porte du fruit ^ fans nous Welter ; quand la fatyre* perfonnelle , audi fl^rile que funefte , blelTe toujours & ne produit jamais. Je hais par-tout cette derni^re y &, je la crois un (i punifTible abus , que j'ai plu'^ fieurs fois d'office invoque la vigilance du Magif- trat pour empecher que le Theatre ne devint une ardne de gladiateurs , ou le Puiflant fe crut en droit de faire exercer fes vengeances par les P R i F A C E, It plumes v^nales , & malhcureufement trop com-^ Uiunes , qui metfent Icur baffeffe a I'enchere. N'ont-ils done pas allez , ces Grands , des mille & un feuilliAes , fefeurs de Bulletins , Afficheors , pour y trier !e plus mauvais y en choifir un bien liche , & denigrer qui les olFufque ? On tol^re un . fi l^^ger mal , parce qu'il eft fans conf^qucnce , & que la vcrmine ^phem^re demange un inftanc & perit ; mais le Theatre eft un g^ant qui blefle ^ mort tout ce qu'il frappe. On doit referver fes grands coups pour les abus & pour les maux publics. Ce n'eft done ni Ic vice ni les incidens qu'il amene , qui font rindeeenee tWatrale ; mais le de- faut de Ie9ons & demoralit^. Si I'Auteur , ou fai- ble ou tiinide , n'ofe en tirer de fon fujet , voili J ce qui rend fa Piece equivoque ou vicieufe. Lorfque je mis Euge'nie au Theatre ( & il faut bien que je me cite , puifque e'eft toujours moi qu'on attaque ) lorfque je mis Eugenie au Th^itrc, tous nos Jurds-Crieurs d la decence y jetaienc des flammes dans les foyers fur ce que j'avais of^ montrer i;n Seigneur libcrtin , habillant fes Valets en Pr^tres , & feignant d'epoufer une jeune perfonne qui paralt enceinte au Theatre, fans avoir et^ marine. * Malgr^ leurs cris , la Pidee a tti jug^e , linon le meilleur ^ au moihs le plus moral des Drames ^ X PREFACE. conftamment jou^e fur tous les Th^itres , tc craduice dans toutes les langues. Les bons efprits ont vu que la moralit^ , que I'int^ret y naif* iaienc enti^rement dc I'abus qu'un homme puif-* fiint & yicieux fait de fon notn , de fon credit ^ pour tourmenter lAie faible fillc , fans appui f tromp^e , vertueufe , & d^laifT^Se. Ainfi tout ce que Touvrage a d'utile & de bon , nait du cou- rage qu'eut TAuteiir d'ofer porter la difconve- nanse fbciale au plus haut point de liberty. Depuis , j'ai fait les Deux Amis , Pi^ce dans laquelle un pere avoue i fa pr^tendue niece qd'elle eft fa fille ill^gitime : ce Drame eft aufli tr&-moral ; parce qu'4 travers les facrifices de la plus parfaite amitid , PAuteur s'ittachQ i y montrer les devoirs qu'impofe la nature fur les fruits d'un ancien amour , que la rigoureufe du-' t xeti des convenances fociales y ou plutot leur abus y laifle trop fouvent fans appui. Entr'autres critiques de la Pidce , j'entendis dans une loge , aupres de celle que j^occupais , un jeune Important de la Cour , qui difait gai- ment ii des Dames : « T Auteur , fans doute , eft un 99 gar^on Fripier , qui ne voit rien de plus ilovi 9> que des Commis des fermes , & des Marchands » d'^toffes ; & c'eft au fond d'un magafin qu'il va » chercher les nobles amis , qu iltraduit i la Scdne 91 firancaife n ! H^las ! Monfieur , lui dis*je en PRtFACE, x| m^arafif ;mt , il a fallu du moins les prendre oil il n'eft pas impoflible de les fuppofer. Vous ririex bieo plus de P Auteur , s'il eAt x\xi deux vrais amis de r(Eil de bccuf , ou des Car rofles ? II faut iia peu de vraifemblance' y menie dans les ades vertueux. Me livrant i xnon gai caraA^re , j'ai depuis tent^ , dans It Barbicr de Seville ^ de raoiener au ThiitTC Pancienne & firanche gait^ , en I'al** Uant avec le con It^ger de node plaifanterie ac*- tuelle ; mais comme cela mSme ecaic une efpdce de nouveaut^ y la Pi^ce &t vivemenc pourfuivie. U fembiait que j'eufTe ebranl^ TEtac ; I'excds des precautions qu'on pric & des cris qu'on fic contre jtnoi , d^celait fur-touc la frayeur que certains vicieux de ce terns avaient de s'y voir ddmafques. La Pidce fuc cenfuree quitre tbis , cartonn^e trois fois fur I'affiche , k Tinftant d'etre jou^e , d^nonc^e mdmeau Parlement d'alors; & moi ^ firapp^ de ce tumulte , )e perfiflais i demander que le Public reflet le juge de ce que j'avais deftin^ i Tarrufement du Public. Je Tobtins au bout de trois ans. Aprds les clameurs , les ^loges ; Sc chacun me diiait touc bas : &ites-nous done des Pieces de ce genre , puif^n^l n'y a plus que vous qui ofiez rire en &ce. Un Aiiteur d^fol^ par la cabale & Its criards p «•« XII PREFACE. » inais qui voic fa Piece marcher , reprend courage, & c'eft ce que j'ai fait. Feu M. le Prince de Conti^ de patriotique m^tnoire ( car en frappant Pair de fon nom , I'on fent vibrer le vieux mot Patrie ) feu M. le Prince de Conti y done , me porta le d^fi public de mcttre au Theatre ma Preface du Barbier , plus gaie , difait-il , que la Pi^ce , & d^'y montrcr la famillc de Figaro^ * que j'indiquais dans cette Preface. Monfeigneur y lui repondis-je y fi je mettais une feconde fois ce cara&drefur la Sc^ne, comme je le montrerais plus iig6 y qu'il en* faurait quelque peu davan^- tage y ce ferait bien un autre bruit y & qui fait^ s'il verrait le jour ! Cependant , par refpeft , j'ac-^ ceptai le d^fi ; je compofai cette Folic Journde / qui caufe aujourd'hui la rumeur. U daigna la' voir le premier. C'etait un homme d'un grand, caraftere , un Prince augufle , un efprit noble &- fier : fc dirai-je ? il en fut content. • Mais quel piege , h^las ! j'ai tendu au }uge«^. ihent de nos Critiques en appellant ma Com^die du vain nom de Folic Journit ! mon objet i^tait bien de lui uter qpelqu'importance ; mais je ne favais pas encor i quel point un changement d'annonce ^ peut ^garer tous les efprits. En lui laiflant fon veritable titre , on eut lii VEpoux fuborncur. C'etait pour eux une autre pifte ; on me courait difiFiremment. Mais ce nom Me Folic PREFACE. iri] Journit ,. les a mis \ cent lieues de moi : ils n'ont ' plus lien vu dans I'ouvrage , que ce qui n'y fera jamais ; & cette remarque un peu f^v^re fur r la facility de prendre le change , a plus d'^cenduc qu^on ne croit. Au lieu du nom de George Dan-^ ,. din y fi MoUere cut appell^ fon Drasie la Sotije des alViances y il eAt porte bicn plus de fruit : fi . Regnard cut nomm^ fon L/gataire , la Punition du cilihat y la Pieca nous eut fait fir^mir. Ce sL quoi ^ il ne fongea pas ; je I'ai fait avec r^flexioa. Mais , . qu'on ferait un beau chapitre fur tous les juge- ^ mens des hommes , & la morale du Th^itre , & . qu'on pourrait intituler : de V influence de VAffiche ! . Quoi qu'il en foit , la Folk Journie refta cinq .ans au porte-feuille ; les Com^diens ont fu que j^ I'avais , ils me I'ont enfin arrachee. S'ils ont .bien ou mal fait pojjr eux , c'eft ce qu'on a pu voir depuis. Soit que la difficult^ de la rendre excit^t leur Emulation \ foit qu'ils fentiffent avec le Public y que pour lui plaire en com^die y il £allait de nouveaux efforts ; jamais Piece audi difRcile n'a ^t^ jou^e avec autant d'enfemble \ & * fi r Auteur ( comme on le dit ) eft reft^ au det ipus de lui-meme ; il n'y a pas un feul A&eur ^ dont cet Ouvrage n'ait ^tabli , augment^ ou confirm^ la reputation. Mais revenons \ fa leo* dire 9 i I'adoption des Com^diens. Sur reioge outr^ qu'ils en fircnt y routes les ^' XIV PREFACE, Soci^t^s Tonlnrent le conrtaicre , & dds-l6rs it £ilut me &ire des queretles de toute efpdce , oa c^der aux inftances univerfelles. Dds<-lor$ aiiffi les grands ennemis de PAuteur , ne manquerent pas de r^pandre i la Cour qu'il bleifait dans eet ouvrage , d'ailleurs un tijfu de hitifcs , la Reli- gion , le Geuvernement , tous les etats de la Soci^t^ y les bonnes mceurs , & quVnfin la verm y ^tait opprimee , & le vice triomphant , comme de raifbn y ajoutait-on. Si les graves Meflieuw qui font tant r^p^ce , me font Fhonneur de lire cette Preface , ils y verront au moins que j'ai cit^ bien )ufte; & la bonrgeoife inr^grit^ que je mets i mes citations , ' n'en fera que mieux reffbrtir la noble infid^lit^ des leurs. Ainfi dans le Barbier de Sdville je n'avais qo'Aranl^ TEtat ; dans ce'^iouvel eflai , plus in&me & plus f^ditieux , je le renverfais de fond en comble. II n^y avi^it plus rien de facr^ fi 1*011 permcttait cet ouvrage. On abufait Tau- torit^ par les plus infidieux rapports ; on caba- lait aopr^s des Corps puif!ans ; on alarmak les I>ames tiitiorees ; on me fefait des ennemis fur le prie-Dieu des oratoires : & moi , felon les kommes & les lieux , je repouflais la bafle in- trigue 9 par mon exceffive patience , par la roi* deur de mon refped , Pobftinarion de ma doci- lity I par la raifoii , quand on voulait I'entend/e^ PREFACE, XT « Ce combat a dur^ quatre ans. Ajoutez •- les aux cinq du porte-feuille ; que refte <- 1 - il des allufions qu'on s*efForce i voir dans I'buvrage ? Hejas ! quand ii fut compofti , tout ce qui fleurit aujourd'hui , n'avait pas m^me encor germ^. C^tait tout un autre Univers. Pendant ces quatre ans de d(fbat je ne denui9- dais qu'un Cenfeur * on m'en accorda cinq oa fix. Que virent-ils dans Pouvragc , objet d'un eel d^chalnement ? la plus badine des intrigues, Un grand feigneur efpagnol , amoureux d'une jeune fille qu'il veut fifduire , & les e^rts que cette fiancee , celui qu'elle doit ^poufer , & la femme du Seigneur , r^uniflent pour faire ^chouec dans ion defTein un maitre ab&lu > que Ton rang , fa fortune & fa prodigality rendent tout puifTaxit pour I'accomplir. Voili tout , rien de plus. La Pidce eft Ibus vos yeux. • D'ou naiflaient done ces cris per9ans ? Do ce qu^au-Iieu de pourfuivre un feul caraS^r^ vicieux ^ comme le Joueur , P Ambideux , rAvarc , ou PHypQcrite , ce qui ne lui eAt mis fur le£ bras qu'une feule clafle d'enncmis ; I'Auteur a profit^ d'une compofition l^gdre y ou plutdt a form^ fon plan de fa9on k y faire entrer la critique d'une foule d'abus qui d^fblent la So- ci^t^. Mais comme ce n'eft pas li ce qui gate iin ouvrage aux yjeux du Cenfeur ^clair^ ; tous , Tapprouvant | Font r^clamd pour le Th^itrt. tviij PR B F A C E. ' & fenfible finit par lui pardonner : c'eft ce qu'elle» font eoujours. Qa'a d^c cette moralite de bli- maUe , Meflieurs ? > La trouvez^vous un peo badine pour le ton grave que je prens ? accueiUez«>en une plus CL* }ritc qui blefle vos yeux dans Touvrage , quoi- que Tous ne I'y cherchiez pas : c'eft qu'un Sei«» gnenr aflez vicieux pour vouloir profticuer k fes caprices tout ce qui lui eft fubordonn^ , pour fe jouer jiztis fes dotnaines , de la pudicit^ de touted les jeunes vafTales , doit finir comme celui-ci , p^r etre la rifee de fes valets. £c c'eft ce que TAuteur a trds-fortement pronohc^ , lorP qu'en fureur . au cinquieme A&e , Almaviva , croyant coo&ndre une feinme inlidSle , montre k fon^ardinierun cabinet, en lui criant: Eritres'-y ioiy Antonio ; conduis devant fon juge y Vinfdme qui m^a dishonori ; &que celui*ci lui ripond : // y a , parguennt , une bonne Prwidence I Vous en avei tant fait dans le pays y fu^il font bien auffi qu^'d votre tour ! . . . . Cetce profonde moralite fe . fait fentir idans tout Touvrage. ; & s'il cot^venait r k T Auteur de d^ontrer aux.adverfaires quU travers fa forte* fe^on il a .port^ la cpnfid^ratioo pour la dignit^ du coupable , plasloia,qu'on ne Jdevait I'attendre de la fer mete . de ; fon pingeau.; je leur &rais PREFACE. t\x tttRi^top&T que ) cToiii dans tous fes projets ,1 to Cotnte Almaviyh fe voit toujours humili^ , fans ^cre jamais avili. En effet , fi la Comtefle ufait de rufe pour dveugler fa jaloufie dans le deflein de le trahir ^ de7enae coupable clle-m^me , elle ne poucrait ftiettr^ k les pieds Ton ^poux , fans le d^grader a nos yeux. La vicieufe intention de Npoufe , brifant un lien refped^ ; Ton repiocherait juf- tement i FAuteur d'avoir crac^ des mceurs bl4« biables : car nos jugemens fur les moeurs fe rap« portent toujours aux femmes ; on n'eflime pas s^ez les hommes pour tant exiger d'eux fur ce point d^licat* Mais y loin qu'elle ait ce vil projet ^ ce qu'il y a de itiieux ^tabli dans Pouvragc , eft que nul ne veut faire une tromperie au Comte , ffiais feulement Temp^cher d'en £ure d tout le Aionde* . G^eft la puret^ des motifs qui fauve ici les moyens , du reproche ; & de cela feul , que la Comtefle ne veut que ramener (on man ; toates les confiifions qu'il ^prouvc font certai- nement tr^«-morales ; aucune n'eft aviliflante. ) Pour que cette v^rit^ vous trappe davantage , I'Auteur oppofe ii ce mari peu delicat 9 la plus vertueufe Mes femmes par gout & par prin- cipes. Abandonn^e d'un ^poux trop aim^ ; qtiand Texpole-t-gn i vos regards, i dans le momeAfi b X XX p Kt F AC E, critique oil fa bienyeiUance pour un aimaWe enfiint , fon fiUeul , peut dmte & fes agens , chacun fiiic dans la Fi^ce a-peu-pres ce qu'il doit. Si voua les croyez malhonniices , parce qu'ils difeiH: du mal les uns des autres ; c'eft une r^gle tr£s<*fau^ rive. Voyez nos honn^tes gens du fiecle ; on pafler la vie i ne &ire autre chofe ! II efi m^me telle-^ ment re^u de d^chirer fans piti^ les abfens y quer moi , qui les d^fens tpujours , j'entens murmuree tr^fouvent : quel diable d'honime , & qu'il eft contrariant ! il dit du bien de tout le monde ! £ft-ce mon Page y enfin , qui vous fcandalife ^ & rimmoralit^ qu'on reproche au fond de I'ou-- vrage , ferait-elle dans Tacceflbire ? O cenfeurs d^Iicats ! beaux efprits fans fatigue ! inquifiteuts pour la morale , qui condamnez en un clin-d'oeil les reflexions de cinq annees ; foyez jufies uno- fois , fans tirer i conf^quence. Un enfant de treiztf ans , aux premiers battemens du cceur ; cherchan( tout J fans rien d^m^ler ; idoUtre y ainfi qu'on I'eft k cet ige heureux , d'un objet c^lefie pour lui y dont le hafard fit fa maraine y efl-il un fujet de fcandale ? Aim^ de tout le monde au chateau ;, vif , efpi^gle & brulant , comme tous les en£in$ fpirituels ; par foa agitation extreme y il derange dix fois , fans le vouloir y les coupables projets du Comte. Jeune adepte de la nature ! tout ce qu'il voit a droit de I'agiter : peut-etse il: n'efl xxiv P Rt IP A C E. plus un enfant ; mais il n'eft pas encor un homme l & c'eft le moment que j'ai choifi , pour qu'il ob- tintde I'int^r^t , fans forcer perfonne i rougir. Ce qu'il Jprouve innocemment , il I'infpire par-tout de mime. Dircz-vous qu'on 1 aime d'amour ? Cen- ieurs ! ce n'eft pas la le mot : vous £tes trop eclair^s pour ignorer que Tamour , m6me le plus pur y a un motif interefle : on ne Tairae done pas encor ; on fent qu'un jour on I'aimera. Et c'eft ce que I'Auteur a mis avec gait^ dans la bouche de Suzanne , quand elle dit ^ cet enfant : Oh ! Jans trois ou quatre arts y je pr^dis que vous fire[ le plus grand petit vaurien / . . . . Pour lui imprimer plus fortement le carac- tdre de Tenfance , nous le fefons expr^s tutoyer par Figaro, Suppofez-lui deux ans de plus , quel valet darts le chateau prendrait ces libert^s ? Voyez-le d la fin de fon tole ; i peine a-t-il un habit d'OfEcier , qu'il porte la main i I'^p^e aux premieres railleries du Comte , fur le quiproquo d'un foufflet. II fera fier , notre etourdi ! mais c'eft »n enfant y rieh de plus. N'ai-je pas vu nos dames dans les loges aimer mon Page a la folie ? Que ^ lui voiilaient-elles ? helas ! rien : c'^tait de Pint^- xit audi ; mais , comme celui de la Comtefle , un pur & naif int^ret : un int^r^t fans inter^t. Mais eft-ce la perfonne du Page ou la confcience P At F A C n. XXV (fa Seigneur qui fait le tourment in dernier , toutes les fois que I'Auteur les condamne k fe rencontrer dans la Pidce ? Fixez ce l^ger appercu,. i! pcutvous mettre fur fa voie ; ou plutot appre- nez de lui , que cet enfant n'eft amen^ que pour ajouter i la moralitd de I'ouvrage , en vous mon^ trant que rhomme le plus abfolu chez lui , dds qu'il fuit un projet coupable , peut 6trc mis au d^fefpoir par I'^tre le moins important , par celui qui redoute le plus de fe rencontrer fur fa route. Quand mon Page aura dix*huit ans y avec ler caraddre vif & bouillant que je lui ai donn^ / je ferai coupable i mon tour , fi je le montre fur hScdne. Mais i treizeans qu'infpire-t-il ? quel- que chofe de fenfible & doux , qui n'eft amiti^ ni amour , & qui tient un peu de tous deux. J'aurais de la peine i &ire croire k I'innocence deces impreflions, fi nous vivions dans un fiecle moins chafte y dans un de ces fidcL s-de calcul , ou , voulant tout pr^matur^ y comme les fruits de leurs ferres chaudes , les Grands mariaienc leurs enfans a douze ans , & fefaient plier li nature , la d^cence & le goilt aux plus fordides convenances , en fe hitant fur-tout d'arracher r deuces 6tres non formes y des enfans encor moins formables , dont le bonheur n'occupait perfonne , & qui n'i^taient que le pr^texte d'on certain i xxvj PREFACE. tvafic d'avantages , qui n'arait nul rapport i etix^ mais Qniquemenc i leur nooi. Heureuiemenc nou& en (bmmes bien loin : & le caraddre de mon Page y {ans coni^quence pour lui-meme , en a tine relative au Comce , que le Moralifte apper- ^ic y mais qui n'a pas encore firapp^ le grand conunun de nos jugeurs. Ainfi , dans cet ouvrage , chaque r61e impor-* ^ tanc a qudque but moral. Le feul qui iembie y d^roger , eft le role de Marceline. Coopable d\m ancien ^garenient , dotit foa 'Figaro fut le fruit , elle devrait , dit-on , fe voir au moins punie par la confufion de fa faute ^. loifqu'elle reconnak fon fils. UAutcur edit pu m^e en drer une moraUt^ plu6 profonde : dans les mosurs qtfil veut corriger , la faute d'une jeune fille f<^duite , eft celle des homines , &: noa la fienne. Pourquoi done ne Ta-t-il pas fait ? U I'a fait ; Cenfeurs raifonnables ! Studies la Seine fuivante , qui fefait le nerf du troifidme Ade , & que les Com^diens m^ont pri^ de re- tranche^ y craignant qu'un morceau fi t&vir^ n'obfcurcit la gait^ de Tadion. * Quand MoUire a bien humili^ la Q)quette ^ ou Coquine du Mifanthrope , par la ledure^pu- blique de fes lettres 4 tous fes amans , il la laifle avilie fous les coups qu*il lui a port^s ; il ^ raifon \ qu'en feraicril ? vicieufe par gout & PREFACE. san^ par choix ; veuve aguerie ;, femme de Cour : faos aucune excufe d^erreur , & fleau d'un fort hon- n6tc hpnune ; il I'abandonne i nos mdpris ,« & telle eft fa moralit^. Quant i moi , faififlailt Vayeu naif de Marceline au rooment de la re- connaiffance ^ je montrais cette femme humili^e , & Bartholo qui la refufc , & Figaro leur fils conv jnun dirigeant Tattention publique fur Ie$ vrais fauteurs du d^fordre oh, Von entrakie fanii piti^ toutes les jeunes filles du peuple , douses d'^ne jolie figure. Telle eft la marche de la Scdne. Brid'oison, ( Parlant dt Figaro qui vient dc rcconftaiift fit mire en Marceline. ) Ceft clair : i-il ne I'^poulera pas. A B. T H O L O. Ni moi non plus. [M A R C E I I N S. Ni vous ! & votre fils ? Vous m'aviez jur^. . . . Bartholo. JVtais fou. Si pareils fouvenirs engageaient ^ tm le^ait tenu dVpoufer tout le monde,^ xxwS^ P R £ FA C E. BuiD^oisan. E-Et fi Ton y regardait de fi pr& p pi-edbime n'^pouicrait perfonne* B A R T H OL O. Des fautes fi connues 1 une jeunefTe d^plo- nbk! / Marckiike, s'^chauffiznt par dcgr/s^ Om y deplorable ^ & plus qu'on ne croit ! Je fl^oicciis pas nier mes fautes ; ce jour les a trop bieo pronv^es I mais qu'il eft dur de les expier apc& crente ans d'une vie modefte ! J'^uis n^e ^ nai 9 poor itre (age , & je la fuis devenue fi-t6t i|ifo0 m'a permis d'ufer de ma raifon. Mais dans Page des illufions , de rinexp^rience & des bdoim ^ ou les f^duSeurs nous affi^gent , pendant foe la mis^re nous poignarde ; que pent oppofer enfant , ^ cant d'ennemis raflembl^s ? Tel juge ici fevdrement , qui peut-etre en la yic a perdu dix infortun^es. Figaro. Les plus coupables font les moins g^n^reux ; c'eft la irSgle. Marcelike, vivement , Hommes plus qu'ingrats , qui fi^trifTez par le m^pris ^ les jouets de vos paijGlons , vos vi&imes ! f PREFACE. nb c'efl yous qu'il faut punir des erreun de HottB jeuneiTe : vous , & yos Magiftrats fi v^ons da droit de nous juger y & qui nous laifleac eafe- ver y par leur coupable negligence , touthoniidiB moyen de fubfiftcr. Eft-il un fcul &at pour let maiheureufes filles ? elies avaient un droit oom- rel 4 toute la pariire des femtnes ; on y hifle former mille ouvriers de Tautre fexe« F I G A & O* Us font broder jufqu'aux foldats ! M*A R C E L I N I , txahit. Dans les rangs , m^me plus ^ev& ^ les ibnK mes n^obtiennent de vous qu^une confid^xatioii d^rifoire. Leur^es de refpeds apparens ^ dans une fervitude r^elle \ trait^es en mineures pone nos biens , punies en majeures pour nos fiiotes ; ah ! fous tous les afpeds , votre conduioe arte nous y fait horreur ou piti^* F I G A & O. Slle a raifon. Le Comte^J part^ Que trop raifon. B]LI9'OISOH« Elle a I mon-on Dieu! raifon« n XXX P R £ P A C E. Ma&cbline. jMaisi^ue iioiisfbtfC , mon fils ^ les refds d'utl l^omme injufte ? ne regarde pas d'ou tu viens ^ jTois pu cu vas ; cela feul importe i chacun. Dans ^u^tques mots (a fiancee ne dJpendra plus quQ d'elle - mdnte ; elle t'acceptera , j'en r^pons : vis entre une ^poufe , one mSre tendres y qui te cheriront a qui mieux mieux. Sois ihdul^ gent pour elles , iieureux pour toi y mon fils J gai , libre &: bon pour tout le mohde , il ne m«tn« quera rien i ta mere. Figaro. Ttt paries d*or , maman , & je me dens ^ ton 4vis ! Qu'on eft fot en e^et ! il y a de$ mijle jBille ans que le monde rpule y & dans cec oc^ao de.durJe , o& j'ai par hafard attrap^ quelques j^becifs trente ans qui ne reviendront plus , j^irais me tourmenter pour favoir i qui je les dois ! tant pis pour qui s^en inquiete. Pader ainfi.^ la vie a chamailler y c'efi pder fur le collier fans reliche , comme les malbeureux .cbevaux de la remonce des fl^uves , qui ne repofent pas f m^me quand ils s'arr^tent , & qui tirent tou- jours , quoiqu^ils ceflenc de marcher. Nous at- tendrons* ^ J'ai bien regtett^ ce*inorceau j & qiaiatenanc P R £ F A C E. xxx] que la Fi^ce eft connue , fi les Com^iens avaient le courage de le reftitiier i ma pridre , je penfe que le Public leur en faarait beaucoup de gci« lis n'auraient plus mSme i r^pondre , comine je fus forc^ de le faire i certains cenfeurs da bean tnonde , qui me reprochaienc i la lefiure , d# les interefler pour une femm^ de mauiraifes fficeurs. -^ Non , Meflieurs , je n^en parle pat pour excufer fes moeurs , mais pour yoas ^fiure rougir des votres fur le point le plus deflrudeut de touce honntftet^ publique ; la corruption des jeunes perjbrmes ; & j'avais raifon de le dire que vous trouvez ma PiSce trop gaie » parce qu'elle eft fouvent trop iirite. 11 n'y a que fiifoh de s'etitendre. *^ Mais Yotre Figaro eft un foleil toumant ; qiu briile , en jailliftant y les manchettes de tout le monde. ^ Tout le monde eft exag^r^. Qu'on me (ache gr^ duBioins s'il ne brdle pas auffi les doigts de ceux qui croient s^ reconnaltre : an terns qui court on . a beau jeu fur cette mati^ au Tfa^tre. M'eft-il pertnis de compofer en Au- teur qui fort du college , de toujeurs faire rire des enfiins , fans jamais rien dire k des hommes ? Et ne devezvous pas me pafTer un peu de mo- rale , en faveur de ma gaite ; comme on pafle aux Fraogais un pea de folie ^ en faveur de leor taifbn. ^i ^ acxxij P R £ F A C E. Si je n*ai verf^ fur nos fotifes qu'^.un peu de critique badine , ce n'eft pas que je ne fache en former de plus f^v^res : quiconque a die tout ce ^u'il fait , dans fon ouvrage , y a mis plus que cnoi datis le mien. Mais je garde une foule d'i* jdees qui me preflent , pour un des fujets les plus :moraux du Th^re , aujourd'hui fur mon chan- cier : la Mire coupabk / & £i le d^oAt dont oa ^abreWe me permet jamais de I'achever ; mon roj t ^tant d'y faire rerfer des larmes k toutes ' ley femmes fenfibles , j'^leverai mon langage k la hauteur de mes (ituations ; j'y prodiguerai les traits de la plus aufldre morale , & je tonnerai jbrtement fur les .vices que j'ai trop manages. Appretez-vous done bien , MefHeurs , i me tour- menter de nouveau ; ma poitrine a d^ja grondi ; j'ai noirci beaucoup de papier au ferviee de votre colore. Et vous honn^tes ihdifFcrens , qui jouiflez de tout fans prendre parti fur rien : jeunes per-* rfonnes modifies & timides , qui vous plaifez JL ma Folic Journit , ( & je h'entrepr^s fa d^- ^nfe que pour juiHfier votre goAt: ) lorfque vous verrez dans le monde, un de ces hommes tran- xhans , critiquer vaguement la Pidce , tout bl4** .4ner fahs rien defigner , fur-tout la trouver in- 4^^cente ; examinez bien cet homnie-la ; fachez ion rang , fon etat ^ fon caraft^re \ & vous con* naltrez P R & P A C E, ^xxjfuf * • * tiikxti fut le champ le mot qui I'a blefle dans Touvrage. Onfentbien que je ne parie pas de ce$ Ecii- meurs litteraires , qui vendent l^urs bulledns o\l leurs affiches a tant de liards le paragraph^i CeuxJi , comme P-^f^^^^^i/^^ peuvent'dalom* Bier ; Us midiraLtnt qu^on ntlts croirait'p^asi ^ • Je parle moins encore de ces libellifteis -teon* teux qui' li'ont trouv^d'^utre-moycn de .fa!tis-» feire leur rage , Taflaflinat etant trop dangereuxj que de lancer du cintre de nos Saltfe* ,- de^ vers infamcs contre I'Auteto ,' pendant* que Ton jouait fa Piece. lis favcnt que je les connais i fi j'avais eu deflein de les norrtttier , 9*aurait 6t6 au minift^fe public ; leur (upplice eft de Pavoii? eraint,'if fuffit a mon reflfentimenL Mais on ii^imaginera jamais jufqu'ou ils ont . ofe elevec les foupcons du Public fur tirie 'aufli liche ippi- gramme ! femblables a ccs vik chafiataiis "du Pont*Neuf , qui , pour accn^diter leurs drogues , farcifTent d^ordres , de cordons , le tableau qui leur fett d'enfeigne* - Nbn , je cite nos importans j quiblefl^s-, otf ne fait pourquoi , des critiques ferfiies' dans Pouvrage , fe chargent d'en dire du mal , fans cefler de Vertir aux: noces. * Ceft - un plaifir • affez piquant de les voit d'en bas au Spedacle f dans le trds-plaifan( em« xxxiv. P R & F A C E. • » - « . ^arras de n'ofer montrjcr ni fatisfadion m ce^ Idre ; s'avan^ant fur le bord des loges , prdts i & inoquer de TAoteur , & fe recirant aafli-c6c pour celer un peu de grimace ; emport^s par uo mot de la fcene , & foudainement rembro* xiis par le pinceau du moralifte : au plus l^ger, trait de gait^ , joFuer trifiement les ^tonnes , prendce unair gauche en fefant les pudiques , & regardant les. femmes dans les yeux ^ comm& pour leur roprocher de footenir un tel fcandale ; puis j^ auK grands applaudiflemens y lancer fur le. Public, un regard mdprifajit , dont il eft ^craK ; ^ujours prets i lui dire y comme ce courtifan dont-fparle Molihc y lequet outr^ du fucc^ de VEcole des Femmes crjait des balcons au Public » ^is done 'y Public y ris done I En v^ritd c'eft un, plgifo , & fen ai joui bien des fois., . /Celui«-li m^en rappdle un autre. Le premier jpur de ta Folk Journ/e y on sVchauffast dans; le foyc^ (, meme d'honnetes Plibeiens ) fur ce quMls nptnmaient fpiritu^Ilement y man ^udace^ Un petit vieillard fee & brufque , impatient^ de tous ces cris , frappe le plancher de fa canne , fit dit ens'en allant : Nos Franpais Jbnt comme ies ^nfan^ qui braille nt quand on lese'berne. II avait du fens , ce- vieillard. Feut - ^tre on pouvait Qiieux parler : mais, pour mieux penier , }'en d^fie. P R i. F A C E. XYXY kvtt cette intention de tout blimer ^ oili con-* (oit que les traits les plus fenfes ont ^te pris en mauvaife part. N'ai-je pas entendu vingt fois un murmure defcendre des loges a cette r^ponfe de Figaro ? Lb C o m It. e» Vne reputation dittftablc ! Figaro* Etfijevauxmieuxqa'ellt; y a-t'-it hcitucoU^ it Seigneurs qui puijfent en dire autant ? Je dis moi , qu'il n'y en a point ; qu'il ne faurait y en avoir , i moins d'une exception bien rare. Utt homme obfcur ou peu connu ' peut valoir mieux que fa reputation , qui n'eft que I'opinion d'au-» trui. Mais de merae qu'un fot en place , en pa-« rait une fois plus fot , parce qu'il ne peut plus rien cacher j de m6me un gratid Scigneor , riiommo' iXcvi en dignit^s , que la fortune & fa naiffancd ont place fur le grand theitrc , & qui , en eft- ttant dans le monde , eut toutes les preventions pour lui ; vaut prefque toujours iV^oins que fa reputation s'il parvient ^ la reildre mauvaife. Une afTertionfi fimple & fi loin du farcafme , devait-elle ejtciter le murmure ? Si fon applica- tion paralt ficheufe aux Graiids peu foigneux de bur glbire , en quel fefts fait- elle epigtamme flit ceux^ qui meritent nos refpefts ? & -quelle xxxvj P R & F A C E, maxime plus jufte au Theatre y peut fervir Ae frein aux Puiffans , & tenir lieu de le^on i ceux qui n'cn recoivent point d*autres ? Non qu'il faille oublier ( a di( un Ecrivain . ftvere ; & je me plais k le citer , parce que je . fuis de Ton avis. ) u Non qu'il faille oublier , 9y dit-il J ce qu'on doit aux rangs Aleves ; il eft 9> jufte au contraire que I'avantage de la naif- 9> fance foit le moins conteft^ de tous ; parce 9^ que ce bienfait gratuit de I'her^dit^ , relatif 7> aux exploits , vertus , ou qualit^s dei aieux . 9> de qui le re9ut , ne peut aucunement blef- yy fer Tamour - propre de ceu^ auxqnels il fut., >> refufe : parce que dans une monarchie (i Ton fi 6tait les rangs intermddiaires , il y aurait 9} trop loin du monarque aux fujets ; Mentot » on n'y verrait qu'un defpote & des efclaves r . fy le maintien d'une ^chelle gradu^e du labou- f> reur au potentat , interefTe egalement les fy hommes de tous les rangs y & peut-etre eft fy le plus ferme appui de la conftitution mo* fy narchique yy. Mais quel Auteur parlait aind > qui felait cette profedion de foi fur la noblefle , dont on me fuppofe fi loin ? C'^toit PlERHE-AuGUSTIN Caron I>E BeauMARCHAIS plaidant par ecrit au Parlcment d'Aix en 1778 > une grande & f&vere queftion y qui d^cida bientot de I'hontieur P R £ F A C E. xxxvij d'un Noble & du fien. Dans I'ouvrage que je defens on n'attaque point les ^tats , mais Ics abus , de chaque itzt : les gens feuls qui s'en rendent coupables ont interet a le trouver mau- vais ; voila les rumeurs expliquces : mais quoi done , les abus font-ils devenus fi facres , qu'on n'en puifTe attaquer aucun , fans lui trouver vingt d^fenfeurs ? Un avocat c^lSbre , un magiftrat refpedable , iront-ils done s'approprier le plaidoyer d'un Bar-^ tholo , le jugement d'un Brid'oijbn ? Ce mot de Figaro fur Tindigne abus des plaidoiries de nos jours ( c'efi d^grader le plus noble inJRtUt) a bien montr^ le cas que je fais du noble metier d'avo- cat ; & mon refped pour la magiftrature ne fera pas plus fufpeft^ , quand on faura dans quelle ^cole j'en ai recherche la le^on ; quand on lira le morceau fuivant , auffi tir^ d'un moralifte , lequel parlant des Magiftrats , s'exprime en ces termes formels : u Quel homme aif^ voudrait ^ pour le plus py modique honoraire , faire le metier cruel de H fe lever k quatre heures , pour aller au Palais yy tous les jours s'occuper fous des formes preC- w crites , d'int^rdts qui ne font jamais les fiens ; 79 d'eprouver fans cefle Pennui de Timportunit^ , 99 le dugout des follicitations , le bavardage des » Flaideurs , la* monotonie des Audiences ^ la c 3 • •• xxxvMj PREFACE. 9> fatigue des d^lib^rarions' , & la contentioo 9> d'efprlt n^cefTaire aux prononc^s des Arrets , 9} s'il ne fe croyait pas paye de cette vie labo- f> rieufe & p^nible , par Teftime & la confidc- $> ration publique ? ic cette eftime eft-elle autre 9} chofe qu'un jugement , qui n'efl in^me auflf 9} flatteur pour les bons Magiftrats , qu'en rari-* 9} fon de fa rigui^r exceflive contre les mau^ i> vais ? f> Mais quel Ecrivain m'inftruifait ainfi par fes le^on^ ? Vous allez ^roire encor que c'eft PlERRE-AUGUSTlN ; VOUS Tavezdit, c'cft lui, en 1773 , dans fon quatridme M^moire , en defen-- dant jufqu'd la mort , fa trifle exigence attaqu^e par unfoi-difantmagiftrat. Je refpe&e done hau^ tement ce que chacun doit bonorer ; & je blame ce qui peut nuire* ^ Mais dans cette FoUe Journee ^ an lieu de fapper les abus , vous vous donnez des libert^s trds-reprehenfibles au Theatre : votre monologue fur-tout , contient , fur les gens difgraci^s , des traits qui paflent la licence ! ^ Eh ! croyez-vous , Meflieurs , que j'eufle un talifman pour tromper , feduire , enchainer la cenfure & Pautorit^ , quand je leur foumis mon ouvrage ? que je n^aie pas du juflifier ce que j'avais of^ ^crire ? Que fais-je dire ^ Figaro y parlant k rhomme d^plac^ ? Que Us Jottifis imprimces n'ont d^ importance ^u'aux. P R t F A C E. xxxix htux oh Von en gine le cours. Eft-ce dotic la nne v^rit^ d'une confequence dangereufe ? Au lieu de ces inquifitions pu^riles &c fatigantes , & qui feules donnent de I'imporcance k ce qui n'eii aurait jamais; fi , comme en Angleterre , on ^tait aflcz fage ici pour traiter les fottifes avcc ce m^pris qui Ics toe ; loin de fortir du vil fil- mier qui les enfante y elles y pouriraient en germane , & ne fe propageraient point. Ce qui tnultiplie les libelles , efl la faiblefle de les craindre : ce qui fait vendre les fottifes , eft la fottife de les d^fendre. Et comment conclut Figaro ? Que fans la liberty de blame r , il n^efi point d* doge flateur; & qu'iln'y a que les petits-hommes y qui redouteni les petits ecrits. Sont-ce li des hardiefTes cou- pables y ou bien des aiguillons de gloire ? dei moralit^s infidieufes , ou des maximes r^Hechies , audi juftes qu'encourageantes ? Suppofez-les le fruit des fouvehirs. Lorfqud fatisf ranger I'afF^ire avec douceur , )'ai laifT^ le mot TJrfiilines i la place ou je Pavais mis : chacun silors content 4e fpi ^ de tout I'efprit qu'il av^uC- jAv) preface, tnontr^ j s'eft appaif^ fur Urjulines , & Von M > parM d'autre chofe. Je ne fuis point , comme Pon voir ,, Pennemi de mesennemis/En difant bien du inal de mot* ik n'en ont point faic 4 ma Pi^ce ; & s'ils (en-* faienc feulement autant de joie 4 la dechirer^ que j'eus de plaifir i la faire , il n'y aurait per-> ibnne d'afflig^. Le maJheur efi qu*ils ne rient point ; Sc ils ne rient point 4 ma Ptdce , parce qu*on ne rit point 4 la leur. Je connais plufieurs amateurs , qui font meme beaucoup maigris depuis le fiiccdsdu Manage : excufons done Tefiet dc leur colore. A des moralit^s d'enfemble & de detail , ti^ pandues dans les flets d'une inalterable gait^ ; 4 un dialogue affez vif , dont la facility nous ca« die le travail , fi P Auteur a joint une intrigue ai(^ment filee > ou Part fe d^obe fous Part , qui' fe noue & fe d^noue fans cefTe j a travers une. foule de fituations comiques , de tableaux, piquans & varies qui foutiennent , fans la fiitiguer , Pattention du Public pendant les; t#ois heures & demie que dure le mdme fpefbu cle ; ( eflai que nul horn me de lettres n'avait en-%. cor ofi^ tenter ( ) que reftait-il 4 faire a de pau- vres m^chans y que tout eel a irrite ? attaquer ^. pourfuivre PAuteur par des injures verbaley V jnanufcrites , imprim^es *. e'eft' ce qu'on a fail?: PREFACE, rivfr fiuis reliche. Us one m6me ^puifci jufqu^^ la ca^ loninte , pour cicher de me perdre dans I'efpric de tout ce qui influe en France fur le repos d'un citoyen. Heureufement que mon ouvrage eft fous les yeux de la nation , qui depuis dix grands mois , le voit , le juge & Tappr^cie. Le laifler jouer tant qu'il fera plaifir , eft la feule vengeance que je me fois permife. Je n'^cris point ceci pour les ledeurs aduels ; le r^cit d'un mal trop connu , touche peu ; mais dans quatre-vingt^ ans il portera Ton fruit. Les Auteurs de ce tems-li ^ compareront leur fort au n6tre ; & nos enfant fguront i quel prix on pouvait amofer leurs p^res. Allons au fait ; ce n'eft pas tout cela qui blefte. Le vrai motif qui fe cache , & qui dan« les replis du coeur produit tous les autres repro^, ches , eft renfermd dans ce quatrain : Pourquoi ce Figaro qu^on va tant ^couter 9 £ft-ii avec furear dechire par les iocs.? Recevoir , prendre & demander / Voila le fecret tn irois mots. Eneffety i^/^^ro parlant du m^ti^r de conr*. tifan , le d^finit dans ces terme$ fifv^^s. Je n^ p^uis le nier , je I'ai dit. Mais reviendrai-je fuc^ ce point ? Si. c'eft un mal , le remdde ferait pire : il £iudrait pofer metliodiquem^nt ce quo jp n'ai fait qu'indiquer ^ reyenir i montrer qu'il ilvli} P RB fA C E, Wy a point de fynonyme en fran^ais y etittB Phomme de la Cour , Vhomme dc Cour ^ & Ic Courtifan par metier. II faudraic r^p^ter qu^homme de la Cour peinC ieulement un noble itzt : qu'il s'entend de- rhomme de quality , vivanc avec la noblelTe & r^clat que fon rang lui impofe : que fi cet homme de la Cour aitne le bien par gout y fans int^rSt ; fi > lom.dc jamais nuire a perfonne , il fe feiteftimer de fes maitres , aimer defes ^gaux ^ tc refpeder des autres ; alors cette acceptidn^ tecoic un nouv^au luflre , & j'en connais phis* d*un que je liommerais avec plaifir , s'il en ^taif queftion. - ,Ilfau(fraltniontrerqu*Ao/w;77e //^ Cottr^enbon irancais^, dft ntoins T^nonce d'un ^tat , que le r^um^ d'tm carad^re adroit y liant y mais ri-^ ierve ; preflant la main de tout le monde en gliflant cbemin 4 travers ; menant finement fon intrigue avec Fair de toujours fervir ; ne fe fefant point d'ennemis y mais donnant prSs d'un fofle , dans I'occafion , dc T^paule au meilleur ami y pour auuter fa chute & le remplacer fur la cr^te ; laifiant i part tout prejug^ qui pourrait talentir ia marche ; fouriant ^ ce qui hii deplait ^ & critiquant ce qu'il approiive ^ felon leshommes^ qui r^coutent*^: dans les liaifolis utiles dfe' f^. •- .1 *. •*.« . ^r n:: ' femme y. P Ri F AC E. femme , ou de fa maitreflTe , ne royant que ce qu'il doit voir : enfin. • , . . Prenant tout , pour le (aire court i Ea veritable homme de Cour, La Fontaikx. Cette acception n^ell pas aufli d^favorable qud celle du Courtifan par metier , & c'eft rhommd dont parle Figaro. Mais quand j'^tendrais la definition de cm dernier ; quand , parcQurant tous les poflibles |^ je le montrerais avec fon maintien Equivoque ^ haut & bas i la fbis , rampant avec orgueil ; ayant toutes les pretentions fans en juflifiet one ; fe donnant Pair du prot^gement pour fb &ire chef de parti : denigrant tous les concur-^ rens qui balanceraient foil credit ; fefant un metier lucratif de ce qui ne devrait qu'honorer ; vendant fes maitrelTes i fon maitre , lui fefanc payer fes plaifirs, &c. &c. &qu2tre pages d'&c. il faudrait toujours revenir au diftique de Figaro : Recevoir ^ prendre & demander ; yoild le Jecrct ^n trois mots. Pour ceux-ci , je n'en connais point ; il y ei^ eut J dit-on , fous Henri III^ fous d'autres Rois encor , mais c'eft Taffaire de I'hiftorien ; Sc quant i moi , )e fuis d'avis que les vicieux du fidcle en. font comme les Saints , qu'il faut cent ans pouc les canonifer. Mais puifque j'ai promis la critiqui^ ^ ma Fi^e , il faut enfin que je la donne. d 1 P R & FA CE, 1 En g^94f M (on grand d^&ut eft que je ne Pai point faitc en obfervant le monde ; quelle nepeint rien de ce qui ezijie p& ne r^ppelle jamais V image de la focietd oil Van vit ; que fes moeurs bfijffes & corrompues y n'ont pas mime k mirite d^itre Vrqies* £t c'eft ce qu'on lifait dernierement dans nn beau difcours in^primi^ » compofd par un hoaimQ de bien » auquel il n'a manqu^. qu'un peii d'efprit pour Stre un ^crivain ssidiocre. Mais , mediocre ou non y moi qui ne fis jamais vfage 4e cetro laliure oblique & torfe avec laquelle un Sbire > quf D'a pas i'air de vous regarder , vous donne du ftilec au flanc i je fuis de Favis de celm-ci. J^. conviens qu'4 la v^rit^ la generation paflHe reC? femblatt beaucoup 4 ni^ PiSce ; que la g^n^ration futuire lui reiTemblera beaucoup aufE ; mais que pour la generation priffente y elle ne lui reflembia ^ueunemeni: ; que je n'ai jamais rencontr^ ni mari lubornepi: y ni Cbigneur libertin y ni courti&a avide y ni jug^ ignorant ou paflionni y m avocat injuriAAt , ni gens m^diocres avancds , ni traduc-- teur baflement jaloux. £c que fi des ames pures , Jqui ne s'y reconnaiflenc point dn tout y s'irrinenc contre ma Pi&:e & la d^cfairent fans reiicfae ^ c^eft uniqueraent par refped pour leurs grands-* ^res y & fenfibilite pour leurs pedts r ea£ias^ l-efpdre y apres cettip declaration ,) qa'on mf» laUIera bien tranquilly > ^T j'ai fink CARACTfeRES ET HABILLEMENS DE LA PIECE. IjE CoMTE AlmavIVA doit ^tre jdu^ trds^ roblement , mais avec grace & libert^* La corru^ tibn du coeur ne doit ribri otfer au hon ton de fes manidres, Dans les maJurs de ce terns-la les Grands traitaient en baditiant t»ilte encreprife fur les fern*, mes. Ce role eft d'autant plus peftible i bien rei^dre que Ic pcrfonnage eft toujours facrifi^. Mais jou^ par tacom^dien excellent (M\Mold),i\2L kit rtiVonir taus les roles , & affurc le fucces de la Pi^ce. Son v^tement du premier & fecond Ades eft lin habit de chafle avec des bottines a mi-jambe ^ de Tancien coftuThe efpagnol. Du troifidme A&q juf- qu*i la fin , un habit fuperbe de ce coftume. ■ La Comtesse agitie de deux rentimem coh^ traires , ne doit montrer qu'une fenfibilite t^pri- ih^e , ou une colore tr^-mod(-rie ; rien fur-touc qui degrade aux yeux du fpefiateur , fon caraddre aimabfe & vertueux. Ce r61e , lin des plus difll^ ciles de la PIdce , a feit infiniment d'honneur ak grand talent de Mile. Saint-Val , cadettc. Sen v^tement du premier , fecond & quatndme Afies , eft une le'vice cotnmode , & nul ornement fur la tdte : elle eft cliez eVle &: cenfee incom- inod^e. Au cinquidme ASe ells a I'habillemeiJt & la haute coefFure de Suidniie. lij sCARACTkRE^ Figaro. L'on nc peuc trop recommander I"' r A&eur qui jouera . ce x6\% , de bien fe p^netrec de fon efpric , comme Ta fait }IL. Da^incourt. S^W y voyaic autre chofe que de la rai(on aHai* fonn^e de gait^ iSc de faillies , fur-tout s'il y mettait la moindre charge , 11 avilirait un tov^ que le premier Comique du Th^itre , M. PrfyilU » a jug^ devoir bonorer le talent de tout com^dieit ^ui faurait en faifir les nuances multipli^es , & pourrait s'dever i fon cnddre conceptioi^. Son vecement comme dans kBMrbierdcSfyiUc. SUZANKB. Jeune perfbnne adroite , fpirituelle & rieufe ; mais non de cette gait^ prefqu'effrontde de nos foubrettes corruptrices : fon joli caradere eft deflin^ dans la Preface , & c'efl-la que PAc- trice , qui n'a point vu Mile. Contat, doit I'^tu-* dier pour le bien rendre. Son vetement des quatre premiers Ades » eft un jufte blanc i bafquines ^ tres*cl<^ant y la )upe de n^me , avcc une toque , appellee depuis par nos marchandes , a la Suzanne. Dans la fete du quattidfne Ade , le Comte lui pofe fur ]a tdte une toque a long voile , ^ hautes plu- mes y & a rubans blancs. £lle porte au cinquidme Ade la li^vite de fa maitrefie , & nul ornemenc £ir la t^te. Marcelike eft une femme d'efprit , nx:e im peu vive , mais dont les fautes & Texp^rience ent reform^ le caradere. Si I'Advice qui le joue ^'iBvQ avec une fiert^ bien placee ^ A la iiauceixK JET HABILL^MENS. lilf trds-morale qui fuit la reconnaiflance du troi- fi^me ASe ; elle ajoucera beaucoup i rim^r^c erfonnages dans Pordre ou I9 IVj CAJUCThRESETHASILLEMENS. ipedateur les voic. S'ijs font quelque mouvement grave dans la Seine , il eft defign^ par un nouvel ordrede noms , ecrit en marge i Tinfianc qu'il arrive. II eft important de conferver les bonnes pofitions th^atrales ; le relicbement dans la tra- dition donn^ par les premiers Adeurs , en pro^ ^ duit bientot un total dans le jeu des Pieces , qui finit par affimiler les troupes negligentes aux plus fiubles com^diens de Soci^c^. Lu & approuvi y It z% Janvier 1785, B&ET. Vu PApprohation y pcrmis iTimprimer ^ ce 31 Janvier 17*^. LENOIIL U» LE MARIAGE r>E FIGARO PE RSO NNAGES. LE COMTE ALMAVIVA, Grand Conigldpr XAndalouJu M. Mol^. LA COMTESSE,\/i fimmc. . . M"* Saint-Val. FIGARO , f^aUt^dC'Ckambrc du Comtt , & concierge du chateau M. d'Azincourt. SUZANNE, premiere camarijic dt la Comtejfcj & fiancee de Figaro M"* Con tat* MASXMLit^^ y Femme de charge. . . Mad. Bellecourt, & enfuite M"' la Chaffaigne* ANTONIO , Jardinier du chateau , oncte dc Suzanne , & plre de Fanckette. . • M. Belmont, FAN CHETTE, filU d^ Antonio. . . . M"« iJxxrenu CHtRVBlN J premier page du Comte. . . M"* Olivier. BARTHOLO, Mededn de Seville. . . . M. Defeffarts. B AZILE , Maitre de clavecin de la Comf^ M. Vanhove. DON GUSMAN BRID'OISON, Lieutenant du Siege M. Preville^ & enfuite M. Dugazon. DOUBLEMAIN, Grefficr ^ fecretaire de Don Gufman M. Marfy. UN «UISSIER AUDIENCIER. . . M. la Rochelle. GKIWE-SOVSXL^ jeune pdtoureau. M. Champville. UNE JEUNE BERGfeRE M^^ Dantien PEDRILLE, Piqueur du Comtt. '. . M. Florence* Person NAGEs m u e t s. TROUPE DE VALETS. TROUPE DE PAYSANNES. TROUPE DE PAYSANS. La Seine ejl au Chateau d'Aguas^Frefcas^ a trois lieucs dc Seville^ LA FOLLE JOURNEE, o u IE MARIAGE DE FIGARO. ACTE PREMIER. Lt Theatre repriferue ttne chambrf i demi dimcuUU .* un grand fauuuil de malade ejlau milieu, FiGARO, avec unt toife ,mefure It plancher, SvZAtiiiE attache a fa tett , devant une glace , le petit bouquet de fieun d'srange , appelU Ckapeau de la MarUe, SCtNE PREMIERE. FIGARO, SUZANNE. Figaro. X-Zix-NEUF pieds fur vingt-fijc Suzanne. Q5ens , Figaro-, voiltl mon petit Chapeau : "trottyes-tu mieux alnfi ? " y- A » 4 LE MARIAGE DE FIGARO; Figaro ltd prcnd Ics mains. Sans comparaifon , ma charmante. O ! <]ue ce joli bouquet virginal , eUve fur la tSte d'une belle fille , eft doux , le matin des noces ^ k I'c^ amoureux d'un epoux ! • • . • Suzanne fc retire. Que mefures-tu done Iky men fUs? Figaro. Je regarde , ma petite Suzanne » fi ce beau lit que Monfeigneur nous donne , aura bonne grace id. Suzanne. Dans cette chambre? Figaro; U nous la cede. , S u z a N N e; £t moi je n'eo veux pomt. Figaro. . Pourquoi } S U Z A N N E, Je n'en veux point. Figaro. w Mais encor? S u z A N N St EUe me deplait. Figaro* On dit une raifon^ ACTE PREMIE R, ^ Suzanne. Si je n'en veux pas dire? Figaro^ O! quand elles font fures de nous! S tr Z A N N E. Prouver qiie j*ai raifon, feroit accorder que je puis avoir tort, Es-tu mon ferviteur , o\x nqn ? « F I G A R,0. Tu prens de Thumeur contre la chambre du chateau la plus commode, & qui tient le milieu des deux appartemens. La nuit , fi Madame eft incommodee 9 elle fonnera de fon eote ; zefte ^ en deux pas , tu es chez elle.* Monfeigneiir veut-il quelque chofe? il n*a qu'^ timer du fien; crac, ^ trois fauts me voil^ rendu. Suzanne. Fort bien ! jnais , quand il aura nnte le matin,' pour te donner quelque bonne & longue com- miiCon; zefte ^ en deux pas il eft a ma porte> & crac , en trois fauts Figaro. Qu*entendez-vous par ces paroles? Suzanne, n faudrait m^ecouter tranquillement. Figaro. Eh ! qu'eft-ce qu^il y a ? Bon t)ieu ! •Suzanne. n y a , mon ami , que , las de courtifer Ie« beaut^s des environs^ monfieiir le Comte Almavi C LE MARIAGE DE HGARO, veut rentrer au chateau, tnais non pas chez fk femme ; c*.eft fur la tienne , entends-tu , qu'il a fet6 fes vues , auxquclles il efpere que ce logement ne nuira pas. Et c^eft ce que le loyal Bazile ^ honnSte agent de fes plaifirs , & mon noble maitre ^chanter, me repete chaque jour, en me donnant le^on, Figaro. Bazile ! 6 mon mignon ! fi jamais vol^e de bois vert appliquee fur une echine , a duement redreffe la moeile epiniere a quelqu'un S U Z A N. tt-E.* Tu croyais , bon gar^on ! que cette dot qu*on me donvie etait pour les beaux yeux de ton merite } Figaro. Tavais affez fait pour I'efp^rer, S U Z A K N B. Que les gens d'efprit font betes I Figaro. On le dit. Suzanne. Mais c'cft qu'on ne veut pas le croire* Figaro. On a tort. Suzanne. Apprens qu'il la deftine i obtenir de moi,' fecretement , certain qua.rt-d'heure , feul c^ feule , ^'un ancien droit du Seigneur. ... • Tu fais s'il i^ait trifle I ACTE PREMIER; 7 Figaro. Je Ic fats tellement que , $ nionfieur le Comte en fe mariant , n'eut pas aboli ce droit honteux, jamais je ne. t'eufle epoufee ^n% fes domaines. S U Z A N H E. « He bien !^ s'il Ta detriiit , it s'en repent ; & c'eft it ta fiancee qu'il veut le racheter en fecret aujourd'hui. Figaro fe frottant la tiu. Ma t8te s^amoUit de furprife ; & mon front fertilif^ S U z A j!l K E. Ne le frotte done pas I Figaro; Quel danger? Suzanne riant. S'il y venait un petit bouton y des gens fuperftitieux Figaro. Tu ris , fripponne ! Ah ! s'il y avait moyen d'attraper ce grand trompeur , de le faire donaer dans un bon pi^ge ^ & d'empocher fon. or ! S U Z A K K E. De rintrigue 9 & ^ I'argent ; te voili dans [ta fph^re. ' . " F I # A R. o. Ce n'eif pas la honte qui me retient A 4 .. V (. S LE MARIAGE DE FIGARO; Suzanne. La cralate? F I G A K o. Ce n'eft rien d*entreprendre une chofe cba- ;ereufe ; mais d'echapper au p^ril en la menant bien : car , d'entrer chez quelqu'un la nuit y de lui fouffler fa femme , & d'y recevoir cent coups de fouet pour la peine, il n'efi rien plus 2i(6; mille fots coquins Tont fait. Mais. •••.«• ( on fount de timirUur. ) Suzanne. Voili*MadameeveilIee; elle m'a bien recom- mande d'etre la premiere k lui parler le matin de mes noces. Figaro. y a-t-il encor quelque chofe li-deffous? Suzanne. le berger dit que celaporte bonheur aux ^pouf&s delaiffees. Adieu , mon petit fi , fi , Figaro , rSve k notre affairs. F I G A E O. Pour m'ouvrir I'efprit^ donne un petit baifer^ Suzanne. A mon amant aujourd'hui ? Je t'en fouhaite ! Et qu'en dirait demain mon mari ? Figaro ttmbrajfc^ Suzanne. He bien ! he bien !" . F I <; A E b; Ceil que tu n'as pas d'idee deinon akour.. ■^ ACTE PREMIER; 9 SvZAtVNE ft difrippanu Quand ceflerez-vous , impartun y de m'en parler du matin au foir ? Figaro myfierUufement* Quand )e pourrai te le prouver , du jfoir jufqu'au matin. ( On fonnc unt fecondcfois^) Suzanne de loinyks doigts unisjurfa bouehe: Voil^ votre baiiier, Monfieur; je n'ai plus rleti i vous. Figaro $ottn apAs dU. O ! mais ce n'eft pas ainfi que vous Tavez reju. •OflSBBBSEBBkaOBBBBSSS s c i. ^ E II. F I G A R. O fmL JL A charmante fille ! toujours riante , verdifTante i pleine de gaiete , d'efprit , d^amour & de d^lices ! mais fage! ( il marchc vivcment en ft frot^ tant Us mains. ) Ah , Monfeigneur f Mon cher Monfeigneur ! vous voulez m'en donner ^garder ? ]e cherchats aufE pourquoi m'ayatit nom- ine concierge ^ il m'emm^ne \ fon amb^ifade , & m'^tablit courier de depSches. Tentens , Monfieur \t Comte : trois promotions ^ la fois ; vous , com- pagnon Miniftre ;mQi9 Caffecou politique , & Suzon, Dame du lieu , rAmbaffadrice de poche , & puis fouette courier ! pendant que je galoperais a un cote , vous feriez'feire de Tautre ^ ma belle un |o& cnemin ! me crottant > m'ecfaioant pourla^oire JO LE MARIAGE DE FIGARO; de votre famille ; vous ^ daignant concourir k Tae- croiffement de la tnienne ! quelle douce reciprocity ! Mais , Monfeigneur, ilya de Tabus. Faire k Londres, en meme- terns , les aflaires de votre Maitre, & celles de votre Valet ! reprefenter ^ kh fois , le Roi & tnoi , dans une Cour etrangere , c'efl trop de moitie , c'eft trop* — Pour toi, Bazile ! frippon mon cadet ! Je veux t'apprendre k clocher dftvant les boiteux; je veux non , diflimulons'avec cux, pour les enferrer I'un par Tautre. Attention fur la journee , monfieur Figaro ! d'abord avancer rheure de votre petite fSte, pour ^poufer plus f&rement; ccarter une Marceline, qui de vous eft friande en diable ; empocher Tor & les pr6- fens ; donner le change aux petites paOions de monfieur b Comte ; etriller rondement monfieur du Bazile &c .i II 1 sSSM^rr S C £ JV E III. MARCELINE, BARTHOLO, FIGARO. Figaro s^inttrrompt. . . . . JlIeee^ , voili le gros Dofteur , la fBte fera complette. He, bon jour, cher Dofteur de mon coBur. Eft-ce ma noce avec Suzon qui vous attire au chateau ? BartHO'LO avzc didain. Ah , mon cher Monfieur , point du tout. ' F I G A R o, C^ ferait bien genereux ! 'a C T E PREMIER. »« Bartholo. Certainement , & par trop fot, Figaro. Moi qui eus le malheur de troubler la y6tre ! Bartholo. Avez-vous autre chofe k nous dire ? Figaro. * On n'aura pas pris foin de votre mule ! Bartholo €71 colin. Bayard enrag^ ! laiflez-nous. Figaro. Vous vous fachez , Dofteur ? les gens de votre ^tat font bien durs ! pas plus de pitie des pauvres animaux^.... en y^rite que fi c'^tait des hommes ! Adieu , Marceline : ayez-yous toujours eityie de plaider contre moi ? Pour liaimtr pas , faut^il quon fc hujft} Je m'en rapporte au Dofteur ? Bartholo. Qu'eft-ce que c'eft ? Figaro. EUe yous le contera de refte, ( // fort. ) c S C t N E IV, MARCELINE, BARTHOLO, Bartholo h regarde aller. lE drole eft t6u)ours le mSme ! & k moins qu'on ne Tecorche vif , ie predis qu'il mourra dans h peau du plus fier iniolent .... f ria LE MARIAGE DE FIGARO, • MarcELINE k rttoumt, Enfin vous voila done , ^ternel Dofteur? toujours {i grave & compafl(f , qu'on pourrait mourir en attendant vos iecours j comme on s*e(l marie jadis ^ malgre vos precautions. Bartholo. Toujours amere & provoquante ! He bien , qui rend done ma prefence au chateau fi neceffarre ^ Monfieur le Comte a-t-il eu quelque accident ^ Marceline. ; Non, Dofteur. Bartholo. La Rofine , fa trompeufe Comteffe , eft-elle in* conmiodee, dieu-merci? Marge LIN E, Elle languit. Bartholo* Et de quoi ? Marceline: Son mari la neglige. Bartuolo avtc joic^ Ah , le dighe epoux qui me venge ! Marceline. On nc fait comment definir le Comte ; il eft jaloux , & libertin. B A R T H O L O. , Libertin par ennui , jaloux par vanit^ } cela va lans dire. A C T E P R E M I E JL t j Marceline. Aujourd'hui , par exemple j il marie notre Su*- zanj^ k fon Figaro qu'il comble en fayeur de cette union Bartholo. Que fon Excellence a rendue n^ceflaire ! Marceline. Pas tout a fait; mais dont fon Excellence voudrait ^yer en fecret Tev^nement avec Tepoufee ...••' Bar t h o l o. De monfieur Figaro ? c'eft un marche qu'on peut condure avec lui. /\y^^^' Marceline. fiazile afiure que non. Bartholo. Cet autre maraut loge ici ? Ceft une caverne I H^ qu'y fait-il? Marceline. Tout le mal dont il eft capable. Mais le pis que j'y trouve , eft cette ennuyeufe paffion qu'il a pour moi, depuis fi long-tenu. Bartholo. Je me ferais ddbarraflee vingt fois de fapourfuite^ Marceline. De quelle maniere } Bartholo. En r^poufanti -K4 I-E MARIAGE DE FIGARO, Marceline. Railleur fade & cruel , que ne vous debarrafTez- vous de la mienne k ce prix ? ne le devez^yous pas ? oil eft le fouvenir de vos engagemens ? qu'eft devenu celui de notre petit Emanuel, ce fruit d'un amour oublie , qui devait nous conduire k des noces } Bartholo Stone fan chaptau. Eft-ce pour ^couter ces fornettes , que vous m*a- vez fait venir de SMUe ? & cet acc^ d'hymen qui vous reprend ii vif. Marceline, Eh bien ! n'en parlous plus. Mais fi rien n'a pu vous porter k la juftice de m'dpoufer , aidez-moi done du moins k en ^poufer un autre. Bartholo. Ah ! valontiers : parlons. Mais quel mortel aban« donne du ciel & des femmes ? • . . • Marceline. Eh ! qui pourrait-ce etre , Dofteur , finon le beau y le gai , I'aimable Figaro } Bartholo^ Ce frippon-li ? Marceline. Jamais fSche , toujours eri belle humeur; don- rant le pr^fenta la joie, & s'inquietant de Tave- nir tout auffi peu que du pafle; femiUant, g^no- reux! genereux, « • • • • ACTE PREMIE IL Bartholo. Comme un voleur. AiARCKLINE. Comme un Seigneur. Charmant enfin ; inais c'eil le plus grand monilre ! B A R T H O X 0« £t fa Suzanne? Marcelins. Elle ne Taurait pas la rufee^ fi rous vouUez m'aider ^ mbn petit Do£^eur , k faire valoir ua engagement que j'ai de lui. B A R T H O L 0« Le jour de fon manage? M A R C £ L I N E; On en rompt de plus avances : & fi je ne craignais d^eventer un petit fecret des femmes ! • /• ; Bartholo. En ont-elles poiu* le m^decin du corps ? Marceline. Ah , vous favez que je n'en ai pas pour vpus ! Mon fexe eft ardent , mais timide : un certain charme a be^* nous attirer vers le plaifir, la femme la plus avanturee fent en elle une voix qui lui dlt : Sois belle fi tu peux^ fage fi tu veux ; mais fois confider^e , il le faut. Or , puifqu'il faut ^tre au moins confideree ; que toute femme en fent Timportahce ; effrayons d'abord la Suzanne fur la divulgation dCs offres qu'on lui fait. 1 t t6 LE MARIAGE Dfi FIGARO; Bartmolo. Oil cela meneni*t-il ? Marceline. Que la honte la prenant au collet ^ elle conti* nuera de refiifer le Comte , lequel pour fe venger , appuiera Toppoiition que j'ai faite ^ fon mariage ; alors le mien devient certain, Barthoio; Elle a raifon. Parbleu , c'eft un bon tour que de faire ^poufer ma vieille gouvernante , au coquin qui fit enlever ma jeune maitrefie. Marceline, vUt. Et qui croit ajouter ^ fes plaifirs 9 en trompant mes elperances. Bartholq, VitU Et qm m'a vde dans le terns , cent ^ctis que I'ai fur le coeur. Marcelinb; Ah qudle vdupt^! • . . • B A R T H O I OJ De punir un fc^lerat Marcelike. De Tepoufer , DoSeur , de ripouferl sckNE r^ A C T £ P R E M I fe R. if S C B N E F, MARCELINE, fiARTHOLO, SUZANNE* • Suzanne, un bonnet de femme avec un large ' niban dans la main , unc robe de femme fur le bras. X-i'Et>ousER!»repoiifer ! qui done? mon Figaro? MARCELINE5 aigremene* Pourquoi non ? Vous I'epotifez bien! BartHOLO, rianti Le bon argument de femme en colere ! nous parlions , belle Suzon y du bonheur qu'il aura de vous^ poffeder. M A R C £ L i N E. Sans cofnpter Monfeigheur dent on ne parte pas; SuzANNE) une- reverence^ Votre fervante , Madame ; il y a toujours quelque chofe d'amer d^s vos propos. MARCEtlNE, une rivermcei Bien la votre , Madame ; dii eft done ranter- tiime? n*eft-il pas jufte qu'un liberal Seigneuif partage un peu la joie qu'Il procure i fes gens? Suzanne. Qull procure ? M A H c £ L I N e; Ouiy Madame^ B iS LE MARIAGE DE FIGARO; Suzanne. Heureiifement la jaloufie de Madame eft auffi connue , que (es droits fur Figaro font legers. MARC£LIN£. On eut pu les rendre plus forts , en les cimentant ^ la faf on de Madame. Suzanne. Oh cette fa^on , Madame , eft celle des Dames favantes. Marceline. Et Tenfant ne Teft pas du tout ! Innocente comme un vieux juge ! Bartholo, attirant Marcclim. « Adieu , jolie fiancee de notre Figaro. Marceline, unc rivinnu. Uaccordee fecrete de Monfeigneur. Suzanne, um rivinnce^ Qui vous eftime beaucoup , Madame. Marceline, unc reverence. Me fera-t-elle aufli Thonneur de me cherir un peu , Madame ? Suzanne, unc rMrence. A cet egard , Madame n'a rien k defirer. Marceline, une reverence. Ceft une fi jolie perfonne que Madame! Suzanne, une reverence. Eh mais affez pour defoler Madame. A C T E PREMIER. i$ ^ Marceline, unc rivirenu* Sur-tout blen refpedable! Sls^ZANNE, unc rivirenui Ceft aux duqgnes k Tetre. Marceline, outrk. Aux duegnes ! aux duegnes ! Earth OLO Vanitantl Marceline ! M A R C E L I N E. AUons , Dofteur ; car je n'y tiendrais pas; Bon jour, Madame, {^unt reverence.^ laO^sesersss SCENE FL Suzanne feule. y\.LLEZ, Madame! allez, pedante ! je crains auffi peu vos efforts , que je meprlfe vos outrages. — Voyez cette vieille Sybille! parce qu'elle a fait quelques etudes , & tourmente la jeuneffe de Madame , elle veut tout dominer au chateau I { £lle jtttt la robe qu\lh tient , fur unc chaife.y Je ne iais plus ce que je venais prendre. 9 :« 20 LE MARIAGE DE FIGAHO, SCENE VIL SUZANNE, CH6RUBIN. Cherub IN accouranu J\H , Suzon ! depuis deux heures j'epie le moment de te trouver feule. Helas ! tu te maries , & xnoi je vais partir. Suzanne. Comment mon manage eloigne-t-il du chateau te premier p^e de Monfeigneur ? Cherubin pitaifemem. Suzanne , il me renvoie. Suzanne U contnfait. Cherubin, quelque fottife! Cherubin. . II m'a trouve hier au (bir chez ta coufinc Fanchette , k qui je fefais repeter fon petit role d'innocente , pour la fete de ce foir : it s'eft mis dans une fureur, en me voyant!— 5'oitrine a^itee; mon coeur palpite au feul afpeft d'une femme ; les mots amour & volupte le font treff&illir & le troublent. Enfin le befoin de dire A g^uelqu'un je vous aime ^ eft devenu pour moi fi preffant , que je le dis tout feul , en courant dans le pare , k ta maitrefle , A toi , aux arbres , taux nuages , au vent qui les emporte avec m^s paroles perdues.— Hier je rencontrai Marceline..«« StJZANNE, riant. Ah , ah , ah , ah ! CnilRUBIN. Pourquoi non ? elle eft femme ! elle eft fille! Vine fille ! une femme ! ah que ces noms ioxit doux ! qu'ils font intereflans ! S* U Z A N N E, U deyient foil J I J A C T E PREMIER; 13 Cherubin. Fanchette eft douce; elle* m'ecoute au moins; tu ne Yes pas , toi ! Suzanne. Ceft bien dommage; ^coutez done Monfieur! [Elk veut arrachir U ruban.) Cherubin eoarnc en fuyant. Ah ! oiiiche ! on ne Taura , vois-tu , qii'avec ma vie. Mais , fi tu n'es pas contente du prix , j'y joindrai mille baifers. ( // lui donnc chajfc a fon tour. ) Suzanne tournc en fuyant. Mille foufflets , fi vous approchez. Je vais m'en plaifidre k ma maitrefie ; & , loin de fupplier pour vous , je dirai moi - meme k Monfeigneur : Ceft bien fait, Monfeigneur; chaffez-nous ce petit voleur; renvoyez k fes parens ua petit mauvais fujet qui fe donne les airs d'aimer Madame , & qui veut toujours m'embraffer par contre-coup. Cherubin voit le Comte emnr ; il fe jette derriire le fauteuil aycc effrou Je fuis perdu. Suzanne. Quelle frayeur? B4 %4 L^ MARIAGE DE FIGARO; mm s c B N E nil, SUZANNE , LE COMTE , CHfeRUBIN cache* Suzanne apper^oit k Comu» /X H ! • 4 {ElU s^approche du fauteuil pour mafqucr Cheruiin.) L £ C O M T E iavancc^ Tu es emue , Siizon ! tii parlais feiile , & ton petit coeur parait dans une agitation bien pardonnable ^ au refte , iin jour comme celui-ci. Suzanne, trouMu. Monfeigneur , que me voulez-vous } Si Von vous trouvait avec moi L E C O H T E, Je ferais defole qu'on my furprit ; mais tu fais tout rinteret que je prens a toi. Bazile ne t'a pas laiffe ienorer mon amour. Je n'ai qu'un inft^t pour texpliquer mes vue$; ecoute. (// ^aj^i 4ans le fautcuiL ) Suzanne vmrncm.. Je n'ecoute rien, L e C O M T E lui prend la main, Un feul mot. Tu fais ^ue le Roi m'a nommd fon ambaffadeur a Londres. J'emmene avec moi Figaro: je lui donne un excellent pofte; & comm^ le devoir d'une femme eft de iuivre ion in9ri.,i.* k. . A C T E P R E M 1 E R^ aj Suzanne, Ah, fi j'ofais parler! Le Comte la rapprocht dc lui, Parle, parle,'ma chere; ufe aujourd'hui d'un droit que tu prens fur moi pout la vie. Suzanne, efrayee. Je n'en veiix point , Monfeigneur , je n'en veux point. Quittez-moi , je vous prie. L E C O M T E. Mais dis auparavant. SyzANNE, en colire. Je ne fais plus ce que je difais, L E Comte, Sur le devoir des femmes. Suzanne, Eh bien ! lorfque Monfeigneur enleva la fienne de chez le Dofteur , & qu u Tepoufa paf amour ; lorfqu'il abolit pour elle un certain affreux droit du Seigneur. . • . • « Le Comte, ^aiemtnu Qui fefait bien de la peine aux filles ! ah Siizette , ce droit charmant ! Si tu venais en jafer fur la brune au jardin, je mettrais uri tel prix k cette legere favejur B A Z I L £ parte en dehors^ D rfeft pas chez lui , Monfeigneur. Le Comte ys Uv€. Quelle eft cette voix? L i6 LE MARTAGE DE FIGARO, S U Z A K N £• Que je fills malheureufe ! L E C O M T E. Sors J pour qu'on n'entre pas* Suzanne, troublic. Queje voas laifle ici? B A z I L £ crie en dehors. Monfeigneur etait chez Madame , il en eft forth Je vais voir. L E C O M T E. Et pas un lieu pour fe cacher ! ah ! derri^re ce fauteuil afTez mal , mais renvoie-le bien vite. Suzanne lui bane U chcmin , // la poufft doucement , elle recuU 9 & fe met ainfi entre lui & U petit Page; maif pendant que le Comte sahaijfe & prendfa place , Cherubin tourne & fe jette effraye fur U fauteuil a genoux ^ & s^y blottit. Su[anne prend la robe quelle apportait^ en couvre le Page ^ & fe met devant le fauteuiL S C t N E IX. LE COMTE & CH6RUBIN cach&. SUZANNE, BAZILE. B A Z I L E. IN'auriez-vous pas vu Monfeigneur , Mademoifeile ? Suzanne, brufquement. He pourquoi Taurais-je vu? Laiffez-moi. ACTE PREMIER. 17 B A Z I L £ s*approche. Si vous ^tiez plus raifonnable, U n'y aurait rien d'etonnant k ma queftion. Ccft Figaro qui le cherche. Suzanne. II cherche done Thomme qui lui veut le plus de mal apres vous ? Le C0MTE9 a part. Voyons un peu comme il me fert. B A Z I L E. Defirer du bien k une femme, eft-ce vouloir du mal a fon mari? Suzanne. Non , dans vos affreux principes 9 ageat de corruption. B A z I L E. Que vous demande-t-on ici que vous n'aUiez prodiguer k un autre ? grace a la douce ceremonie, ce qu'on vous defendait hier , on vous le prefcrira demain. S U Z,A N N E. Indigne ! B A z I L E. De toutes les chofes ferieufes , le mariage 6iznt la plus boufFonne , j'avais penfe S V Z Ai N N £ outrie* Des horreurs. Qui vous permet d*entrer ici? B A z I L E. Li , li , mauvaife ! Dieu vous appaife ! il n'en fera que ce que vous voulez : mais ne croyez pas non plus que je regarde monfieur Figaro comme Tobilacle qui nuit a Monieigneur i & fans le petit x8 LE MARIAGE DE FIGARO; Suzanne^ timidtmtnt. Don Ch^nibin ? B A Z I L E la contrefait, Cherubino di amorc ^ qui tourne autour de vous fans cdTe , & qui ce matin encor , rodait ici pour y entrer, quand je vous ai quitt^ej dites que cela n'eft pas vrai ? Suzanne. Quelle impofture ! allez - vous - en , m^chant homme ! B A Z I L E« On eft un mechant homme , parce qu'on y voit clair. N eft-ce pas pour vous auffi cette romance dont il fait myftere? Suzanne, en colire. Ah! oui> pour moi! B A z I L £• A moins qu'll ne lait compofee pour Madame! en effet , quand il fert k table on dit qu'il la regarde avec des yeux ! mais pefte , qu'il ne s'y joue pas ; Monfeigneur eft brutal fur Particle. Suzanne, outHt. Et vous hien fc^lerat, dialler femant dc pareil^ bruits , pour perdre un malheureux enfant tombe dans la difgrace de fon maitre. B A Z I L £• L'ai-je invente ? Je le dis y parce que tout le monde en parle. Le Comte ft live. Comment, tout le monde en parle? ACTE PREMIER, Suzanne. 19 B A Z I L £* Ah del! Ha, ha! L £ C O M T E. Courez, Baidle, & qu'on le chaffe. B A Z I L E. Ah, que je fuis fache d*etre entre ! Suzanne, troubUc^ . Mon dieu ! Mon dieu ! Le CoMTE>a Ba:iile. £lle eft faifie. AiGfeyons^la dans ce fauteuiU Suzanne U ttpoufft viv^mmu Je ne veux pas m'affeoir. Eatrer ainfi librement; c'eft indigne! L e C o m t e. Nous fommes deux avec toi , ma chere* U n'y a plus le moindre- danger. • * B A Z I L E. Moi pe fuis defole de m'etre egaye fiir le Page, puifcpe vous Fentendiez; je xitn ufais ainfi, que pour penitrer fes fentimens; car au fond.,.. t, E C O M T eJ Ch^rubm Aans Itfau^ ttuiU Le CotBte* ■ $uzanne« • • • Cinquante piftoles, im cheval, & qu'on le renvoie ^ fes parens. ... . B A Z I L E. Monfeigneur , pour un badinage? \ JO LE MARIAGE DE FIGARO; L E C O M T E. Un petit libertin , que j'ai furpris encor hier « avec la fiUe du jardinier. B A z I L e; Avec Fanchette? L E C O M T E. Et dans fa chambre. S u z A N N E 9 outric. Oh Monfeigneur avalt fans doute affaire aufli i Le Comte, gdiemene. Ten aime aflez la remarque. B A z I L £• Elle eft d'un bon augure. Le ComtE, gaiement. Mais non ; j'allais chercher ton oncle Antonio \ mon ivrogne de jardinier , pour lui donner des Ordres. Je frappe, on eft long-temps k m'ouvrir; ta confine a Tair empetre,'je prens un foup9on^ je lui parle, &, tout en caufant, j 'examine. II y avait derriere la porte une efpece de rideau , de porte-manteau , de je ne fais pas quoi , qui couvrait des hardes ; fans faire femblant de rien , ^e. vais doucement, doucement lever ce rideau, {pour imiur le gefte y il live la robe du fauteuily^ & je vois ( 7/ appcrgoit It Page^ Ah. .... Suzannt. ^^ Ch^rubin U A Z I L E. dansUfau-^ Ha, Ha! LeComte. ^^ C O M T B, Ba^ Ce tour-ci vaut I'autre, A C T E PREMIER: jf B A Z I L £• Encor mieux. Le Comte, a Su:(annel A merveilles , Mademoifelle : k peine fiancee vous faites de ces apprSts ? C'^tait pour recevoir mon Page , que vous defiriez d'Stre feule ? Et vous, Moniieur , qui ne changez point de conduite , il vous manquait de vous adrefler , fans refped pour votre iharraine , ^ fa premiere camarifte , ^ la femme de votre ami ! mais je ne foufFrirai pas que Figaro , qu'un homme que f eftime , & que faime, foit viftime d'une paroille tromperie* Etait-il avec vous , Bazile } Suzanne outree. • II n'y a tromperie , ni vidime ; il ^tait la lorfque vous me parliez. L E Comte tmportL Puiffes-tu mentir en le difarit ! fon plus cruel ennemi n oferait lui fouhaiter ce malhemv Suzanne. n me priait d'engager Madame ^ vous demander fa grace. Votre arriv^e Ta fi fort trouble , qu'il s'eu mafque de ce fauteuih Le Comte en coten. Rufe d'enfer ! je m'y fuis affis en entrant* Cherubjn. H^las , Monfeigneur , f etais tremblant derri^re. L E Comte. Autre fourberie ! je viens d? m'y placer moi-; cieme* 31 LE MARIAGE DE FIGAftO, CniRUBiN. Pardon , mais c'eA alors que je me Tuis bbtti dedans. L E C O M T E plas outri. C'eft done une couleuvre , que ce petit. ferpent-li ! il nous ecoulait ! C H £ R U » I N. Au contraire , Monleigneur , j'ai fait ce que j'iu pu pour ne riea entendre. L E C O M T E. O perfidie! {a Su^annt.') Tu n'epouferas pas Figaro. B A Z I L E, Contenez-vous , on vient. X.E CoMTE, tirant Cheruhln dttfaumtil^ 6* U mtuant fur fes p'tcds. II refterait-lk devant toute la terre ! SCi:NE X. , A C T E PREMIER. jj le ■■■■■ *" =^a&^a^s "^ ■ ■ ' t^ ', . .J » s c i: N E X. CHERUBIN , SUZANNE, FIGARO^ LA COMTESSE, LE COMTE, FANCHETTE, BAZILE. Beaucoup de Valets , Payfannes , Payfans vetus en habits de fete, Figaro tenant une toque de femme , garnic de plumes blanches & de rubans blancs y parlc a la Comtejje. It n'y a que voiis , Madame , qui puifljez nouf obtenir cette faveur. La Comtesse. Vous les voyez , monfieur le Comte , ils me fuppofent un credit que je n'ai point : mais comme Jeur demande n'eft pas deraifonnable L E Comte embarrajfi. II faudrait qu'elle le fut beaucoup ; Figaro bas a Sus^anne^ Soutiens bien mes efforts, Suzanne bas a Figaro^ Qui ne meneront k rien. » Figaro bas. . Va toujours. e \ 54 LE MARIAGE DE EIGAROi LeComte a Figaro Que voulez-vous? Figaro; Monfeigneiir , vos vaflaiix touches de rabolition d*un certain droit fScheux , qfie voire amour pour Madame. . . • .v L E C O M^T E. H6 bien, ce droit n'exifte plus , que veux-tu dire? Figaro maU^nUnt. Qu'il eft bien terns que la vertu d un fi bon maitre eclate ; elle m'eft d'un tcl avantage aujour- d'hui , que je defire etre \t premier k la celebrer k mes noces. L E C O M T E plus cmbarrajfi. Tu te moques , ami ! Pabolition d un droit honteux , n*eft que Tacquit d'une dette envers rhonnetete, Un Efpagnql peut vouloir conquerir la beaut^ par des loins ; mais en exiger le premier, le plus doux emploi , comme line fervile rede- vance; ah , c^eft la tyrannie d'un Vandale^ & non le droit avoue d'un noble Caftillan. F I G A R O unant Suzanne par la main. Permettez done que cette jeune creature, de I i votre fageffe a preferve Fhonneur , re^oive e votre main publiquement , la toque virginale, ornee de plumes & de rubans blancs, fymbole de la puret6 de vos inteq^tions : — adoptez-en la cer«- monle pour tous les manages , & qu'un quatrain chante en choeur , rappelle ^ jamais le fouvenir..** r ACTE PREMIER; 3j Lb C O M T 9 mbarrajft. Si je ne iavais pas qu'amoureux , poete &L muficien , font trois titres aindulgence pour toutes ks folies Figaro. Joignez-vous ^ moi , mes amis. Tons enfcmble^ Monfeigneur ! Monfeigneiir ! Suzanne au Comte; Poufquoi fuir un eloge que vous meritez fi bien? Le Comte a paru La perfide! Figaro. Regardez-la done , Monfeigneur ; jamais plus jolie fiancee ne montrera la grandeur de votre facrifice. Suzanne. Laiffe-1^ ma figure , & ne vantons que fa vertu;. Le Comte a part. C'eft un jeu que tout ceci. . La Comtesse. Je me joins ^ eux , raonfieur le Comte ; & ctW^ ceremonie me fera toujours chere , puifqu'elle doit fon motif a Tamour charmant que vous aviej pour moi. L E C 0> M T E. Que j'ai toujours 9 Madame j & c'eft a ce titra que je me rends. ' R E M I E R. 53; T E tmbarrajji, M T E s s e; eter? I N iw Cemte. .. la condiiite , il eft vraj , ais la moindre indifcreuon T % viyement, *ez ; tout \e monde exige rde , & j'irai plus loin, ignie dans ma Icgton. enfemblt. 1 qu'il partita fur le champ,' gne. A R O. lemain. UTE injifitt 1, U B I N. 3« LE MARIAGE DE FIGARO, Tous cnfcmbU* Vivat ! Le Comte a part. Je fills pris. {haut) Pour aiie la ceremonie efit un peu plus d'^clat , je vouarais feulement qu*on . la remit k tantot ( a part ) Fefons vlte chercher . Marceline. Figaro a Chiruhln. Eh bien , efpiegle ! vous n applaudiffez pas ? Suzanne. II eft au defefpoir , Monfeigneur le renyoie. La Comtesse. Ah ! Monfieur , je demande fa grace. L E Co M T E. 4 n ne la tnerite point. La Comtesse^ Helas ! il eft fi jeune ! L E Comte. *-Pas tant que vous le croyez. Chi&RUBIN tremhlant. Pardonner genereufement , n'eft pas le droit du Seigneur auquel vous avez renonce en epoufant Madame. La Comtesse. D n'a renonce qu'a celui qui vous afBigeait tous. Suzanne. Si Monfeigneur avoit c^de le droit de pardonner, ce ferait furement le premier qull voudrait racheter en fecret. ACTE PREMIER; 57 L E C O M T E embarrajjc. Sans doute. La Comtesse; Eh pourquoi le racheter? XHherubin au Comte. Je fus leger dans ma conduite , il eft vraj , Monfeigneiir ; mais jamais la moindre indifcreiion dans mes paroles. L E Comte cmbarraJfL Eh bien , c*eft affez Figaro. Qu'entend-il ? L E Comte vivtmtnu C'efl: affez, c'eft affez; tout le monde exige fon pardon , je I'accorde , & j'irai plus loin. Je lui donne une compagnie dans ma legion. Tous tnfcmbU. Vivat ! L E Comte. Mai^ c'eft \ condition qii'il partira fur le champ; pour joindre en Catalogue. Figaro. Ah ! Monfeigneur , demain. L E Comte injijlt. Je le veux, C H i; R u B I N. J'ob&. 3« LE MARIAGE DE FIGARO^ L £ C O M T E. Sa1uez}votremarraine,& demandez fa ^rote&iotu Ch£ruBIM mce un gcnou en terre dcvant la ComuJJi , & ne pcut parUr. La Comtesse imtu. Puifqu'on ne peut vous garder feulement aujourd'hui , partez , jeune homme. Un nouvel etat vous appelle ; allez le remplir dignement. Honorez votre bie«nfaiteur. Souvenez-vous de cette maifon , oil votre jeunefle a trouve tant d'indul- gence. Soyez foumis , honnete & brave ; nous prendrons part ^ vos fucces. {^Chirubin ft relhe^ & retourne a fa place, ) L E C O M T E. lVous £tes bien emue , Madame ? La Comtesse. Je ne m'en defens pas. Qui fait le fort d'lm enfant jete dans une carriere auffi dangereufe! il efl allie de mes parens ; & de plus il eft mon filleul. Le ComtE a part, Je vols que Bazile avoit raifon. {haut) Jeune homme , embrafTez Suzanne. • • • . . pour la derniere fois. Figaro. Pourquoi cela , Monfeigneur ? il viendra pafler fes hivers. Baife-moi done auffi , Capitaine ! (il ttm-- braffe.) Adieu , mon petit Ch^nibin. Tu vas mener un train de vie bien different , mon enfant : dame ! tu ne roderas plus tout le ]our,au quartier des femmes : plus d'echaudes , de goutcs a. la crcsie; A CT E P R E M I E R, 50 Ellis de main chaude, 6u de colin-maillard. De ons fcldats. , morbleu ! bafanes ^ mal v6tus ; un grand fufil bien loiird ; tourne k droite , tourne k gauche , en * avant , marche k la gloire ; & ne Ta pas broncher en chemin , a moins qu'un bon coup de feu S U / A N N E. Fi done , ITiorreur ! La Comtesse^ Quel pr onoftic ? -. L E C o M T Ev Oil done eft Mareeline? il eft bien fingulier qu'elie ne foit pas des votres ! F A N C H_E_T T £• Monfeigneur^ elle a pris le chemin du Bourg, par le petit fentier de la Ferme. L )E C b :m T E. Et elle en reviendra ? B A Z I L E. Quand il plaira a Dieu, F I G A R 6. S'il lui plaifait qii'ii ne lui plut jamais. • : « Fanchette. Moniieur |e Do£teur lui donnait le bras« L E C O M T E vivement^ Le Do^leur eft ici? B A z I L E* £Ue s'en eft d'abord emparee, • . ; • ; ^4 ^ 40 LE-MARIAGE DE FIGARO, II ne pouvait venir plus a propos. Fanchette. • .. Elle avait Fair bien echaufFee , elle parlait tout haut en marchant , puis elle s'arretait ,. & fefait comme 5^ , de grands bras & monfieur le Dofteur lui fefait comme 5a de la main , en 1 apDaifant : elle paraifTait ix courroucee ! elle nommait mon couiin Figaro. L E C O M T £ lui prend U mtnton* Couiin futun FVncH'ET'TE montraht Cheruhin. Monfeigneur , noUs avez-vous pardonne d'hier?.; L S C O M T E inurrompt. Bon jour, bon jour', petite, F I G A R^ O. Ceft fon chien d'amour . qui la berce ; die auroit trouble notre f<3te. Le Comte a part. * Elle la troublera , je t'en repons. ( haut ) Aliens, Madame , entrons. Bazile, vous pafferez chez moi. Suzanne a Figaro. ' - Tu me rejoindras , mon fils ? Figaro bas a Su:^anncn Eft-il bien enfile? Suzanne has. * Charmant gar^on! ^lU forttnt tous*y ACTE PREMIER. 41 s c £: N E XL CHERUBIN, FIGARO., BAZILE. Pendant qu^on fort^ Figaro Us arriu taus dcux^ / & les raminc. Figaro. x\ H 9^ , voiis autres ! la ceremonie adoptee, ma fete de ce foir en eft la fuite; il faut bravemept nous recorder : ne fefons point comme ces • Afteurs , qui ne jouent jamais fi mal que le jour oil la critique eft le plus eveillee. Nous n'avons point de lendemain qur nous excufe, nous, Sachons biea nos roles aujourd'hui. B A ^ I L E malignemtnt, Le mien eft plus difficile que tu ne icrois. Figaro fefant , fans qiiil U voie , te gejlc de le ro^er. . Tu es loin aufli de favoir tout le fucces qu'il te vaudra. C H i R U B I N. Mon ami , tu ouBHes que je pars; F I G a r o. * Et toi , tu voudrafs bien refter ? C H E R u B I N, Ah ! ft je le voudrais ! F I G A R o. II faut rufer^ PcHiTt de mwrmwre^^ ton depart. Le manteau de voyage a I'epaule ; arrange ouverte- flient ta trouflc , & qu'on voie ton cheval ^ la 41 LE MARIAGE DE FIGARO; grille ; un terns de galop jufqu'^ la Frnne ; reviens k pied par les derrieres ; Monfeigneur te croira parti; tiens-toi feulement hors de (a vuCji |e me charge de I'appaifer apr^s la f6te. CHiRUBIN. Mais FanchetK qui he fait pas fon r61e! B A Z I L £• Que diable lui apprenezvous donc^ depuis hiut jours y que voiis ne la quittez pas } Figaro. Tu n'as rien a faire aujourd'hui , donne-lui par grace une le$on. B A Z I L E. Prenez garde, jeune homme, prenez garde! le pcre n'efl pas fatisfait; la fiUe a ete fouffiettee; elle n'etudie pas avec vous: Chcrubin! Ch^rubih! vous lui cauferez des chagrins ! tani va la cruchc a leaul . • • • • • Figaro. JSh ! voilk notre imbicille , avec fes vieux proverbes ! He bien , pedant J que dit la fageffe aes nations ? tant va la cruchc a CeaUy qila la fin. • •« B A Z I L £. EUe s'empKt. Figaro tn s\n alUmu . Pas il b6te ^ pourtant , pas fi bete ! Jin da vrcmtr A3s^ V A C T E SECOND. 41 ACTE SECONDo Xe Theatre reprifente une chambre a couchcr fupcrbe i un grand lit en alcove , une ejlrade au devantm La porte pour entrer souvre & fe ferrru a la troifieme coulijfe a droite , cclle d*un cabinet , a la premiire coulijfe a gauche. Une porte dans le fond va che[ les femmes. Une finetre louvre de P autre cote. ^" ^"^,^.1 .^ ^ 1.. ■ J.. l 5834 SCkNE PREMIJ^RE, SUZANNE, LA COMTESSE entrmt par la porte a droite. « La CoyiTtSSE fe jette dans une berghre* Jterme la porte , Suzanne , & conte-moi tout ^ns le plus grand detail. Suzanne. je n'ai rien cache k Madame. La Comtesse. Quoi , Suzon , il voulait te feduire ? Suzanne. Oh que non. Monfeigneur n'y met pas tant do fa^on avec fa fervante : il voulait m'acheter. 44 LE MARIAGE DE FIGARO, La Comtesse. Et le petit Page ^tait prefent ? Suzanne. C*eft-i-dire , cache derriere le grand fauteuil. II venait me prier de vous demander fa grace. La Comtesse. He pourquoi ne pas s'adreffer k moimeme; eft-ce que je Taurais refufe, Suzon? Suzanne. C'eft ce que j'ai dit : mais fes regrets de partir, & fur-tout de quitter Madame 1 ^k Suipn , quclU ijl noble & belle! mais quelle efl impofante! La Comtesse. Eft-ce que j'ai cet air-let , Suzon ? moi qui Tai ioujours protege. Suzanne. Puis il a vu votre ruban de nuit que je tenais, il s'eft jete deflus La Comtesse fouriant. Mon ruban ?.•«... quelle enfance ! Suzanne. . J'ai vouUi le lui oter ; Madame, c'etait un lion; fes yeux brillaient. ..... Tu ne Tauras qu'avec ma vie , difait-il , en for^ant fa petite voix dotice & grele. La Comtesse rivane^ . « Eh bUn^ Suzon? .:^ A C T E SECOND; 45 Suzanne. Eh bien , Madame , eft-ce qu'on pent faire finir ce petit demon-U ? ma marraine par-ci ; je voudrais bien par Tautre ; & parce qu'il n'oferait feulement baifer la robe de Madame y il voudrait toujours xn'embraffer moi. .La Comtesse rivant. Laiflbns laiffons ces folies • • . . Enfin ^ ma pauvre Suzanne » mon epoux a fini par te dire ? Suzanne. Que fi je ne voulais pas Tentendre , il allait proteger Marceline. La Co^T%SS^ felhe &fe promiruy en fefer*^ vant forumcnt dc tiycntaiL Il lie m'aime plus du tout. Suzanne. Pourquoi tant de jaloufie ? La Comtesse; par Comme tous les maris , ma ch^re ! uniquement r orgueil. Ah je I'ai trop aim6 ! je Tai lafle de mes tendreffes, & fatigue de mon amour; voil^ men feul tort avec lui : mais je n'entens pas que cet honnete aveu te nuife , & tu epouferas f igaro. Lui feul peut nous y aider : viendra-t-il ? Suzanne. D^s qu'il verra partir la chaffe* La Comtesse fe firvant de tlventaiU Ouvre un peu la croifee fur le jakin. Il fait une ^phaleur ici ! * • , « '4& LE MARIAGE DE FIGARO, Suzanne. Ceft que Madame parte & marche avec zSdbni ( Ellc va ouvrir la croific dufoni. ) La ComteSSE rivant long-urns. Sans cette conftance ^ me fuir • . . . les hommes font bien coupables ! Suzanne ctU dt la ftnkn. Ah ! voilcL M onfeigneur aui traverfe k cheval le grand potager, fiiivi de P^dnlle, avec deux ^ trois ^ quatre levriers. La Comtesse. Nous avons du terns devant nous. ( Elk sa[fitd. ) On frappe , Suzon ? Suzanne court ouvrir en chantantm Ah , c*eft mon Figaro ! ah , c'eft mon Figaro ! ' ^i&m SCENE I L FIGARO , SUZANNE , LA COMTESSE affije. Suzanne. IVl ON cher ami ! vi6ns done. Madame eft dans une impatience ! . . . • Figaro. Et toi , ipa petite Suzanne ? — Madame n*en doit prendre aucune. Au ||fait ^ de quoi s'agit-il \ A C T E SECOND. 47 d'une mifere. Monfieur le Comte trouve notre jeune femme aimable , il voudrait en faire fa xnaitreffe , & c'eft bien naturel. Suzanne. Naturel ? Figaro. Puis il m*a nommc courier de depeches , & Suzon confeiller d'atnbaflade. II n'y a pas 14 d'etourderie. Suzanne. Tu finiras ? Figaro* Et parce que Suzanne ma fiancee n'accepte pas le diplome , il va favorifer les vues de Mar- celine; quoi de plus fimple encor ? fe venger de ceux qui nuifent ^nosprojets en renverfantlesleurs; c'eft ceque chacun fait; ce que nous allons faire nous-xnemes. He bien , voila tout pourtant. La Gomtesse. Pouvez-yous , Figaro , traiter fi legerement ua deflein qui nous coute 4 tous le bonheur } Figaro. Qui dit cela, Madame? Suzanne. Au lieu de t'afSiger de nos chagrins. . • • Figaro. N'eft-ce pas affez que je m'en occupe ? Or ; pour agir aufli methodiquetnent que lui , temperons d'abord fon ardeur de nos poffeifions p en Tin;-! £uietant fur les fiennes« 48 LE MARIAGE DE PlGAKO; La Comtesse. Ceil bien dlt ; mais comment ? Figaro. Ceft ddja fait, Madame; un faux avis donne fur vous, •••••• La Comtesse, Sur moi ! la tete vous tourne ! Figaro. O ! c'eft a lui qu'elle doit tourner. La Comtesse. Un homme auHi jaloux !...••• Figaro. Tant mieux : pour tirer parti des gens de ce caraftere , il ne faut qu'un p'eu leur fouetter le fang ; c'eft ce que les femmes entendent fi bien ! Puis les tient-on faches tout rouge ? avec un brin d*intrigue on les mene oti Ton veut , paf le nez , dans le Guadalquivir. Je vous ai fait rendre h Bazile un billet inconnu , lequel avertit Monfei- gneur, qu'un galant doit chercher k vous voir aujourd'hui pendant le baU La Comtesse. Et vous vous jouez ainfi de la verit^ fur le compte d'une femme dTionneur Figaro. II y en a peu, Madame , avec qui )e I'eufle odf crainte de rencontrer juftei La Comtesse. A C T E SECOND. 4^ La Comtesse. n faudra que je Ten remercie! Figaro. Mais dites-moi s'il n*eft pas charmant de lui avoir taille fes morceaux de la journee , de £39011 qu'il paffe k roder , a jurer apre^ fa Dame > le ttms qu'il deftinait k fe complaire avec la notre! II eft deja tout deroute; galoppera-t-il celle-ci? furveillera-t-il celle-la? Dans fon trouble d'efprit, tenez , tene;z, le voil^ qui court la plaine , & force un lievre qui n'en peut mais. L'heure du manage arrive en pofte ; il n'aura pas pris de parti contre ; & jamais il n'ofera s'y oppofer devant Madame. Suzanne. Non ; mais Marceline , le bel efprit , ofera le faire, elle, Figaro. Brrrr. Cela m'inquiete bien , ma foi ! Tu feras dire k Monfeigneur , que tu te rendras fur la brune au jardin. S U Z A N N E» Tu CQmptes fur celui-la? P I G A R O, O dame ! ecoutez done , les gens qui ne veulent riea faire de rien , n'avancent rien , & ne font bons k rien. Voil^ mon mot. Suzanne. II eft joli I . . La Comtesse. ^ Comme fon idee : vous confentiriez qu'elle sy rendit? D j<^ LE MARIAGE DE FIGARO^ Figaro. Point du tout. Je fais enJoffer un habit de Suzanne A quelqu'un : furpris par nous au rendez- vous , le Comte pourra-t-il s'en dedire ? Suzanne. A qui mes habits ? Figaro. Ch^rubin. La Comtess^» II eft parti. Figaro. Non pas pour moi : veut-on me laiffer faire ? Suzanne. On peut s'en fifer k lui pour mener une infrigue. Figaro. Deux , trois , quatre k la fois , bien embrouil- lees, qui fe croifent. J'^tais ne pour 8tre courtifan. -Suzanne. On dit que c'eft un metier fi difficile? Figaro. Recevoir , prendre , & demander ; voila le fecret en trois mots. LaComtesse, U a tant d'affurance , qu'il finit par m*en infpirer. Figaro. ^'eft mon deflein* A C T E SECOND; 5| Suzanne, Tu difais done? Figaro. Que pendant Tabfence de Monfeigneiir , je vais vous envoyer le Cherubin ; coefFez-le, habillez-le; je le renferme & Tendodrine; & puis danfezji Monfeigneur, {11 fort.) — — — — ' w S C & N E I IL SUZ-ANNE, LA COMTESSE afflfe: La ComtESSE tenant fa boite a mouches. JVloN dieu, Suzon, comme je fms faite !•..;! ce jeune homme qui ya venir ! . • • • Suzanne. Madame ne veut done pas qu'il en r^ehappe f, La CoMTESSE revc dtvantfa pctitt glace. Moi?... tu verras eomme je vais le gronder; Suzanne. Fefons-lui ehanter fa romanee. (£//f U met fur la Comtejfc.) La Comtesse; Mais , e'eft qu'en verite mes cheveux font dans^ un defordre. • • • • . . D % 5* LE MARIAGE DE FIGARO, Suzanne riant. Je n'ai qu'^ reprendre ccs deur bouclcs; Madame le grondera bien mieiix, , La ComtESSE rcvtnant a tilt. Qu'eft-ce que vous dites done, Mademolfellc? S C t N E IV. CH^RUBIN, r^irhanteux, SUZANNE, LA COMTESSE afrifc Suzanne. JliNTREZ , monfieur TOfficier; on eft vifibt. CherUBIN avanct tn trcmblant. Ah , que ce nom m'afBige , Madame ! il m'ap* prend qvi'il faut quitter des lieux^. une marraine fi.... bonne!...; Suzanne. EtfibeUe! Cherub in ayu un fouplr., Ah ! oui. Suzanne U contnfait. Ah I ouu Le bon jeune homme f avec fes longiies paupieres hypocrites. Allons , bel oHeau bleu, chantez la romance a Madame. La Com.tesse la MplU. De qui.,«.. diM)n qu'elle eft^ I A C T E SECOND. j| Suzanne. Voyez la rougeur du coupable : en a-t-il un pied fur les Joues ? Ch£rubin. Eft-ce qu'il eft defendu. . . . de cherir. . . . ; Suzanne, lui met U poing fous U ne^^ Je dirai tout^ vaurien! La Comtesse. L^ chante-t-il ? Cherubin* O! Madame, je fuis fi tremblant ! . ; • ; Suzanne en riant. Et gman, gpian, gnian, gnian, gnian , gnian; gnian ; des que Madame le veut , modefte auteur ! Je vais Taccompagner. La Comtesse. Prens ma guittare. (^La Comtejfe (tjpfiyjj^ It papitr pour fuivre. Suzanne efi derriere /bn/ammilf & prelude en regardant la mujique pardejfus fa maU trcjfe, Le petit Page ejl devant elle , ks yeux baijjesm Ce tableau ejl jujie la belle eflampe (Tapris Vanloo , appellee La Conversation Espagnole. ROMANCE. Air : Marlbraug s^en vat - en guerre. Premier Couplet. Mon courfier hors d'haleine , (Que mon coeur , mon coeur a de peine I } J'crrais de plaine en plaine> Au zxi du d^ieu Ch^rubin; LaComtcHef Suzatin«« LE MARIAGE DE FIGARO; II. COUPLST. Au gri da deftrier; Sans Varlct , n'f cuycr ; * L4 , pres d'une fontaine , (Que mon corar, mon coeur a it peine I) Songeant a ma Marrainej Sentais mes pleurs couler. III. Couplet. Sentais mes pleurs couler, Prgt a me d^foler; 7e gravais fur un frlne^ <( Que mon coeur , mon coeur a de peine I ) Sa lettre fans la mienne; Le Roi yint a pafler. IV. Couplet* Le Roi vint a pafTer; Ses Barons , fon Clergier. Beau Page , dit la Reine , (Qmc mon coeur 4 mon coeur a de peine!) ■PlQui vous met a la g^ne i Qui vous fait tant plorer ? V. Couplet. Qui vous fait tant plorer ^ Nous faut le declarer. Madame 6l S vaveraine , (Que mon coeur, mon coeur a de peine!} J'avais une Marraine, (^ue toujou. s ad- rai. * * * Au Spe^de on a commence It romance k ct vers , en dif«»t: Jlupres d'un« Fontaine, * * Ici la Comteffe arr«te le Page en fernaot le papier. Le refte oe Te chaate pas au Th^ue, / » J A C T E S E C O N D. 5$ VI. Couplet. Que toujours adorai; Je fens que )'en mourrau Beau Page , dit la Reine » (Que mon coeur , mon coeur a de peine ! ) N'eft-il qu'une Marraine? Je vous en fervirai. VI I. CoUPtET. Je vous en fervirai ; Mon Page vous ferai; Puis a ma jeune Hel^ne , ( Que mon coeur , mon coeur a de peme ! ) .Fille d*un Capitaine , Un jour vous marierai. VIII. Couplet. % Un jour vous marierai.— Nenni , n'en faut parler ; Je veuz , trainant ma chaine i ( Que mon coeur , mon coeur a de peine ! ) Mourir de cette peine; Mais non m'en confoler* LaComtesse. II y a de la naivete.... du fentiment meme. Suzanne va pofer U guUtare fur^ un fautcuiU O ! pour du fentiment , c'eft un jeune homme c^^twhiti. qui • . . . Ah , 9^ , monfieur rOfficier , vous a-t-on suzanne. dit que pour egayer la foiree , nous voulons favoir LaComtcfle^ d'avance fi un de mes habits vous ira paflablement ? LaComtesse. j Tai peur que non. D4 5^ LE MARIAGE DE FIGARO; Suzanne fe mtfun ayec lui» II eft de ma grandeur. Otons d'abord le manteau; {^ElU U detache,) . La Comtes'se. Et fi quelqu'un entrait ? Suzanne. ^ Eft-ce que nous fefons du mal done ? je vais fermer la porte : ( ElU court. ^ mais c'eft la coefFure que je veux voir. La Comtesse. ^ Sur ma toilette, une baigneufe a moi. {Suzanne tntre dans U cabinet , dont la porte efi au bord du theatre^ • .WW^ , ^ij,^ ,_^^ s c i. N E V. CH£RUBIN, LA COMTESSE afnit. La Comtesse. J u s Q u'a ^ rihftant du bal , le Comte ignorera que vous foyez au chateau. Nous lui dirons apres, que le terns .d'expedier votre brevet', nous a fait naitre Tidee C H JE R u B I N le lui montre. H^Ias , Madame , le voici i Bazile me Ta remis pe fa part. A C T E S E C O N D. 57 La Comtesse. Deja ? Ton a craint d'y perdre une minute; {ElU lit.) lis fe font tant preffes , 'qu ils ont oublic d'y mettre fon cachet. {^Elle U lui rend,) j-E j^:: ^-, I ■■; f S C ^ N E VI. CHERUBIN, LA COMTESSE, SUZANNE. Suzanne mtrc avec un grand bonnet. J^E cachet , k quoi } La^Comtesse. A fon brevet. Suzanne. Deja ? La Comtesse. Ceft ce que je difais. Eft-ce 1^ ma baigneufe? Suzanne s'ajfied prh de la Comtejfe. Ch^nibfn; Suzanne. Et la plus belle dc toutes. {Elle chante avec des LagomteiTe; ipingles dans fa bouche. ) Tourne^-vous done envers ici , Jean de Lyra^ mon bel omL (^Cherubinfe met a genoux ; elle le coeffe.^ Madame , il eft charmant ! La Comtesse. Arrange fon collet d'un air un peu plus feminin,; 5t LE MARIAGE DE FIGARO, S V Z A N N E t arrange. O. . . . mais voyez done ce morveux , conuae il eft )oli en fiUe ! j'en fuis jaloufe, moi ! ( JC//e lui prtnd U mtnton. ) Voulezrvous bien n'Stre pas jolicomme 9^? LA CO^TESSE. Quelle eft folle! II feut relever la manche, afin que Tamadis prenne mieux {^ElU U renoujfe. ) Qu'eft-ce qu'il a done au bras ? un ruban! Suzanne. Et un ' ruban k vous. Je fuis bien aife que Madame I'ait vu. Je lui avais dit que- je le dirais, deja! O! fi Monfeigneur n'etait pas venu, j'aurais bien repris le ruban ; car je mis prefque auiC forte que lui. La Comtesse. II y a du fang! {ElU ditachc U rub/m.) CHiRUBiN honteux. Ce matin , comptant partir , j'arrangeais la gourmette de mon cheval ; il a donno de la t8te, & la boffette m'a effleure le bras. La Comtesse. On n'a jamais mis un ruban. • • • Suzanne. Et fur-tout un ruban vole. *— Voyons done ce que la boffette , .... la courbette ! . . .la cornette du cbeval ! . . . . Je n'entens rien k tous ces noms- li. — Ah qu'il a le bras blanc ! c'eft comme une femme ! plus blanc que le mien ! regardez done ^ Madame ? ( Elle les compare, ) A C T E SECOND. 59 La Comtesse ^un ton glacL Occupez-vous pi u tot de m'avoir du taffetas gom- me , dans ma toilette. Suianm lui pouffe la the , tn riant ; il tombt fur ks deux mains, ( Ellc cntrc dans Ic cabinet au bord du theatre, ) SCJ^NE V I 1. CH6RUBIN A genoux, LA COMTESSE affife. La Comtesse rejle un moment fans parler , les yeux fur fan ruban. Cherubin la divore de fes regards. X o UR mon ruban , Monfieur comme c'eft celui dont la couleur m'agree le plus^ . . . j'etais fort en colere de Tavoir perdu. ^ SCENE VIII, CHERUBIN agenoux, LA COMTESSE^; SUZANNE. Suzanne revenant* Jb-T la ligature A fon bras ? ( Elle remet a la Comtejfe du taffetas gomme & des cifeaux* ) LaComtesse. En allant lui chercher tes hardes , prens le tuban d\in autre bonnet, {Suzanne fort par laporte du fond^ en emportan^ U tnanteau du Page. ) ^o LE MARIAGE DE FIGARO, SCENE IX. CH^RUBIN a gcnoux , LA COMTESSE ajjifc. CliiiRUBlN Us ycux baijfis. V-^ELUi qui m*efl: ote, m'aurait gueri en moins de rien. La Comtesse. Par quelle vertu? ( lui montrant It taffetas y ) ceci vaut mieux. CheRUBIN hijitant. Quand un ruban a ferre la tete. • • • . • ou touche la peau d'une perfonne La Comtesse coupant la phrafc. . . • . £trangere ! il devient bon pour les bleffures ? J'ignorais cette propriete. Pour Teproyver , je garde celui-ci qui vous a ferre le bras. A la premiere ^gratignure de mes femmes, j'en ferai reffai. Cherubin plnkri. Vous le gardez, & moi jepars. La Comtesse. . Non'pour toujours. Cherubin. Je fuis fi malheureux ! La Comtesse emuc. II pleure a prefent I^c'eft ce vilain Figaro jvec fi)n pronoilic i{ r A C T E SECOND. 6i Cherub IN exa/te. Ah ! Je voiidrais toucher an terme qu'il m'a predit ! siir de mourir k Tinftant , peut-etre ma bou- che oferait La ComtESSE r inter romp t y & lui ejjuit Us ycux avec fon mouchoir, Taifez-vons , taifez-vous , Enfant. II n*y a pas un brin de raifbn dans tout ce que vous dites. ( On frapp t a la porU , elU ilevc la voix. ) Qui frappe cunii chez moi? S C £ N E X. CHfiRUBIN , LA COMTESSE , LE- COMTE en dehors. Le CoMTEe/2 dehors. 1 ouRQUOi done enfermee? % _ • • p J # La Comtesse troubleefe leve. C'efl mon 6poux ! grands Dieux ! . .' . , ( a Chiruhln qui s\filevi auJUi) voiis fans manteau , le col & les bras nuds ! feul avec moi ! cet airde d^ibrdre ^ vm billet regu y fa jaloufie ! . . • . Le Comte^/2 dehors-* . VottS n'ouvrez pas? i La C o m t e s s Ej Ceft qufe . . • . ie fuis feule. 6% LE MARIAGE DE FIGARO; Le C O U t E en dehors. Seule ! avec qui parlez-vous done ? La ComteSSE cherchanu : . • • • Avec vovis fans doute. Cherubin a part. Apres les fcencs d'hier , & de ce matin , il «e tuerait fur la place ! ( // court au cabinet de toilette y y entrt , 6* tire la porte fur luu ) 39* S C i. N E XL La Comtesse feule J en Ste la cU & court ouvrir au Comte. Ah quelle faute ! quelle faute! sa^iflfcs S C £: N E XII. LE COMTE, LA COMTESSE. LeComtE2^ pen Jevlre. V o US n'Stcs pas dans Tufage de vous enfermer 1 La Comtesse troubles Je.. . • je chiffonnais. . . . oui , je chifFonnais,avec Suzanne ; elle eft pa{Ke un tnoment chex die* L E C O M T E texatniTu. Yous avez Tair & le tpn bien alteres I A C T E S p C O N D. 6J La Comtesse. Cela n'eft pas etonnant ... pas etonnant du tout..* je vous affure .... nous parlions de vous . . . , elle eft paftee ^ comme je vous dis. L E C O M T E. Vous parliez de moi ! . . . Je fuis ramen^ par Tinquietude : en montant k cheval , un billet qu'oa m'a remis , mais auquel je n'ajoute aucune foi ^ m'a pourtant agit^. La Comtesse. Comment 9 Monfieur ? • . . • quel billet ? L E C o M T E. II faut avouer , Madame , que vous ou moi J fommes entour^s d'etres .... bien medians 1 On me donne avis que , dans la journee , quelqu'un que je crois abfent , doit chercher k vous entretenir. La Comtesse. Quel que foit cet audacieux , il faudra (]ii'il penetre ici ; car mon projet eft de ne pas quitter ma chambre de tout le jour. L E C o M T E. Ce foir , pour la noce de Suzanne ? La Comtesse. Pour rien au monde; je fuis tr^s-incommodee; L E C O M T E. Heureufement le Dofieur eft ici. ( Lc Page fait tomber um chaifc dans U cabinet. ) Quel oruit entens-je ? €4 LE MARIAGE DE FIGARO, La Comtesse plus erouilec Du bruit } L E C O M T E. On a fait tomber un meuble. La Comtesse. Je . • • • )e n'ai rien entendu ^ pour moi. L E C o M T E. II faut que vous foyez furieufement pr^occupee! La Comtesse. Preoccupee ! de quoi ? L E C O M T E. II y a quelqu'un dans ce cabinet y Madame. La COMTPSSE. He ... . qui Youlez-vous qu'il y ait , Monfieur? L E C O M T E.. C'eft moi qui vous le demande ; ) arrive. La Comtesse. He mais. . . . Sueanne apparemment qui range; L E C O M T E. Vous aver dit qu'elle etait paff6e chez elk ! LaComtesse. Paffee .... ou entree Ik; je ne fais lequel. L E C O M T E. '•Si c'eft Suzanne , d'o^ vient le trouble oii /e vous vois } La Comtesse* A Ct E S E C O N D; 6^ La Comtesse.. Du trouble pour ma camarifte ? L E C O M T E. Pour votre camarifte , je ne fais ; tnais poui: du trouble, aiTurement. La Comtesse. Affurement , Monfieur , cette fille vous trouble J & vous occupe beaucoup plus que moi. Le Comte en colore. EUe m*occupe 4 tel point , Madame , que je veux la voir k I'inftant. La Comtesse. Je crois en efFet , que vous le voulez fouvent ; inais voil<^ bien les foupfons les moins fond^s. . • • fWliitr r S C £ N E XIII. LE COMTE , LA COMTESSE , SUZANNE entrc avec des kardes & poujje la parte dufond. L E C O M T E. Ils en feront plus ai fes & d^truire, {It parte at^ ^fli/w.) — Sortez, Suzon; je vous Tordonne. ( Su[anne ^arrite auprls de takoye dans U( fond. ) . % 46 LE MARIAGE DE FIGA'RO; .LA CoHT£SSC. Elle eft prefque nue ^ Monfieur : viettt-^n trou- bier aiiifi des femmes dans leiir rettaite ? Elle efTayait de^hardes que je lui donne en la mariant ; cUe s'eft enfttie » quand fA\b vous a eatendu, L E C O M T E. Si elle craint tant de Ye ftiontret , an ixioins elle Milt parler. {Jl fi tournt, vers la pone dU cabinet, ) nepondez-moi, Suzanne J 6tes-vous dans ce cabinet? ( Su:(anne ^ rejlee au fond^ fe jttte dans tal" cove & s*y cache. ) ' La Comt1SS£ vivtment y pkrUmt mi cabinei. Suzon , je vous defens de repo/idre, {Au Comu) On n'a jamais pouff^ fi loin ]a tyranme I L E C Q,M T £ s*avance au cabinet. Oh bien , puifqit'elle ne parie pas > vStue ou M^] ]t la verraL La CoMTESScyS met audtvoM. Par-tout ailleurs je oc puis Tenipecher ; mais }'efpere aufli que chez moi. • . • L £^ C O M T E. .Et moi j'efp^ favoir dans un moment ouelle eft cette Suzanne myftSrieufe, Vous demander la cl^ , ferait , je \e vois^ , inutile J mais il eft un moyen siir de jeter en dedans cetie Idg^re porte. ,ii6lk quelqu'uQ? La Co h\ X esse. Attirer vo5 gens , & falre un fcandalc public dVn foup$on qui nous rendrait la fable da chateau? J A C T E S fe C O N D. J/ Lb C o m t e. Fort bien , Madame ; en effet j'y fufiirai ; je vais B rinftant prendre. chez moi ce qu*il faut • • • (7/ marctu pour fortir & rcvicne. ) Mais pour que tout refte au m&me 4tdt » voudrez-vous bien m'accom- pagner fans fcandJale ^ fans bruit , puifqu'il vous defiait tant ? • • • une chofe auifi limple , <^pp8i^ renunent ne me fcra pas refufte I * ' La Comtesse troubUe. Eh ! Monfieur , qui fonge k vous cpntratier } « L E C Q X T E. Ah ! j*oubliais la porte qui va chez vos femmes ; il faut que ]^ la-ferme aum , pour que vous foyez plemement juftifiee* ( // va firmer la poru du fond^ & en 4u U ^cU. ) L Ar £ o M T £ s s E a part. del ! etourderie funefte I L E C O M T E rtvcnartt i elU: Maintenant que cette chambre eft clofe^ acceptez inon bras , je vous prie ; ( il Hive la voix ) & quant ^ la Suzanne du caoinet , il faudra qu'elle att la l>ont^ de m'att^dre , & le moin^re mal qui puiile 'ui arriver k men retour .... La C o m t E'S s «• En v^rit^ , Monlieur , voila bien la plus odieufe ^v^oture . , , • (Lc Cofnu dmmine & firmer la pone E » . fS9 LE MARIAGE DE FIGARO, S C £ N E XI r. SUZANNE, CHfiRUBIN. f 5 U Z A N N t fort dt t alcove y accoUrt au cahinu & park a la ferrurc. \Jv V R E z , Ch^rubin , ouvrez vite , c'eft Suzan- ne ; ouvrez & fortez. Ch^rubtn. CHERUBIN fort. Ah , Suzon , quelle horrible fcene ! Suzanne. Sortez, vous n'avez pas une minute. Ch£rubin cfrayL. Eh par oti fortir ? Suzanne. Je n'en fais rien, mais fortez. C H £ R U B I N; S'il n'y a pas d'iffue ? Suzanne. Apres la rencontre de tantot, il vous^craferait 6 nous ferions perdues. — Courez conter A Figaro.- CniRUBiN. La fenetre du jardin n'eft peut-etre pas bi< haute, ( // court y regardcr. ) c A C T E SECOND. g^^ < Suzanne avcc effroL Vn grand etage! impoflible! Ah ma pauvremai- ^treffe ! & mon manage , 6 del! Chi^rUBIN reviene. Elle donne fur la melonniere ; quitte k gSter une couche ou deux. « Suzanne reviem & Picric : 4 n va fe tuer! CniRUBiN exalte. Dans un goufFre allume , Suzon ! Qui , je m'y Jette- rals , plutot que de lui nuire . . . . Et ce baifer va me porter bonheur* (^11 tembrajje & court fauter par la fmetre, ) > a««e=: S C £: N E X K Suzanne Jiule , un cri dc fray cur. /\h ! • • » • ( Elle tomhe ajjife un moment. Elle va piniblement regarder a la fenetre & revient.) U eft deja bien loin. O le petit garnement 1 auffi lefte que joli ! fi celui-14 manque de femmes .... Prenons fa place au plutot. {En entrant dans le cabinet. ) Vous pouvez a prefent, monfieur le Comte , rompre la cloifon , fi cela vous amufe j au diantre qui repond un mot. ( ElU s*y enferme. ) E3 yft LE MARIA'GE DE FIGARO; !»■»<— ^<>^ S C £ N E XVI. LECOMTE> LA CO MT ES S E re«/re«i dans la chambre» Le CoMTE^ um pincc a la main , quil jenefuf UfoHttuiU J. o u T efl bien comme )e Tai laiflS. Madame i en m'expofant & brifer cette porte , refl^chiiTez aiue flutes : encol-e une fois voulez-vous Touvrir ? La Comtbssb. Eh, Monfieiir, quelle horrible humeur peut altiercr ainfiles egards entre deux dpoux? Si Tamour vous dominait au point de vous infpirer ces fureiffs; malgre leur deraiion, je les excuferais; j'oublierais , peut-6tre , en faveur au motif, ce qu'elles ont d'of- fenfant pour moi. Mais la feule vanite peut-^elle Jeter dans cet exces un gatant honime ? L £ C O M T E. Amour qu vanite , votis ouvrirez 4a porte ; ou je vais k I'inftant. • . • La Comtesse au devant. . ArnStez , Monfieur , je vous prie. Me croyeE-VOuS capable de manquer k ce que je me dois ? L E C o M T E. Tout ce qu'il vous plaira , Madame ; l»ais i« Srerrai qui ell dws ce cabinett AC T E SECOND. , 71 La ComT£S$£ tfrayie. Hi bien , Monfieur , vous le yerrei:, ^coutfz* inoi .... tranquillem^nt, L £ C O M T E. Ce n'cft .done p»s iSi|3^tise> La CoMTES^e^ dmidemiHt* Au moins n'efl-cc pas nonplus ui^e perfonne ...l fllpnt yous 4e^iez rie^i ri&4<^ut^r; . « • tfonsdirpofiqns une plaifanterie . « • . bien innocef)te en yerite ^pQur ce foir . . . .; if, je vous jure , ^ . . t I, O M T E. i - .... u Et voitf me pT^} ^ " '* ri. A" C-O I« T'E ft S'B. • Qu<5 pows li'avion^ pas plus de deiTein de Yous bffcnfer j^ Tuiique Vautrg.. 'L£ COiMTE Wjl^.^ L'nn qijue I'gutre ? c^eft un homme. L. A» C 0, 1^ T E,S 5 Er Un Mfaiit ^ Moofiew/ J . . - L £ C O M T K. » • * H^ qui done ? ' La C a m r e s s e, ' . A peine pfai-je le nommer ! L E C D M T E furUuxi . ' Jc*k tuerai. * •E :| -.v it *» yi LE MARIAGE DE FIGARO; La Comtesse. Grands Dieux ! L £ C o M T E; ' \ Parlez done. La Comtesse« Ce jeune • • • • Cherubinr. • • L E C O M T E. Ch^nibin ! Tinfoleht ! voili mes foup^ons , & le billet expliques: La CoMTES^Ef joignaht Us' mdinSm Ah ! Monfieur , gardez de penfer L E C O M T E frappant du pied. *• ( A part. ) Je tfOuverai par-tout cc maudit Page ! {haut^ Allons , Madame, ouvrez; je fais tout main'i- tenant. Vous n'auriez pas ete fi-emue, en ie conge- diant ce matin ; il ferait parti quand je Tai or- donne ; vous i>'auTiez pas. mis tarrtxie fauflete dans votre conte de Suzanne j il ne fe ferait pas fi foigneu- fement cache , s'il ri'y' avait rien de xriminel. La C 6 jvi t e s s e: II a craint de vous irriter en fe montrant. Le Com.TE, hor^ dc lui , crU au cabinet. Sors done , petit malheureux ! * L A C O M T £ S $ £ U prtnd a.hfyis U corps i en filoignant. Ah ! Monfieur , Monfieur , votre colere me fait trembler pour lui. N'en crpyez pas un injufte foup- 5on , de grace ; & que le d^iordre oil vous r^Ucz jrouver. .%. ...••.. A C T E S E C O N D, 73 L E C O M T £. Du defordre ! La Comtesse. Helas oui ; pret k s'habiller en femme , ime coefFure k moi fur la tete , en vefte & fans manr* teau , le tol ouvert , les bras nus ; il allait effayer. . • L E C O M T E, Et vous vouliez garder votre chambre ! Indigne epoufe ! ah , vous la garderez . . • . long-tems ; mais il faut avant , que ]'en chafTe un infolent ^ de ma- • nicre a ne plus le rencontrer nulle part. La 'Comtesse , fejetu a genoux , Us bras iUvism Monfieur le Ct)mte , ^pargnez un enfant; je ne me confolerais pas d'avoir caufi^ .... L E C O M T E« Vos frayeurs aggravent fon crime. • La Comtesse, II n'eft pas coupable , il partait : c'eft moi qui Tai fait appeller. L E C O M T E furicux. Leypz-vous. Otez-vous . . . . Tu es bien auda^ cieufe d'ofer me parler pour un autre. La Comtesse. • Eh bien ! \t m'oterai , Monfieur , je me leverai ; je vous remettrai meme la cle du cabinet : mais ^ %\x nom de votre amour .... L E C O M T E. De mon amour ! Perfide I 74 1-E MARIAGE DE FIGARO, La CoMTnssufeUve & luipnfintclacli. Promettez-moi que vous laiflerez aller cef^nfant ; fans lui faire aucua mal ; & puifle apres ^ tout votre courroux tomber fur inoi ^ fi je ne vous convaiiiic pas 1 1 • ¥ • L E C o M T £ prcnaru la cUm Je n'ecoute plus rien. La Cohtesse fi Jeue far unc bergin ^ un mouchoir fur Us y tux. O ! cicl ! il va perir. L £ C O M T £ ouvrt la poru ^ & rcculu Ceft SuiaaneJ . SC&ME XVIL 1 LA COMTESSE , LE COMTE, SUZANNE , Suzanne fon m riant. • S^ It tuenai^ jt It mtrm. Tucz-ic done 9 ce me- chant Pagei LeComte i pare. Ah quelle ecole ! ( rtgardant la comttfft qui tfi ttflit ftupefaitej) Et vous auffi , vous jouez Feton* nement } ... Mais pcat-8tre elle ri'y eft pas fetile^ ( // trurt. ) A C T E SECOND. 75 tesK«e*sa=9eeacBE9e S C £: N E XFIJL LA COMTESSE d^ , SUZANNE. ^ Suzanne accouna fa Mattrcffi, J[\EMETT£z-vou$ , Mad^e , il eft bien loin^ il a fait un faut ' ..:(Coft\ La Comtesse. r HI Ah 9 Suzon^ je fuis ixiorte« ■^r < ps- ■ '■■■■■■' -t., S C £ N E XIX. LA comtesse; Mjiifc , Suzanne , le comte^ L E C O M T E fvrt du cabinet d\n air confiui Jprh un ^ourt JiUnce. 1 L n'y a perfoime , & pew \t cdiip f ai tort. -• Madame • • . . vous jouez fort bkn la 6om6d». S V I A N N £ gaiemcntt Et moi , Monfeigneiir ? La Com tc s s e , fon mcmchoir Jur fa bouche pour fe rcmcttrc , ne parte pms, Suzanne^ L E C O M T E S^prodit^ ta Comtcfl* Ouoi, Madame. 9 vous plaifantiee ? La Comtesse ft remettant un pat. Eh pourquoi non ^ Mooiieur ? j6 LE MARIAGE DE FIGARO, Lb C o m t e. Quel affireux badinage 1 & par quel motif, je Yous prie ?•.... La Comtesse. Vos folies meritent-elles de la piti^? L E C O M T E. * Nommer folies ce qui touche k Thonneur! La Comtesse affurantfontqnpardcgris. Me fuis-je unie i vous pour fitre ^ternellement devouee k Tabandon & ^ la jaloufie, que yous ^ul ofez concilier? Le C o m t e. Ah! Madame, c'eft fans menagement. / Suzanne. Madame n'avait qu'i yous laifler appeller les gens. L E C O M T E, , Tu as raifon , & c^eft c^ moi de m'humilier. • • • Pardon , je fuis d'une confuiion I Suzanne. * Ayouez, Monfeigncur, que yous la*meritez un peu. . L E C o M T E. Pourquoi done ne fortais-tu pas , lorfque je t'appellais ? Mauyaife ! Suzanne. Je me rhabillais de mon mieux , k grand renfort d*^pihgles , & Madame qui me le defendait , avait bien fes raifons pour . le faire. A C T E SECOND. 77 L E C O M T E. Au lieu de rappeller mes torts , aide-mbi plutot k Tappaifer. La Comtesse; Non 9 Monfieur ; un pareil outrage ne fe couvre point. Je vais me retirer aux Urfuliaes, & jc vois trop qu'il en eft tems. L E C O M T E. Le pourriez-voiis fans quelques regrets ? Suzanne. Je fuis fi^re 9 moi, que le jour du depart ferait la veille des larmes. La Comtesse. Eh ! quand cela ferait , Suzon , j'aime mieux le regretter, que d'avoir la baflefle de lui pardonncr; il m'a trop ofFenfee. L E' C O M T E. Rofine !.•••• La Comtesse; Je ne la fuis plus , gene Rofine que vpus avez tant pourfuivie ! je fuis la pauvre Comtefle Almaviva , la trifte femnxM delaiiTee , que vous n'aimez plus. Suzanne. Madame. • • . • L E C O M T E fuppliane; Par pitie. La Cojitessb; Vous n'en ayiez aufune pour saou 7? LE MARIAGE DE FIGARO, L B C O H T E. Mais sniffi ce billet. • • • 11 m'a tomni le fang I LaComtesse. I Je n'avak pas con£enti qu'on Tecrivit. { y I I. B C O M T E. I Vous le faviez? I La Cohtcsse. « Ceft cet itourdi de Figaro. . . • . L £ C O M T E. . II en tott } La Comtessc. » . • • Qui Ta remis k Bazile. L E C .0 M T E« Qui fn'a dit le tenir d'un payfan« O periide chanteur ! lame k deux tcanchans ! c'efi toi qui paiera pour tout le monde. La Comtesse. Vous demandcz pour vous un pardon que vous refufez aux autres: voila bien les hommesJ Ah! fi jamais je confentais k pardonner en faveur de Terreur oil vous a Jjj^e ce billet , j'exigerais que ramniflie fut generale. L E C o H T e; • 1 * He bien f de tout xnon coeur , ComtefTe. Mais comment reparer nne faute aufli humiliaate^ La G o m t e s s'£ fe Jive. * • EUe I'etart fovix tous deux. # A C T E SECOND. 79 L E C O M T E. Ah ! dites pour moi fcul. ~ Mais je fuis encor ^ concevoir cotament les femmes prennent & vite & fi jufte , Tair & le ton des circonftances. Vous roiigiffiex , vous pleuriez , votre vifage itait i^fait lyhonncur , il Teft encor. La CoMTESSE s'tforfom de fourirt. Je rougiffais. . . . du rcffentiment de vos foup^ons. Mais les hommes font-ils affez dclicats pour diftinguer rindignation d'une ame honnfete outra- gee , d'avec la confufiion qui nait d'une accufatioa ineritee ? L E C O M T E fouriant. Et ce Page en defordre , en veile , & pwfque nu. • La ComTESSE monttant Su^annt. Vous le voyex devant vous. N'aimez-vous pas mieux ravoir trouv6 que Tautre ? en general , vous ne haifTez pas de rencontrer celui-^cz« L E C O m t E riant plus fort. % Et ces piiarei , ces larmes feintesr. • . . , La Cohtesse. Vous me faites rire, & j*ea ax peud'envie, L £ C O M T E. Nous croyons valolt queique chofe en politique, £c nous ne fommes que des enfans. Ceft vous, c'eft vous, Madame, que le Roi devrait envoyer en ambafTade i Londres ! II faut que votre fexe 9ic fait une etude bien refl^chie de I'art de fe compofer ^ pour riu£ir k ce pointi So LE MARIAGE DE FIGARO; La Comtesse. Cefl toujoui's vous qui nous y forcez, Suzanne. Laiflez-nous prifonniers fur parole , & vous yerrez & nous fommes gens d'honneur» La Comtesse. Brifons-l^y moniieur le Comte. Tai peut-fitre 6t6 trop loin; mais mon indulgence en un cas auffi grave y doit au moins m'obtenir la votre. L E C O M T E. Mais vous r^p^terez que vous me pardonnez. La Comtesse. £ft-ce que je lai dit, Suzon? Suzanne. Je ne I'ai pas entendu » Madame; L E C O M T E. Eh bien , ^e ce mot vous echappe. La Comtesse. Le meritez-vous done , ingrat? L E Comte; Oui y par mon repentin Suzanne. Soup^onner un homme dans, le cabinet d.e Madame ! L E Comte* Elle m'en a fi £^yerement puni! Suzanne. S V Z A N N E. Ne pas s'en fier k elle , quand elle dit que c-eft la camarmei L E C O M T E. Rofine, Ites-vous done implacable? La Comtesse. Ah I Suzon ! queje fuis faible I quel exemple ie te donnel {Tendant la main au Comte.S On ne croira plus 4 la eolere des femmes. Suzanne. Bon! Madaftie, av6c eux, ne faut-il oas loujours en venir 1^ ? ^^ L E C o M T E baift ardemmerit la main de fa ^ femme. s c i: N E XX, SUZANNE, FIGARO, LA COMtES^g; L£ COMTE. Figaro anivant tout tffoufii. VyN difait Madame incommodee. Je fuis vlte flccouru. . . . je vois aVec joie qu'il n'en eft rien. L E C O M T E fichcment, Vous ates fort attenfif / Figaro. Et c'eft men devoir. Mais puifqu'il n'en eft rien ' Monfeigneur , tou's vos jeunes vaffaux des deux fexes font en bas avec les violons & les cornemufes attendant , pour ra'accompagner , I'inftant oti vous permettrez que je mene ma fiancee. E "^ $% LE MARIAGE DE FIGARO, L E C O M T E, Et qui fiirveiUera la CoAitdTe au chateau ) Figaro. La veiller! elle ri'efl pas malade. L E C O M T £• Non ; mais cet homme abfent qui doit I'en- tretenir ? Figaro. Quel homme abfent ? L E C O M T E. Lliomme du billet que vous avez remis^ Bazile* Figaro. Qui dit cela? ^ L E C O M T E. Quand je ne le faurais pas d'ailleurs , frippon I ta phyfionomie qui t'accufe , me prouverait deja que til mens. Figaro. S^il eft ainfi , ce n*eft pas moi qui mens, c'eft ma phyfionomie. Suzanne. Va , mon pauvre FigaroJ n'ufe pas ton elo- quence en defaites ; nous avons tout diu Figaro. Et quoi dit? Vous me traitez comme un Bazile! Suzanne. Que tu avais ecrit le billet de tantot pour faire accfoire k Monfeigneur ,, quand il entrerait> que le petit Page etait dans ce cabinet ^ oil je dC iiiis enfermee. A C T E SECOND; gj L E C O M T E. Qu'as-tu k repondre? La Comtesse. n n'y a plus rien a cacher, Figaro ; le badinages eft confomme. F I G A R O chcrchant a devinerm Le badinage...* eft confomme? L E C O M T E. Oui, confomm^. 'Que dis-tu \k deffus? "^ Figaro. Moi ! je dis que je voudrais bien qu'on en put dire autant de mon mariage ; & ft voiis Fordonnez L E C O M T E. Tu conviens done enfin du billet? Figaro. Puifque Madame le veut , que Suzanne le veut^ que vous le voulez vous-meme , il faut bien que je le veuille auffi : mais k votre place, en verice, Monfeigneur, je ne croirais pas un mot de tout ce que nous vous difons. L E Co M T E. Toujours mentir contre Tevidence ! i la fin jj cela m'irrite. La Comtesse en riant. Eh, ce pauvre garjon ! pourquoi voulez- vous ^^ Monfieur , qu'il dife une fois la verite ? F 2 -?.Tf S4 LE MARIAGE DE FIGARO; Figaro has a Su^anne^ Je Tavertis de fon danger; c'eft tout ce qu^un honnete homme peut faire* Suzanne bas, As-tu vu le petit Page? Figaro Baf. Encor tout froiffe. Suzanne Bas. Ah , p^caire ! La Comtesse. » Allons , Monfieur le Comte , ils brulent dc s\inir : leur impatience eft naturefle j entrons pout la ceremonie. « L E C O M T E* ^ part. Et Marceline, Marceline {haut) Je voudrais gtre au moins vetu. La Comtesse. Pour nos gens ! eft-ce que je le fuis 2' A C T E SECOND. 85 us m'amenerez le Payfan du billet. B A z p L I. • Eft-ce que je le connais } L £ C O M T E. Vous refiftez ! B A z I L £. Je ne fuis pas entr6 au chateau ^ pour en faire les commiffions. L E C O M T E. Quoi done? B A Z I L E. Homme k talent fur I'orgue du Village, je montre le clavecin a Madame , a chanter ii ks Femmes , la mandoline aux Pages ; & mon em- ploi, fur-tout , eft d'amufer vorre compagnie avec ma guittare , quand il vous plait me Tordonner^ Grippe-Soleil s^avance. J*irai bien , M onfigneu j (i cela vous plaira ? L E C O M T E. ■r Quel eft ton nom , & ton emploi } Grippe <-SoL£iu Je fuis Grippe-»Soleil , mon bon Signeu ; le petit PStouriau des ch^vres , commande pour k feu tfar- tifice. Ceft fete aujourd'hui dans le troupiau ; & je fais ous-ce-qu*eft toute Fenragee boutique k pro* ces du pays. 'a C T E SECOND. 95 L E C O M T E, Ton zele me plait ; vas-y : mais , vous , (^iBa^iU) accompagnez Monfieur en jouant de la gulttare , & chantant pour Tamufer en chemin. U eft de ma compagnie, Grippe-Soleil joymx. Oh , moi ^ je fuis de la. • . . Suzanne tappaifc de la main , tn ltd montrant la Comtefc. B A Z I L E furpris. Que j'accompagne Grippe-Soleil en jouant ? . • . L E C O M T E. C'eft votre emploi : partez , ou je vous chaffe. St i r ■ ■ 3 C i: N E XXI IL Les AcUurs priccdcns cxcepU U ComtCm B A z I L E a lui'-meme. Ah ! je n'irai pas lutter contre le pot de fer ^ moi qui ne fuis • . • . Figaro. Qu'une cruche. B A Z I L E i part. Au lieu d'aider k leur mariage , je m'en vais affurer le mien avec Marceline. (^ A Figaro. ) Ne conclus rien , crois-moi , que je ne fois de retoun ( 11 ya prendre la guittarefur le fauteuil du fond. ) 96 LE MARIAGE D£ FiGAROi Figaro U fuie. Conclure ! oh va , ne crains f ien ; quand memel tu ne reviendrais jamais. . . . Tu n*as pas TaiT en train de chanter; veux-tu que je commence?... allons gai ! haut la-mi-la , pour ma fiancee. ( life met eti marchc a tcculons , danfc en chantant la figuedilU fuivante ; Ba[ile accompagne , & tout U monde U fuit. ) S £ G u £ D I L L £ : ^/r notL Je prdf^re a richefle^ La fagefle De ma Suzon; Zon , zon , zon ^ Zon y zon , zon , Zon y zon , zen ^ Zon , zon , zon* Auffi fa geritilleffe Eft maitreffe De ma raifoh ; Zon, zon, zon, * Zon , zon , zon ^ '^ 2on , zon , zon , Zon , zon , zon. (£e bruit $* eloigner on rimtend pas le iefie.^ %i^i(*^^^ ScJtNE XXIV^ A C T E SECOND. 97 ^— ■*»^M»»»JW»a^-^-^^-^ II M ^ f»mKSi,^i^-^^ . i.. s c i: N E XXIV. SUZANNE, LA COMTESSE: La ComtessE dans fa berghrc^ V o US voyez , Suzanne , la jolle fcene que votre ^tourdi m'a valu avec fon billet. Suzanne. Ah , Madame , quand je fuis rentree du cabinet J fi vous aviez vu 'votre vifage! il s'eft terni tout k i coup : mais ce n'a ete qu'un nuage ; & par degres, vous etes devenue rouge , rouge , rouge ! La Comtesse. II a done faut^ par la fenetre? Suzanne. Sans hefiter , le charmant enfant ! leger . ;; . ; 3 comme une abeille* La Comtesse* Ah ! ce fatal jardinier ! Tout cela m*a remuee au point . • « • que je ne pouvais raffembler deux idees. S U Z A Ni N E. Ah! Madame, au contraire; & c^eA la que jat vu comj^ien I'ufage du grand monde donne d'ai-« fance aux^ Dames comme il faut , pour mentir fan^ qu'il y Tferaiffe. G 9? LE MARIAGE DE FIGARO; La Comtesse* Crois-tu que le Comte en foit la dupe? & s'il trouvait oet enfant au chateau ! Suzanne. Je vais recommander de le cacher fi bien . , . • La Comtesse. II faut qu'il parte. Apres ce gui vient d'arriver, vous croyez bien que je ne luis pas tentee de Venvoyer au jardin a votre place. Suzanne. II eft certain que je n'irai pas non plus. Voili done mon manage encore une fois La Comtesse yj live Attends . . . Au lieu d'un autre, ou de toi , fi j'y allais moi-meme ? Suzanne. Vous, Madame? La Comtesse. II n'y aurait perfonne d'expofe • . . . le Comte alofs ne pourrait nier . . • • Avoir'puni fa jaloufie , ^& lui prouver fon infid^lite ! cela ferait. . . . Allons : le bonheur d*un premier hafard m'enhardit a tenter le fecond. Faij^lui favoir promptement que tu te rendras au jardin. Mais fut-tout que per- fonite * S U Z A N N £• Ah! Figaro. ACTE SECON D.- 99 La Comtesse. Non 5 non. II voudrait mettre ici du fien .... Mon mafque de velours , & ma canne : que j'aille y rSver fur la terraffe. ( Suzanne cntn dans U cabinet dc toiUue. ) S C E N E XXV. La Comtesse fmlt. iL eft affez efFront^ mon petit pro jet ! ( Elk fc ntourne.) Ah le ruban ! mon joli ruban ! je t'oubliais !• ( tile le prend fur fa bergire & le roule. ) Tu ne me quitteras plus .... tu me rappelleras la fcene oti ce malheureux enfant .... Ah T Monfieur le Comte! qu'avez-vous fait ? . . . & moi ! que fais-je en ce moment ? *^ - ' ^ ' "^T tf* — ' SCENE xxri. LA COMTESSE, SUZANNE. La Comtesse met furnvement le ruban dans fon fein. S ir Z A N N E. V o I c I la canne & votre loup. i La Comtesse. Souvlens-toi que je t'ai defendu d'en dire un mot k Figaro. too LE MARIAGE DE FIGARO; Suzanne avec joit. Madame , il eft charmant votre projet. Je vieiw d*y r<5fl^chir. II rapproche tout, termine tput, embraffe tout ; & quelque chofe qui arrive , mon mariage eft maintenant certain. ( ElU baifc U mean dt fa maitrcjft, ) ( ElUs fortent. ) Fin duficond AUt. Pendant Tentr'aSe , dts valets arrangent la fallc Saudicnct : on apporu {cs deux banquettes a doffltr des Avocats , que Von place aux deux cotes du theatre de fagon que le pajfage foit lihre par derriirc0 On pofe une ejlrade a deux marches dans le mili^^ du theatre vers le fond , fur laquelle on place U fauteuil du Comte. On met la table Vu Greffier & fo^ tabouret de cote fur le devant , 6* des fieges pour Brid'oifon & d!autres Juges , des deux cotes de Aj- trade du Comte. A C T E T R O I S I fe M E. loi T-j ■ ..— ^»iAa. e OaAtu— ^ v.^ 4i( ' '^T ^^a^^^ ^^ ?!; ACTE TROISIlfeMEo. Z£ Theatre reprejentc une falle du Chateau , appellee Salle du Trdne & fervant de falle d^ audience ^ ay ant fur le cote une impiriale en dais , 6*. deffous 9 le portrait du Roi. SCENE PREMIERE. LE COMTE , PEDRILLE en vefle & botti tenant un paquu cachete. L E C O M T E vlte, jyi* A s - T u bien entendu ? ' Pedrille. Excellence , oui. ( // fort. ) s c £: N E II. I L E C O M t e feul , criants 1 edrille) lox LE MARIAGE DE FIGARO; S C J^ N E HI. LE COMTE, PEDRILLE ww/2^; Pedrille. Ill XCELLENCE? L E C O M T E. On ne; t'a (pas vu ? P E D R t L L £« Ame qui vive. L E C O M T E. Prenez le cheval barbe. Pedrille, II eft k la grille du potager , tout felle, L E C O M T E. Ferme, d'un trait, jufqu'^ Seville. Pedrille. II n'y a que trois lieues , elles fofit bonnes^ L E C O M T E. En defcendant , fachez fi le Page eft arrive* Pedrille, Dans ITidtpl I A C T E T R O I S I fe M E. 103 L E C O M T E. Oiii; fur-tout depuis quel terns. Pedrille. J'entens. L E C O M T E. Remets-lui (on brevet , & reviens yite. Pedrille. Et s*il n y etait pas ? . ^ L E C O M T E. Revenez plus vite 5 & m'en rendez compte : allex. * S C ^ N E IV, L E C O M T E feul , marchi en revanti « J 'a I fait une gaucherie en eloignant Bazile! .;.; la colere n'eft bonne k rien. — Ce billet remis par lui , qui m'avertit d'une entreprife fur la Comteffe, La camarifte enfermee quand j'arrive. La maitreffe affeftee d'une terreur fauffe ou vraie. Un lK>mme qui faute par la fenetre , & Tautre apres qui avoue.... ou qui pretend que c'eft lui. . . . Le fil m'echappe. 11 y a 1<1 dedans une obfcurite. . . * . Des libertes chez mes Vaffaux , qu'importe k gens de cette 6tofFe t mais la Comteffe ! fi quelque infolent attentait oil m'egarai-j^ ? En verite quand la t^te fe monte , I'imagination la mieux r^glee devient folle comme un reve ! — EUe i5*amufait ; ces ris etoufFes , cettc joie mal eteinte \ <«- Elk fe refpe£le ; & jtion G4 liC4 LE MARIAGE DE FIGARO, honneur . . . . oti diable on Ta plac^ ! De Tautre part oil fuis-je ? cette fripponne ae Suzanne a-t-cUe trahi mon fecret ? comme il n'eft pas encore le fien !,....*. Qui done m'enchaine k cette fantaifie ? j'ai voulu vingt fois y renoncer ..... Etrange effet de rirr^folution Ifi )e la voulais fans debat , je la defirerais mi lie fois moins. Ce Figaro fe fait biea attendre ! il faut le fonder adroitement , ( Figaro parait dans It fond : U s^arrite, ) 5c tScher , dans la converfation que je vais avoir avec lui , de demeler d'unemaniere detournee, s'il eflinflruit ou non de mon amour pour Suzanne, \ S C E KE V. LE COMTE, FIG A,*R O. Figaro a pan. JNous y voili. L E C O M T E. • ••••• S'il en fait par elle un feul mot. . • . < Figaro a part. ' Je m'en fuis dout^. L E C O M T E. ; ^ • • Je lui fais epoufer la vieille. Figaro a part. \as amours de Monfieur Bazile \ A C T E T R O I S I fe M E. lof L E C O M T E. : . . • Et voyons ce que nous ferons d« la jeune* Figaro a part. Ah ! ma femme , s^il vous plait. Le CoMTEyi TctourntM Hein ? quoi ? qu'eft-ce que c'eft ? Figaro s^avanu. Moi, qui me rends k vos ordres. L E C O M T E. Et pourquoi ces mots ? Figaro; Je n'ai rien dit. L E C O M T E riphe» Ma femme , jV/ vous plait ? Figaro. Ceft . . • . la fin d^une reponfe que je faifais : alle^l le dire a ma femme , s^il vous plait. Le CoMTEyi promlne. Sa femme / . . . . Je voudrais bien favoir quelle aflPaire peut arrSter Monfieur , quand je le fais appeller. Figaro feignarit d'ajfurer fon habillement. Je m'etais fali fur ces couches en tombant ; je me changeais. L E C O M T £. Faut-il une heure? so6 LE MARIAGE DE FIGARO^ Figaro. n faut k terns, L E C o H T E. Les domeftiques ici. « • • font plus longs k s'habiller que les maitres ! Figaro. Ceil qu'ils n'ont point de valets pour les y aider, L E C O M T E. ; T • . Je n'ai pas trop compris ce qui vous avait force tantot de courir un danger inutile > en vous jetant. ... Figaro. Un danger ! on dirait que je me fuis engouffre tout' vivant. ... L E C O M T E. Effayez de me donner le change en feignant de le prendre , infidieux valet ! vous entender fortbien qife ce n*efl: pas le danger qui m'inquiete, mais le motif. Figaro. Sur un faux avis , vous arrivez furieux \, rcn- verfant tout , comme le torrent de la Manna ; vous cherchez un homme , il vous le faut , ou vous allez brifer les portes , enfoncer les cloifons ! je me trouve Ik par hafard : qui fait , dans votre empoirtement , fi... . L E C o M T E interrompanu Yous pouviez fuir par FefcaUer. A C T E T R O I S I fe M E. 107 Figaro. Et vous , me prendre au corridor. Le ComtE en cotkre. All corridor ! ( A part. ) Je iri'emporte , & nuls 4 ce que je veux favoir. Figaro a pan. Voyons-le venir , & jouons ferre. L E C O M T £ radouci* Ce n'eft pas ce que je Voulais dire ; laiffons cela; J'avais. ...oui, j'avals quelqu'envie de t'emmener ^ Londre§ , courier de depeches .... xnais toutes reflexions faites. ... Figaro. Monfeigneur a change d'avis ? L E C O M T E. Premierement ^ tu ne fais pas Tanglais* Figaro. Je fais Godrdatn. L E C o M T &; Je n'entens pas« . Figaro. Je dis que je fais God-dam. L E C O IC T E. He bien ? 5to8 LE MARIAGE DE FIGARO; F I G A R 0» ,Diable ! c'eft une belle langue que Tanglais ; U en faut peu pour aller loin. Avec God^dam en Angleterre , on ne manque de rien nulle part. •— Voulez-vous tSter d'un bon poulet gras ? entrez dans une taverne , & faites ftulenient ce geftc au gar^on. ( // tournc la troche , ) God-dam ! on vous apporte un pied de boeuf falc fans pain. Ceft admirable 1 Aimez-vous k boire im coup d'excellent Bourgogne ou de Clairet ? rien que celui-ci. ( // diboucht une bouuiUe , ) God-dam ! on vous fert un pot de biere en bel etain , la moufle ^ux bords. Quelle fatisfaftion ! Rencontrez-vous une de ces jolies perfonnes , qui vont trottant menu , les yeux baiff^s , coudes en arriere , & tortillant un peu des hanches ? mettez mignarde- ment tons les doigts unis fur la bouche. Ah ! God-dam \ elle vous fangle un foufBet de cro- cheteur. Preuve qu'elle entend. Les Anglais , k la verite , ajoutent par-ci , par-1^ j^uelques autres mots en converfant ; mais il eft bien aife de voir que God-dam eft le fond de la langue ; & fi Monfeigneur n'a pas d'autre motif de mc laiffer en Efpagne Le Comte o, paru II veut venir i Londres ; elle n'a pas parle* Figaro a .part. U croit que je ne fais rien; travaillons-le un peu, dans fon genre. L E Comte. Quel motif avait la Comtefle , pour me jouer un pareil tour? r A C T E T R O I S I i M E. 109 Figaro. Ma foi, Monfeigneur, vous le favez mkvac que moi. L E C O M T E. Je la previens fur tout , & la comble de pr^fens^^ Figaro. Vous lui donnez , mais vous etes infidele; Salt -on gri du fuperflu, k qui nous prive du neceflaire ? L E C O M T E. ; . • . . Autrefois tu me difais tout. Figaro. Et maintenant je no vous cache rien; L E C O M T E. Combien la Comteffe t'a-t-elle donn6 pour cette belle aflbciation ? Figaro. Combien me donnates-vous , pour la tirer des mains du Dofteur ? Tenez , Monfeigneur , xi'humi- lions pas I'homme qui nous fert bien, crainte d'en faire un mauvais valet. L E C O M T E. Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours du louche tn ce que tu fais? Figaro. Ceft qu'on en voit par-tout , quand on cherche 4es torts. no LE MARIAGE liE FIGAROi L E C O M T E. Vne reputation deteftable! Figaro. Et fi je vaux mieiix qu'elle ? y a-t-il beaucoup de Seigneurs qui puifTent en dire autant ? L E C O M T E. Cent fois je t*ai vu marcher k la fortune, & jamais aller droit. F I G A H O. Comment voulez-vous ? la foule eft U :. chacun veut courir , on fe preffe , on pouffe , on coudoie, on renverfe , arrive qui peut ; le refle eft ccrafe, Auffi c*eft fait , pour moi j'y renonce. L E C O M T E. A la fortune? (a pan.) Void du neut Figaro. (apart,) A mon tour maintenant. (kaut,) Votre Excellence m'a gratifie de la conciergerie du chateau ; c'eft un fort joli fort : k la verite , je lie ferai pas le courier etrenne des nouvelles intereffantes : mais en revanche , heureux avec ma femme au fond de I'Andaloufie L E C O M T E. Qui t'empScherait de Temmener k Londres? Figaro. II faudrait la quitter fi fouvent, que j'aurals bientot du mariage pardeftus la tete. ACTE TROISlfeME. tit L E C O M T E. 'Avec du caraftere & de refprit, tu pourrais xm jour t'avancer dans les bureaux* F I G A R o. De Fefprit pour s'avancer ? Monfeigneur fe.rit du mien. Mediocre & rampant^ & I'on arrive h tout. L E C O M T E* II ne faudrait qu'etudier un peu ^ fou5 moi, la politique. Figaro. Je la fais. L E C O M T E. Comme Tanglais , le fond de la langiie! Figaro. Oui, s'il y avait ici de quoi fe vanter. Mais J feindre d'ignorer ce qu'on fait , de favoir tout ce qu'on ignore; d'entendre ce qu'on ne comprend pas , de ne point ouir ce qu'on entend ; fur-tout de pouvoir au deli de fes forces : avoir fouvent pour grand fecret, de cacher qu'il n'y en a point; s'enfermer pour tailler des plumes , & paraitre profond , quand on n*eft , comme on dit , que vuide & creux : jouer bien ou mal un perfonnage ; repandre des efpions , & penfionner des traitres; amollir des cachets; intercepter des lettres; & tScher d'ennoblir la pauvrete des moyens , par Timportance des objets. Voila route la politique ^ ouje meure! L E C O M T E. . Eh ! c'eft rintrigue que tu deiinis I Ill LE MARIAGE DE FIGARO; Figaro. La politique , I'intrigue , volontiers ; msus; comme je ' les crois un peu germaines , en faffe qui voudra. Taime mieux ma mie au gui , convne ait la chanfon du bon Roi. Le Comte a part. U yeut refter. J'entenis.... Suzanne m'a trahi, Figaro a paru Je Tenfile & le paie en fa monnaie. L E Comte. Ainfi tu efperes gagner ton proces contre Marceline ? Figaro. Me feriez-vous un crime de refufer une vieille fille, quand votre Excellence fe permet de nous fouffler toutes les jeunes? L E Comte raillant. Au tribunal , le Magiflrat s'oublie ^ & ne voit plus que I'ordonnance. Figaro. • Indulgente aux grands , dure aux petits. . . • L E Comte. Crois-tu done que je plaifante? Figaro. Eh ! qui le fait , Monfeigneur ? Tempo t galan- iuomo , dit I'ltalien ; il dit toujours la verite : c'eft lui qui m'apprendra qui me veut du mal, ou du bien, Le Co^mte A C T E T R O I S I fe M E. iij; Le Comte a part. Je vois qu'on lui a tout dit; il epoufera b duegne. Figaro a pare* II a jou^ au fin avec moi ; qu'a-t-il apprls ? S C JE N E VI. LE COMTE, UN LAQUAIS, FIGARO; Le Laquais annongam. JL/ON Gufman Brid'oifom L E Comte; Brid'oifon> Figaro. Eh! fans doute. C'eft le Juge ordinaire; 1^ Lieutenant du Siege , votre PrudTiomme. L E Comte. Qu'il attende. {^Le laquds fort.1 n 114 LE MARIAGE DE FIGARO; S C Jk N E VI 1. L E C O M T E , FIGARO. Figaro rtfit un moment a rtgardcr U Corner qui riyc* • ••••llsT-CE \^ ce que Monfeigneur voulait? L £ C O M T E revenant a luL Moi ? . . . • )e difais d'arranger ce fallon pour Taudience pubUque. Figaro. He , qu*eft-ce qu'il manque ? le grand fauteuil pour vous , de bonnes chaiies aux Prud'hommes » le tabouret du Greffier , deux banquettes aux Avocats, le plancher pour'le beau nionde,.& la canaille derriere. Je vais renvoyer les frotteurs, ill fort.) s c i: N E VI IT. L E C O M T E feuL XjE maraut m'embarrafTait ! En difputant^ il prend fon avantage, il vous ferre, vous enveloppe. . • . Ah , fripponne & frippon ! vous vous entendez pour me jouer ? foyez amis , foyez amans , foyez ce qu'il vous plaira, j'y confens; mais, parbleu^ pour epoux ACtE fkOt^itUE. tii fr____- ' I SC&NE /X SUZANNE, LE C O M t Ei S U 2 A » N E effhuflie. MoNsEiGNEUR pardon , Monfejgneuf « L E C O M T E arte humeur. Qu'eft^ce qu'il y a , Mademoifelle ? Suzanne. Vous Stes en colere! L E G O M t E;. Vous voulez quelque chofe apparemfiieflt > Suzanne timidementi d'eft que ma rnaitreffe a ks vapeurs. raccotiwls Vous prier de nous prgter votre ilacon d'^fhen ie laurais rapporte dans I'inftanr. L E C O M T E U Itti donhei Non i nort , gardez-le pour vous mSirie : il ng tardera pas k vous atre utile* « , " ne S U Z A N N Ei Eft.ee que lesfemmes de won ^taf orit dec Vapeurs, donc> ceft un mal dfe condition, Vort fte prend que dins les boudoirs. ' ^^ L E C O M t E; C/ne fiancee bien ^prife , & qui perd fon fi,tur.vj Hi ii6 LE MARIAGE DC FIGARO; Suzanne. > En payant Marceline avec la dot que voiis m'avez promife L E C O M T £. Que je vous ai* promife^ moi? Suzanne haijjam Us yeux. Monfeigneur , j'avais era Tentendre. L E C O M T E. Oui 9 fi vous confentiez a m'entendre vous-^ m&ne. Suzanne Us ytux baijfes. Et n'eft-ce pas mon devoir d'^couter (on Excellence } L E C O M T E, Pourquoi done, craelle fille ! ne me Tavoir pas dit plut6t ? Suzanne. Eft-U jamais trop tard pour dire la vcrite } L E C O M T ?. Tu te rendrais fur la brane au )ardin ? • •• Suzanne. Eft-ce que je ne m'y promene pas tous les foirs If L E C O M T £• Tu m'as traite ce matin fi durementl Suzanne. Ce matin ?•!=& le Page derriere le fauteuili ACTE TROISltME. 117 L £ C O M T £• Elle a raifon, je roiibliais. Mais pourquoi Cd refus obftine ^ quand Bazile , de ma part ? , . • • Suzanne. Quelle neceillte qu'un Bazile ? • • . : L E C O M T E. Elle a toujours raifon. Cependant il y a un certain Figaro a qui je crains bien que vous n*ayez tout diti Suzanne. Dame! oui, je lui dis tout — hors ce qu'il faut lui taire. Le Comte en riant. Ah charmante ! Et tu me le promets ? Si tu manquais k ta parole ; entendons - nous , mon coeur : point de rendez-vous : point de dot , point de mariage. Suzanne fifant la riyirmu. Mais aufli , point de mariage , point de droit du Seigneur , Monfeigneur. L E Comte. Oil prend-elle ce c^u'elle dit? d'honneur, j*eii rafoUerai ! mais ta maitreiTe attend le flacon. • • • * Suzanne riant & rendant It fiacon^ Aurais-je pu vous parler fans un pretexte ? L E Comte ytut Vcmbrajfcr. D^licieufe cr&iture! H3 Ii8 LE MIRIAGE DE FIGARO* Suzanne s'cchappe, yoili du inonde, Le Comte a pdrt^ EUe eft i moi, (// s^nfuitC) S U Z A ?J N E. AUons vite rendre compte ^ Madame; tc. ■■■■ ".J." I . . 'j^V i MPl ■ .. 'MJ "fut sy S C £ N E X, SUZANNE, FIGARO, F I Q ^ R O, DuzANNE , Suzanne ! oil cours-tu dpnc fi vit^j ^n quittant Monfeigneur? S U Z A N *N E, Plarde k prefent , fi tvi le veux ; tu Yiens d? gagner.ton proces. {Ei/e s'enfuie.) Figaro la Jfhii,, Ah ! mais , dis done. • . . . A C T E T R O I SI ^ M E. 119 S C £ N E XL L E C O M T E rcntre feuU JL V vitns de gagner ton prods /— Je donnais-Icl dans un bon piege ! O mes chers infolens ! je vous punirai de fa^on.... Un boa arret, bien jufte.... Mais s'il allait payer la duegne.... avec quoi?.... S'il payait.... Eeeeh ! n'ai-je pas le fier Antonio, dont le noble orgueil dedaigne, en Figaro, un inconnu pour (^ niece ? En careflant cette mahie.«. pourquoi non? dans le vafte champ de I'intrigue, il faut favoir tout cultiver , jufqu'^ la vanite d'un for. (// appilU.) Anto.... (// voit entrcr Marcelincy 6*^.) {^11 fort.) ' ■■w^qy;^ !^ ^ 9E s c i: N E XII. BARTHOLO , MARCELINE , BRID'OISON. MarcELINE a BricToifon. JVlONSiEUR, ^coutez mon afFaire. B R I D*0 1 S O N en robe^ ^ & bigayant unptu. Eh bien ! pa-arlons-en verbalement. Bartholo. Ceft une promeffe de manage. Marceline. Accompagnee d'un prSt . d'argent. H 4 ;tio LE MARIAGE DE FIGARO; B R I d'o I S 0«N« Ten-entens ^^ & coetera , le rede. Marcel IN £• Non 9 Mofifieur , point Set cattra. Brid'oison. Ten-entends : vous avez la fotnme ? Marceline. Nod , Monfieur , c'eft moi qui Tai prStie. Brid'oison. fen-entends bien , you-ous redemandez Targent? Marceline. Non ^ Monfieur , je demande qu'il m'epoufe. Brid'oison, Eh , mais , j*en-entends fort bien ; & lui veu-eutr il vous epoufer ? Marceline,. Non , Monfieur ; voili tout le proces ! Brid'oison. Croyez-vous que je ne Ten-entende pas le procds ? Marceline. Non , Monfieur. ( a Bartholo ) Oil fommes-nous ! ( a Brid'oijon ) Quoi c'eft vous qui nous jugerez } Brid'oison. Efi-ce que )*ai a-achete ma charge pour autre tbofe ? A C T E T R O I S I k M E. 121 Marcel IrH E en Jbupirant, C'eft un grand abus que de les vendre ! Brid'oijon, Oui, Ton- on feroit mieux de nous les donner pour rien. Contre qui plai-aidez-vous ? r^y it de ville ^oit trop ban« _*" >24 LE MARIAGE DE, FIGARO; Brid'oison. C'i-eft vous qui TStcs , monfieur le Comte; Mais je ne vais jamais fan-ans eile ; parce que la fonfte , voyez-vous ; la forme ! Tel rit d'un Juge en habit court , qui-i tremble au feul afpeft d'un Procureur en robe. La forme , la-a forme ! Le Comte a CHtuJJltr. Faites entrer Taudience. l'Huissier ya ouvrir en gldpijfame. L'audience, i3s::li^^ s c £ N E xr. Les Acteurs precedens, Antonio, les Valets DU Chateau , les Paysans et Paysannes en habits de fete ; LE CoMTE s^ajjied fur le grand fauteuil , Brid'oisON far une chaife a cote ; LE Greffier fur le tabouret derrihre fa table ; LES JuGES , LES AvOC ATS fur Us banquettes ; M AR- CELINE a cote de Bartholo ; FiG ARO fur t autre banquette; LES PaysanS £T ValETS deboiu derrihre. * Brid'oison a Double - n^ain. JL/o u B L E-M A I N , a-a^ipellez les caufes. D O U B L E - M A I N lit un papier. Noble , tres - noble , infiniment noble , Dom Pedro George , Hidalgo , Baron de Los altos , y montes furos , y otros mantes : contre Ahnip Col-* 1^ ACTE TROISlfeME. 115 'dtron , jeune Auteur dramatique. U eft gueftion d'une comedie mort-n^e , que chacun deiavoue , & rejette fur Tautre. L £ C O M T E. Ik ont raifon tous deux. Hors de Cour. S*il$ font enfemble un autre ouvrage , pour qu'il mar- que un pe]a dans le grand monde , ordonne que le noble y mettra fon nom , le poete fon talent* D O U B L £ - M A I N lit un autre papieu Andre Pitrutchi^ , laboureur ; contre le Receveur de la Province. U s'agit d'un for cement arbitraire. ^ L £ C O M T £« UafFaire n'eft pas de mon reffort. Je fervirai tnieux mes yafiaux ^ en les protegeant pr^s du Roi. Paffez. Double-main en prend un troijikme. Bartholo & Figaro fe Uvent. Barbe ^ Agar ^ Raab , Magdelaine ^ Nicole ^ Mar-^ Celine de Verte^allure , fille majeure ; ( Marceline fe Ihi & falue ) contre Figaro . . . nom de bateme en blanc? Figaro. Anonyme. B R I d' o I s o N. A - anonyme ! Qyxh - el patron eft - ce li; F I G A B. Q. Ceft le mien. DoVBtE-MAIN krit. iContre anonyme Figaro. Qualites?, •-■« , Mn &ite au mariage duciif Figaro^ par laditeL&^yV/^-^/A^re. Le Dofteitf j?^r/Ao/(7 plaidant ppar' fa i^emanderefTe , &c ledit Figaro pour lui-mSip^; fi la Cour le permet , contrtf le voeii de I'ufage, & la'jurifprudence du Siege- a I & A R O- ' L'ufage , ftiaitr^ ^'oi>bIe*main ^ eft fouvent uii abus ; le Client un peu inftruit fait toujours mieux fa caufe, que certains Avocats qui,iuant a (roidi criant a tue tete , & connaiffant tout, hors le feit ^ s'embarraffent auffi peude riiiner le plaldeur , que d'ennuyer TauditoSre , & d'endormirMeffieursr plus bourfoufl& aptes^ queis^ls ^ffent compofe Yoratia pro Murcnfls Mqi je diraije fait en peu de foots^ Meffieurs..,. * ^^ D O U B i. E-M A I N. En voilA beaucoup d'inutjles , car vous n'Stes pas demandeur , & n^avez qxie la defenfe : avancez $ Do&eur ^ & lifez la pro^cnefie. ACTE TROISlfeME. 127 Figaro. Oui , promeffe ! Bartholo mutant fcs lunettes^ EUe eft precife, Brid'oison« I I -II faut la voir. Double-main. Silence done , Meflieurs. l'Huissier glapiffanf^ Silence. * Bartholo ///. Jc foujjigni nconnais avoir ngu dt DemoifclU i &c Marceline de Vertt'ollure , dans U chateau £ Aguas^Fnjcas , la fommc de deux mille piajlres fortes cordonrUes ; laquelU fommt je tui rendrai it fa riquifition , dans ce chdteau ; & je tepouferai , par forme de reconnoiffance , &c, Sign^-, Figaro , tout court. Mes conclufions font au paiement du bil-' let , & ^ Texecution de la promeffe , avec depens. ( Uplaide. ) Meflieurs. • • . jailais caufe plus interef* lante ne fut foumife au }ugement de la Cour ; & depuis Alexandre le Grand ^ qui promit manage k la belle Thal^ftris.. .. L E C O M T E interrompant. Avant dialler plus loin , Avocat , convient-on de la validite du titre ? Brid'OISON a Figaro. Qu^oppo • . . qu'oppo-ofez- vous a cette leftare Y ii8 LE MARIAGE DE FIGARO; Figaro. Qu'il y a , Mei&eurs , maljce , erreur , ou diftrac- tion dans la maniere dont on a lu la piece ; car il n'eft pas dit dans Tecrit : laqtulU fommt je lui nn- drai ET jc Vipouftrai ; mais , laqmllt fommc jc lui rendrMy.OU jc tcpoufcrai; ce qui eft bicn different. L E C O M T E» Y a-t-il ET, dans Fafte , ou bien OU ? Barthqlo. n y sr ET. F I G,A R o# II y a OU. B R I D* O 1 S O N. » ♦ Dou-ouble-malta , lifez vous-meme; Double-main prcnant It papier. Et c'eft le plus siir ; car fouvent les Parties de- guifent enlifant. (Illii). E. e. e. DamoiftlU e. e. e. de Veneallurc e. e. A Ha! laqmllt fommt jt lui rtn- drai a fa rtquijition , dans ct chdttau.,. ET*., OU*'* £7... OU...Lt mot eft fi mal ecrit.,. il y a un p^te. B R I »' o I s o N. Un p5-ate ? je fais ce que cVft. BartHOLO plaidanu Je foutiens , moi , que c'eft la conjonftion copu- lative ET qui lie les membres co-relatifs de la phra- fe; je paierai la demoifellc , ET je Tepouferai. Figaro 1 ACTS T R O I S I t; M E. Hq Figaro plaidam. Je foutiens , moi , que c'eft la conjondion attef- tiative OU, qui f^pare lefdits membres; jepaierat la donzelle ^ OU je T^poufer^ : ^ pedant , pedant & demi ; qu'il s'avife de parler latin , ]y fuis grec ; je rextermine. L E C O M T E* Comment juger pareille queftion ? B' A R T H O L O. Pour la trancher , Meffieurs , & ne plus chicaner fur uil mot , nou^ patfons qu*il y ait OU. Figaro. )'en demande ade. Bartholo. Et nous y adherons. Un fi mauvai^ refuge tie fauvera pas le coupable : examinons le titre en ce fens. ( // lit, ) LaqueUe fommc jc lui rendrai dans u ckduau OU jc Stpoufttai. C'eft ainfi qu'on dirait , Meffieurs : yous yous fcrt:^ faigmr dans ce lit oil vous nftem^ chaudzmtnt : c*eu dans lequel. // pnn-* dra deux gros de rhubarbe oil i^oUs meUre[ un pen de tamarin : dans lefquels on melera. Ainfi chA* tcau oil je tipouferai , Meffieurs , <^'^ chattau^dang lequeL . • . ' F 1 G A IL O. Point du totit ! la phfaft eft dans te iens de celfe- ci : OU la maladie yous tuera , ou cefeta U Mideiinj Ou bien le Medecin ; c'eft inconteftable. Autre exemple : Oii yous rUcrire^ ricn qui plaife , ou les fots yous dinigreront ; CNi bien lesfots ; le fen^ eft I L '130 LE MARIAGE DE FIGARO; clair ; car , audit cas 9 fots ou michants , font le fubilantif qui gouverne, Maitre Bartholo croit-il done que j'aie oublie ma fyntaxe ? ainfi , jela paierai dans ce chSteaii y virgule j ou]e I'epouferai Bartholo viu. Sans virgule. Figaro viee. EUe y eft. C'eft, virgule , Meffieurs , ou bien je r^pouferai. Bartholo regardant le papier : vttc. Sans virgule , Meflieurs. Figaro vUe. Elle y etait , Meffieurs. D'ailleurs , Thomme qui epoufe eft-il tenu de rembourfer ? Bartholo vtte^ Oui ; nous nous marions fepares de biens^ Figaro vtte. Et nous de corps , des que mariage n'eft pas ijuittance. ( Les jugesfe Ikvent & opinent tout has,) Bartholo* Plaifant acquittement ! D O U B I. Ef-M A I N« ' Silence , Meffieurs. l' Ru I s S I E R glapifant. Silence. A C t E t H O I S I fe M £. tjt BARTHOEOt Uji pareil frippon appelle cela payer fes dettes'l Figaro. £ft-ce YOtfe caiife, Avocat, que vous plaidcz^ Bartholo. Je defens cette Demoifelle* * Figaro* Contlnuez 4 deraifonner ; mais ceflez d*injurief * Lorfque, craignant remportement des plaidetirs , les Tribiinaux cot toler^ qu*on appelUt des tiers ; ils n'ont pas entendii qite ces aefenfeur^ moderes ^ deviendraient impunement des infolens privilegies^ C'cft degrader le plus noble inftitut. ( Les juges continu&nt (Copincr bAs» ) Antonio a Marcdinc^ Tfiontrant Usjuges^ Qu ont-ils tant S balbucifier ? Marceline. On a corrompu le grand juge , il cJotronlpt 1 Wre , & je perds men proces. Bartholo bas , ituri ton fombre^ Ten ai peun Figaro gaUtnenit Courage , Marceline I D O U B L E-M A I N yi live I a MdrcitirU. Ah, c'eft tiJdp fbrti je vous denonce , & pbitf IHonneur du Tribunal , je demande^qu'avant fairfe ^oit fur Tautre affaire , il foit prononce fur celle-ci* 1 1 131 LE MARIAGEDE FIGARO; L E C O M T E S^ajpcd. Non.y GrefEer', je ne prononcerai point fur mon injure perfonnelle : un juge efpagnol n'aura point ^ rougir d^un exces digne au plus des tribunaux aiiatiques : c'eft' aflez des autres abus ! }*en yais corri^er un fecond en yous motivant mon airSt : tout ]uge qui s'y refufe , eft un grand ennemi des lois. Que peut requ^rir la demanderefle ? nariage ii d^faut de paiement ; les deux enfemble impliqud? raient. DOUBL£»MAIN» Silence , Meffieurs. l'HvissIER glapifant. Silence. L E C O M T £• Que nous repond le defendeur? qu'il veut garder fa perfonne ; k lui permis, Figaro avec joU. J'ai gagn^. L E C O M T E. Mais comme le texte dit : laquellc fomtnt }e paierai a la premiere requijition y ou bien yipouftraiy &c. La Cour condamne le defendeur k payer deux mille piaflres fortes , k la demandereffe ; ou bien k Tepoufer dans le jour. {II fi live. ) Figaro fiupifait. Pai perdu. .1 -. ' Antonio avic joU; Superbe arr8t« ... .*« A C T E T R O I S I i; M £• 13J Figaro. En quoi fuperbe ? Antonio. En ce que tu n'es plus mon neveu. Grand merci^ Monfeigneur. l'HuiSSIER' glapijfanu Paflez, Meflleurs. (^Lc peupU fort.) Antonio. Je m*en vas tout conter k ma nifece. ( It fort. ) I I !;=g= ^Vtf^ SCENE XVI. LE COMTE, allant de coti &■ it autre ; MARCEUNE , BARTHOLO , FIGARO , BRID'OISON. MarC£LINE s'aflicd. All ! je refpire. Figaro. Et moi,.j*etoufFe. L £ C O M T £ apart. Au moins je fuis veng^ , cela foulage. Figaro a part. . Et ce Bazile qui devait s'oppofer au manage de Matceline ; voyez comme il revient ! — ( -^n Comtt qui fort. ^ Monfeigneur ^ vous nous quittez ? 1 134 LE MARIAGE DE FIQi^RO; L £ C O M T £• Tout eft juge. Figaro a Brittoifoh. C'eft# ce gros enflii de Confeiller^ . , • • • , • Brid'oison. Moi , gro-os enfle ! Figaro. • ' — Sans doute. Et je ne I'epouferai pas : je fuis GentUho^me une, fois, ( i^ Comu s^aniia. ) Bartholo. * ' * • * Vous Tepouferez. -Figaro, Sans Taveu de mes nohles parens ? Bartholo* Nommez-les , montrez-les, . F l.G,A ?^ Q,. , . Qu'on me donne un pen de terns : je fiiis bien pres de les revoir ; il y a quioxe ans qiiei je J« cherche. B A R T H O L O. Le fat ! c'eft quelqu enfant trouve J ^ Figaro, Enfant perdu , Doftfeur , 6u plutojt enfant vole, L E C 'o isi T E rcvient. VoU , perdu , la prcuve ? il cri^rait qu*Ofl Uu feu injure; A C T E T R O I S I fe M E. 135 Figaro. Monfeigneur , quand les langes k dentelles ;; tapis brodes & joyaux d*or trouves fur moi par les brigans , n'indiqueraient pas ma haute naifTance ; la precaution qu'on avait prife de me faire des mar- ques diftinftives^ temoignerait aflez combien *j!e- tais un fils precieux : & cet bieroglyphe k mon bras. . • • ( // veutjc depouilUr It bras droit. ) Maitceline ft Itvant vivtmtnt. Une fpatule ^ ton bras droit? Figaro. D'oii favez-vous que \t dois Pavoir \ Marceline. Dieux ! c'eft lui ! Figaro. Oui , c'eft moi. ^^ » Bartholo a Marulint. Et qui ? lui ! Marceline vivtmtnt. C'eft Emmainuel. BARTjioto a Figaro. Tu fus enleve par des Bohemiens ? •Figaro txaltL Tout pres d'un Aateau. Bon dofteur , fi vous me rendez k ma npble famille j mettez un prlx k ce fervice ; des monceaux d'or n'arreteront pas mes illuftres parens. , I4 ;i36 LE MARIAGE DE TIGARO, Bartholo montram Marccline^ Yoili ta mere. Figaro, i • . . Noiirrlce ? Bartholo, • * 4 Ta propre .mere, ,^ L :s C o M T E. Sa mere J . : Figaro* Expliquez-vous. Marceltne montrant Banhdla^ VoiU ton pere. Figaro difoU; O o oh ! aye de inoi. M A R C E L I N E, * * • . •„ • . * Eft-ce que la nature ne te I'a ps^s dit miUe ion} ' . F I G A R 0/ Jamais, . LeComte a part^ Sa m^re ! ' - • • B R I D* O I S O N, C'eft clair, i-il n$ Tepoufera p^ A C T E T R O I S I t M E. 137 ^ B A R T H P L O. ^li moi non plus* Marceline, Ni vous 1 & votre fils ? vous m'aviez juri...; Barth«olo, J'etais fou. Si pareils fouvenirs engageaient i on ferait tenu d'^poufer tout 1q monde. Brid'oison. E-et fi Ton y regardait de fi pr^ , per-er- ionne n'epouferait perfonne. Bartholo. Des fautes fi conniies ! une jeunefTe deplorable ! Marc^LINE s^echauffant par degrcs. Oui , deplorable , & plus qu'on ne croit ! Je n'en- tens pas nier mes fautes ; ce jour les a trop bien , prouvees ! mais qu'il eft dur de les expier apres trente ans d'une vie modefte ! J'etais nee , moi , pour etre fage , ,& je la fuis devenue fitot qu'on m'a permis d'ufer de ma raifon, Mais dans I'Sge des illufions , de Tinexperience 8c des befoins , oil les fedufteurs nous afliegent , pendant que la mi- sfere nous poignarde , que peut oppofer une enfant k tant d'ennemis raffembles? Tel nous juge ici feverement , qui ,. peut - Stre 9 en fa vie a perdu dix infortunees! g^ Ce qua fuit , enfertn^ entre ces deux index , a 6U rttranch^ (ar 1^ Com^dieos Frao9ais aux fepr^fcntations de Parif* 138 LE MARIAGE DE FIGARO; ' Figaro. Les plus coupables font les moins g^n^rettx; c'efl la regie. Ma^CELINE viyimcnt. Hommes plus qu*ingrats , qui fletriffez par le mepris les jouets de vos paflions , vos vidimes ! c'eft vous qu'il faut punir des erreurs de notre jeuneffe; vous & vos magiftrats , fi yains du droit de nous juger , & qui qous UiHient enlever , par leur cou- pable negligence , tout honnete moyen de fubfifter. Eft-il un feul ^at pour les malheureufes fillesPElles avaient un droit naturel k toute la parure des fem- ta^s : on y laiffe former mille ouvriers de Tautre fexe. Fig A*R O en colore* Us font broda: jufqu'aux foldats ! Mar CELINE txaltie. Dans les rangs meme plus eleves , les femmes n^obtiennent de vous quune <:onfid6ration d^ri- foire ; leurees de refpefits apparens , dans une fer- vitude reelle ; traite^s en mineurcs pour nos biens ^ puriies en majeures pour nos fautes ! Ah, fous tous les afpefts , votre conduite avec nous fait hprreur, oil pitie 1 F J G A B. O. Elle a raifon ! •> Le Comte a part. Que trop raifon 1 . . i . A C T E T R O I S I fe M E. 135 B E I d' O I S O N. V Elte a, mofl-on dieii, raifon. Marceline. Mais que nous font ^ mon fils 5 les refus d*un .homme injujfte? ne regarde pas d^ak tu viens, voiso^ tnyzs ; cela feul importe k dkacitn. Dans 3uei€|ues niois ta fiancee ne d^ndra ]4us que 'elU -. in€i»e ; clip t'afceptera , j'en repons : vis . entre une epoufe, ime mere tendres qui te che- Tiront a qui mieux-mieux. Sois iridulgent poUr el les , heureux pour toi ^ mon i^ls ; gai , libre & bon pour tout le mpndp : il ne mariquera rien ^ ta'jnere. Figaro. \ , • .Tu paries d'pr , «iam^n , & je me tiens k ton avis. Qu'on eft fot en. efFet ! il y a des mille mille ans que le monde • roule , & dans cet oc^an de duree oil j'ai , par.hafard , attrape quelqu^. chetifs trente ans qui ne revifendrorit plus , firais me tourmenter pour favoir k qui je les dois ! taot fus pour qui s^en inquiet^. Paffer aitlii ta vie k charaailler^ c'eft pefer- {m le collier &ns relache conHne les malheureux chevaux de' la remonte des fleuves , qui ne, reppfent pas 9 mSme quand ils s^arretent , & qui tlrent toujours ; quoiqu'ils cef- ifj^ die marcher. Nous atten(£r(Mis. ^ ^ • • • L E C O M T E, Sot ev^nement qui me derange ! Brid'oison a FlgarOi Et la nobleffe & le chateau ? ^vous impo-ofez k la juftice}' 140 LE MAR I AGE DE FIGARO^ Figaro. EUe allalt me faire faire untf belle fotife, h juitice ! apr^s que j'ai manqu6 , pour ces maudits cent ecus , d'aflbmtner vingt fois Monfieur , qui fe trouve aujourd'hui men pere ! Mats , puifque le del a fauvej ma vertu de ces dangers; mon pere , agreez mes excufes.* . . Et vous j ma m^re , embr^- fez<-moi .... le plus maternellement que vouspourrez. ( Mareelinc luifauu au cou* ) I ■ n ir 3B9» S C & N E XVII. BARTHOLO, FIGAJIO , MARCELINE, BRID'OISON, SUZANNEj ANTONIO, LE COMTE. Suzanne accourant j unc bourfc a la main* JVloNsEiGNfiURy arrStez; qu'on ne les marie pas .- je yiens payer Madame avec la dot que ma jnaitreffe me dohne. • Le Comte a part. Au diable la maitrelTe ! II femble que tout confpire. . . • {II fort. ) ^'^V^ W A C T E T R O I S I ^ M E. 141 . 1 " I fW S C £ N E XVII L BARTHOLO, ANTONIO, SUZANNE; FIGARO, MARCELINE, BRID'OISON. Antonio voyant Figaro tmhrajftr fa mire \ dit a Suzanne. • • • •TXH y oui payer ! Tiens, tiens. SuzANNB fc raoumti J'en vols aflez : fortons , mon oncle. Figaro tarritant. Non , s'il vous plait. Que vois-tu done ? S U Z A N K B. . Ma batife & ta l^chete. F I (} A R o; Pas plus de I'une que de I'autre. Suzanne tn cotkrt. Et que tu I'epoufes ^ gre puifque tu la carefles* F I p A R O gaitrtunu Je la carefle ; mais je ne P^poufe pas* ( Su\annt vtut fortir ^ Figaro la rctUnL ) Suzanne lui domic un fouffltt. yous Stes bien infolent d'ofer me retenir! 141 LE MARIAGE DE FIGARO,^ Figaro i la compagnU* ' Ceft-Il qk de Tamour ? A vant de nous quitter ; je t'en fupplie , envifage bien cette chere femme-Ii* Suzanne* Je la regarde. Figaro. Et tu la trouves ? S U Z A N N E« Affreuf<^« F 1 e A R o; Et vive la jaloufie I eHe ne voiis marcfiande pa*t Marceline les bfas ouvtrts. Embraffe ta m^re , ma jolle Suzanette. Le ml- chant qui\e tourmenfe ^fl mon fils. Suzanne court a^dU* ! . ' . « Vous fa mere ! f^ElUs n/Unt dans Us bras Cunt de t autre, ) Antonio. •• » . . ■ .• C-cft done de tout k Theijre } . F r 6 A R o« • • . . Que je le im^ m M A R c E t t N E cxattie. Nop, jnori coaxt entrain^ vers lui, ne fe tromp^k que ■»» SCENE PREMIERE. FIGARO, SUZANNE. « Figaro la tenant a bras le corps. x\ i tien ! amour , es-tu contente ? elle a convert! fon Dofteur , cette fine langue doree de ma mfere I malgre fa repugnance , il lepOufe , & ton bouru d'oncle eft bride ; il n^ a que Monfeigneur qui rage ; car enfirt notre hymen va devenir le prix da leur. Ris done un peu de ce bon refultat, Suzanne. As-tu rien vu de plus etrange ? Figaro. Ou plutot d'axifli gai. Nous 'du brevet. La Comtesse ayec- un fouvenir dbulourefix^ Ahl ' '• Suzanne i;kerche fur elk^^ • . , Je n'ai pas d'^Bingle ^ fir4feist ! La ^Comtesse ditache fa /m/^. Prens celie-ei. \Lt*ruban-du Page ttunbe dt fm fein a terre. ) Ah mon ruban I * — • ACTE QUATHlfeME, ||| SUZANN£ U ramaffc^ Cefl: celui du petit yoleur ! vQus avez cu la fruaute ? . . . . La Comtesse. Fallaitril le laiffer i fon bras ? c'eut ete joli! donnei tjonc ? 5 tr Z A N N E. Mddaixie ne le portera plus 9 tach? du f^ng de ce jeune homme. ' La Cqi^7£SSE /f repnnd. Excellent pour Eaachetle . .;« . ie premier bouquet • qv'elle m'apportera, S C Jk N E IV. Une jeune Berg^re^ Cherubin enfilU. Fanchette fi* btaticoup dc jcuncsfilUs habilr lies commt dUy & unant dts bouquw* LA COMTESSE, SUZANNE, F A N C H E T T*E. JVIadame , ce font ks filles du boiiirg qui vien«% Hent vous prefeater des fleurs. La ComtessE ferrant vitc Jon ruban. Elles font charmantes : je me reproche , nies belles petites , de ne pas vous connaitre toutes, ( Montrant Clurubin.) Quelle eft c^tte aiinable enfan^ qui a Tair ii modefte } 156 LE MARIAGE DE FIGARO; UNfi Berg^re. C'eft une coufine k moi , Madame , qui n'eft let que pour la noce. La Comtesse. Elle eft jolie. Ne pouvant porter vingt bouquets,' fefons honneur i Tetrangere. ( EllcprendU bouquet de Ckirubin & U baifc mi front. ) Elle en rougit ! ( a SuianiUj) ne trouves-fu pas j Suzon^ . • • • qu'elle reffembie k quelqu'un? S U Z A N K £• A s'y meprendre , en verite. Ch^RUBIN a part , Us mains fur fon cotur. Ah ! ce baifer-l^ m'a ixi bien loin ! *m/k S C i. N E V. Les jeunes Filles, CHl^RUBIN au milieu cCdUsf FANCHETTE , ANTONIO , LE COMTE, LA COMTESSE, SUZANNE. ft Antonio. iVl o I je vous dis , Monfeigneur , qu'il y eft ; elles Tent habille chez ma fille ; toutes fes hardes y font encor , & voili fbn chapeau d'ordonnance que j'ai retire du paquet. ( // s^avancc , & regardant toutes les filles il recormatt Cherubin , lui enlive Jon bonnet dc femmc , ce qui fait retomber fes longs cheveux en cadenette. 11 lui met fur la lite le chapeau Jtordonnance , & dit : ) Eh parguenne ^ v'U notre officier. A C T E Q U A T R I i M E. 157; La Comtesse ncuU. Ah ciel! Suzanne. Ce fripponneaul Antonio, Quand je difais li haut que c'etak lui ! . ; ; J Le Comte en colirem 116 bien , Madame ? La Comtesse. H^ bien , Mbnfieur ! vous me voyez plus furprife que vous 9 &, pour le moins, aufli fachee. L E Comte. Oui ; mais tantot , ce matin } La Comtesse. Je ferais coupable en effet , ii je diffimulais en-^ cor. II etait delcendu chez moi. Nous entamions le badinage que ces enfans viennent d'achever; vous nous avez furprifes ITiabillant : votre premier mouvement eft fi vif ! il s'eft fauve , je me fui$ troublee , Teffroi general a fait le refte. L e Comte avec dipit a Chirubini Pourquoi n'etes-vous pas parti ? CniRUBiN otant fon chapcau brufqutmcnil Monfeigneun . . . , L E C O M T £« le punirat ta ddfobeiflanc^^ 15^ LE MARtAGE DE tlGAkOt^ Fanchette drourdimenti Ah , Monfeigneur , entendez-moi. Toutes le^ fois que vous veitez m'embraffer , vous favez bien que vous elites toujours : Si tu veux m^almer^ pctiu FancJutu , je u dotiHcrai cc que tu voudrasi L fi C O M T £ rougLffantk Moi ! j'ai dit cela ? Fanchette. Oui , Monfeigneur. Au lieu de punir Ch^nibin ^ donnez - le liioi en manage ^ & J^ vous aimerai k la foli«. Vyl COMTE €i paru Etre enforcet^ par iln Page I La CtiMTESS]^. He bien ! Monfieur , J votre tour ; Taveii de c&f tef etif^t y ^i£fi naif que le ttiien , attefte eAfiti d^ux Verites; que e'eft toujours fans le irodair^ fi )e vous eaufe des inquietudes; pendant que VOtfS dfpilifti: tout, pour augmenter & juilifier led i^ienfteSk Antonio. « _ _i « Vofts aufli , Monfeigneur ? IXaflfi^ ! je vdiis la redrefferai comrtie feue fa mere, qui eft morte...* Ce n'eft pas pour la confequence ; mais c'eft que Msrisii^e^ {iit bi^ quer le$ petites fitks ^ qflalid elles font grandes L E C O M T.E deconctrtl y a part, II y a un mauvais g<§nie , qui touriie tout ici contre moi ! 5^ ACTE QUATRIJfeME. i s c i: N E VL Les jeunes Filles, CHJ&RUBIN; ANTONIO, FIGARO, LE COMTE^ LA COMTESSE, SUZANNE. Figaro. JVloNSEiGNEUR, ii vous rdtcnez nos filles^ on ne pourra commencer ni la fete', ni la danfe. L E C O M T E. Vous , danfef ! vous n*y penfei pas. Apr^s vof re chiite de ce matin , qui vous a foule le pied droit 1 Figaro nmuant la jambe. Je fouffre encore un peu ; ce n'eft rien. ( Aux jtunts filles. ) Aliens , mes belles ^ allons. Le Comte/^ rctoume. Vous avez ^te fort heureux que ces couches ne fufTent que du terreau bien douxi Figaro. Tres-heureux , fans doute ; autrement . • ; Antonio U retGurm. m Piui'il s'eft pelotonne eh tombant jufcju'en ba$« Figaro. Un plus adroit, n*eft-ce pas , ferait refte en Tair! ' (^Aux jcuncs filles,^ Venez-vous , Meidemoifelles } i^ 1^0 LE MARIAG£ DE FIGARO; Antonio U rttoume. £t pendant ce terns ^ le petit Page galopait fuf ion cneval ^ Seville? Figaro. Galopait 9 Ou marchait au pas!.*.* Le CoMTE k rttourru. Et yous aviez fon brevet dans la poche t F I G A ll O an peu itormi^ Aflur^ment ; mais quelle enqudte ? ( Aux jtunti flits J) Aliens donc> jeunes fillesl Antonio attirant Chiruhin par U bras. En voici une qui pretend que men neveu futuf n^eft quW menteur* Figaro furprlsi Cherubin'! ... {a pan) Pefte du petit fati Antonio* Y es-tu maintenant? Figaro cherchanu fy (uis... j'y fuis— He qu'eft-ce qu'il cbante^ L E C O M t £ Juh$ment. II ne chante pas ; il dit que c'eft lui qui a faut^ fur les giroflees. Figaro rivant. Ah s'il le dit cela fe peut 1 je ne difpUtd pas de ce que j'ignore. L E C O M T £. Ainfi vous & lui ?•.♦.» fiGARd; i . 1 A G T E Q U A T R I fe M 1. i^i t Figaro* Pourquoi non ? la rage de fauter peut gagner i Voyez les moutons de Panurge ! & . quarid voiis 6tes en colere , il n'y a perfonne qui n*aime mieux rifquer L E C O M T E. Comment , deux k la ifois ! • ^ • & Figaro. On aurait faut^ deux douzaines; & qu'eft-ce que cela fait, Monfeigneur , des qu'il n'y a perfonne de blefll6? i^Aux j cunts filUs.) Ah 5^^ voule^-vous venir , ou non ? L E C O M T iE outre. ,.'-^ Jouons»-nousune com^die? (0>z mrwrfwn^reVtt^ dc fanfare. ) Figaro. Voili le fignal de la marche. A vos poftes; les belles , i iros poftes. Allonis , Suzanne , donng- inoi le bras. ( Tous senfuient , Chirubin r^Jle feut la the haiffce.) SCENE VI L CHtRUBIN > LE COMTE ^ LA COMTESSE* L E C O M T £ rtgardarit aller Figaro. JlL n voit - on de pius audacieux ? ( Au Page.) Pour vous 9 mdnfieul" le fouriiois , qui faites Id lionteux ; allez vous r'habiller bien vite , & qutf |e lie VQiis tencontr^ nuUe part de la foir^e* •1 i6i LE MARIAGE DE FIGARO; La Comtesse. 11 va bien s'ennuyer. ChERUBIN itourdimcnt. M'ennuyer ! j'emporte ^ tnon front du bonheur pour plus de cent annees de prifon. ( // ma fon chapeau & s\nfuit.) s c £: N E Fin. LE COMTE, LA COMTESSE. La Comtesse sUvenu forumtm fahs parltr. L E C O M T E< Q u'a-t-il au front de fi heureux? La Comtesse avtc embarras. Son.... premier chapeau d'officier , fans doute; aux enfans tout fert de hochet. (£//e vcut fortir.) L E C O M T E. yous ne nous reftez pas , Comteffe } La Comtesse. Vous favez que je ne me porte pas bien; L E C O M T E. Un inftant pour votre protegee , ou je voiis croirais en colere. A C T E Q U A T R I fe M £. i(J^ La Comtesse. Voici les deux noces , affeyons-nous done pout les recevoir* Le Comte a part. La noce ! il faut fouffrir ce qu'on ne peut empecher. Lc Comte & la Comtejfc s'afftycnt vers un des cotes de la gaUricm s^Viaftftr S C M N E IX. LE COMTE, LA COMTESSE, afis ; Von jout les folics d^Efpagne £un mouvement dc marck$^ (Symphonic notee.) M A R C H £. Les Gardes^Chasse, 7%?/ y^r tipauU, L'Alguasil. Les Prud'hommes , Brid'oisow; Les Paysans et Paysannes m habits dc fite. Deux JEUN^S Filles portant la toque virginaU a plumes blanches. Deux autres , U voile blanc* Deux autres , les gants & le bouquet de cotL Antonio donne la main a Suzanne , comme etam celui qui la marie a FiGARO. D' AUTRES JEUNES FiLLES portent une autre toque ^ un autre voile , un autre bouquet blanc ^ femblaiUs 0UX premiers ^ pour Marceline. L % i64 LE MARIAGE DE FIGARO; Figaro donne la main a Marceline ^ commt celui qui doit la nmettrt au DoCTEUR, Uqucl fcrm la marche ^ un gros bouquet au cote. Lcs jeums filles , tn pajfant dtvant Ic Cemtt , remtttent a fes valets tous Us ajujkmens dejiinis a SUZANNE & a Marceline. Les Paysans ET PaysANNES s^ctant ranges fur deux colonnes a chaque c6ti du fallon ^ on danfi une reprife du fendango ^ (air note) avec dcs cajiagnettes; puis on joue la ritournellt du Duo^ pendant laquelle AntONIO conduit SuZANNE au COMTE ; tile fe met a genoux devant lui. Pendant que le Comtc lui poft la toque , le voile i & lui donne le bouquet ^ deuxjeunes filles chanttnt U Duo fuivant : ( Air note.) Jeune Epaufe , chantez les bienfaits & la gloire D*an Maitre qui renonce aux droits qu*il eut (ur vous: Prdferant au plalfir la plus noble vidoire , 11 vous rend chafte & pure aux mains de Votre ^poux* Suzanne efi a genoux ^ & , pendant Us demiers vers du Duo , elU tire le Cemte par f on maateau^ & lui montre le billet quelle tient : puis elUporte la main qu^elle a du cote des SpeSateurs 9 a fa tete 9 oil le Comte a fair Jdajufier fa toque ; ells lui donne le billet.. Le Comte U met furtivemeht dans fon fein ; on ackhe de chanter le Duo; la Fiancee fe relhvt^ & lui fait une grande reverence. Figaro vient la recevoir des mains du Comte i & fe retire avec elk a t autre cote du fallon^ pris de Marceline. ( On danfe une autre reprife du fendango , pendant ce tems.) A C T E Q U A T R I fe M E. i6j Le Comte pre^ delire ct qiCil a regu ^ s*avanee au bord du thiatrcj & tin U papier de fonfein; mais en le for tone il fait U gefle d^un homme qui s'ejl cruellement pique le doigt ; il le fecoue , U prejfe ^ le fuce ^ & ^ regardant le papier cachcti (Cune ipingle y il dit : L £ C O M T £• ( Pendant quil park , ainfi que Figaro ^ Vorchefire joui pianiffimo.^ JLJ I A N T R E foit des femmes , qui fourent des epingles par-tout! {Il la jette a terre^ puis il lit Ic billet & le baije.) Figaro qui a tout vu y dit a fa mire & a Suzanne : Ceft un billet doux, qu'une fiUette aura glifle dans fa main en paiTant. II etait cachete d'une ipingle y qui I'a outrageufement pique* La danfe reprend : le Comte qui a lu le billet le retourne^ il y voit t invitation dc renvoyer U cachet pour riponfe. II cherche a terre , & retrouve enfin V ipingle ^ quil attache a fa manche, Figaro a Suzanne & Marceline. D\m objet aime tout e{( cher. Le voil^ qui ramaffe Tepingle. Ah, c'eft une dr61e de tete! Pendant ce tems , Suzanne a des fignes (Tintelli^ genceavec la Comteffe. La danfe Jihit , la ritottr** tulle du Duo recommence. Figaro condiut Marceline au Comte , ainfi qt^on a conduit Suzanne ; a tinjiant oh It Comte prend la toque ^ & oii Con va chanter U Duo y on cfi interrompu par les cris Juivans : L 3 ^66 LE MARIAGE DE FIGARO, l'Huissier criani a la pone. Arr8tez done , Meffieurs ! vous ne pouvez entref tous Ici les gardes 9 les gardes. {^Le$ gardes yont vite a cttu pom.) Le CoMTEy^ Uvanu Qu*eft-ce qu'il y a? l'Huissier. Monfeigneur , c'eft monfieur Bazile entoure d'un village entier , parce qu'il chante en marchant. L e C o m t X. Qu'il entre feuU La Comtesse. Ordonnez-moi de me retirer, L E C O M T £• Je n'oublie pas votre complaifance. La Comtesse. Suzanne?... elle reviendra. i^ A part a Suzanne.) AUons changer d'habits. {Elle fort avec Sujanru.) M A R C £ I. I N £•- • 4 ; n n'arrive jamais que pour nuire. Figaro. Ah ! je m'en vais yous le faire dechanter! A C T E Q U A T R I E M E. 167 S C M N E X. TOUS LES ACTEURS PRECEDENS, excepic la Comtejfc & Suzanne ; B A Z I L £ tenant fa guittan ; GKIVVH'SOLEIL. B A z I L £ cntre en chantant fur Pair du Vaudzvilh dc la fin. ( Air note. ) cc Coeurs fenfibles , coeurs fl deles , 9> Qui blamez Tatnour leger ; » CefTez yos plaintes cruelles : i> £{l-ce un crime de changer? 7% Si Tamour porte des ailes , » N'eft-ce pas pour voltigcr ? » N'eft-ce pas pour voltiger? » N'efl-ce pas pour voltiger ? ri Figaro s^avance a lu'u Oui , c'eft pour cela juftement qu'il a des ailes au dos. Notre ami, qu'cntendez - vous par cette mufiqiie ? . B A z I L £ montrant GrippC'SoUiL ■ Qu'apres avoir prouve mon obeiffancc k Mon- feigneur, en amufant Monfieur, qui eft de fa compagnie ; je pourrai , k mon tour , r^clamer fa juftice. Grippe-Soleil. Bah! MonHgneu! il ne m^ pas amufe du tout: avec leux guenilles d'ariettes. . . . L4 46» tE MARIAGE DE FIGARO^ L E C O M T £. £nfin , que Fernandez- vous , Ba^le ? B A z I L E. Ce qui m'appartient , Monfeigneur , la main Ae Marceline ; & ie viens m'oppoler. . • • Figaro s'approchc» Y a-t-il Ipngrt^ms que Monfieur n'a Wt la figure d*un fbu ? B A Z I t E. Monfieur , en ce moment m^me. Figaro. Puifque mes yeux vous fervent fi bien de miroir,^ 4tudiez-y TefFet de ma prediftion. Si vous faite^ (nine feulement d'approximer Madame. . . • Bartholq en riantn ]Eh pourquoi } laiffe-le parler. Brix)*OISON iavamc cntrc dcuxi Fau r aut - il que deux amis ? • . . • F I G A R q: l^ous amis ! B A z I L £. Quolle erreur I Figaro viu. Parce qu'il fait de plats airs de chapeUe \ B A z I L E viu. * ]f t lui des vers comme un Journal \ ' 4 Figaro vttc, \ivi muficien de guinguettel. "J' A C T E Q U A T R I t M H; 169 B A Z I L B viu^ Ua poflillon de gazette ! Figaro viu. Cuiftre d'oratorio ! ^ B A z I L B viic: Jockey diplomatique! Lb Comte ^j^. Infolens tous les deux ! B A z; I L E. Q me manque en toute occafion; F I G A K. Q. C*eft bien dit , fi cela fe pouvait ! B A Z I L E. Pifant par-tout que je ne fuis qu'un fot. Figaro. Vous me prenez done pour un echo } B A z I L £• Tandis qu'il n'eft pas un chanteur que mgn talent n'ait fait brill^r. F I G A R Q. BraiUer, B A Z I L E« II le r^p^te ! F I G A R ei« Et pourquoi non , fi cela eft vrai? Es-tu un prince pour qu'on te flagorne ? SoufFre la verite , coquin ! puifque tu n'as pas de quoi gratifier un menteur :« ou^fi tu la Grains de notre part 9 pourquoi viens-tu ti:<^ubler nos noces } 170 LE MARIAGE DE FIGAROi B A z I i £ a Marcelint. M'aviez- vous promis , oui ou non y fi dans quatre ans vous n'^tiez pas pourvue , de me donner la preference } Marceline* A quelle condition Tai-je promis? B A z I L £. Que fi vous retrouviez un certain fils perdu , je Tadopterais par complaifance. Tons tnftmhU. n eft trouve. B A Z I L E« Qu's^ cela ne tienne, Tous tnftmbU , montrant FigarOm Et le* voiei. B A z I L E reculant dt fray tun fai vu le diable ! B R I d' O I s O N ^ Baiilc. Et vou-ous renoncez; k fa chere mere I B A z I L E« Qu*y aurait-il de plus facheux que d'etre cru le pere d'un ^j|arnement ? Figaro. D'en etre cru le fils ; tu te moques de moi I B A z I L E montrant Figaro. Des que Monfieur eft de quelque chofe ici y )e declare , moi , que je nV fuis plus de rien, ( 11 fort, ) A C T E Q U A T R I fe M E. 171 ^' ^*" J,J Sa» S C & N E XL US ACTEURS PRfiCfiDENS , excepti Ba(iU, Bartholo riant* ^hJ ah! ah! ah! Figaro fautant dc joU. Done k la fin j'aurai ma femme ! Le Comte a partm Moi , ma maitreffe. (^11 fc live. ) Brid'oison a Marceline: s £t tou-out le monde eft fatisfait. L E, C O M T E» Qu'on drefle les dew contrats; j^y fignerau Tous cnfcmbU. yivat! {Us forum.) L E C O M T E. )» ' J'ai befoin d'une heure de retraitej ' ( // vmtfortir avcc Us autns. ) ^^^h^. ^ 17* LE MARIAGE DE FIGARO, S C £ N E XII. GRIPPE. SOLEIL, FIGARO, MARCELINE; LE COMTE. Gripp£-Sol£IL a Figaro. mLt moi je vas aider k ranger le feu d'artifice fous les grands maronniers , comme on Ta dit, L E C O M T £ rcvunt en courani% Quel fot a donn^ un tel ordre I Figaro; Oiieftlexnal? Le Comte vivemene. Et la Comteffe qui eft incommodee , d'oh le verra-t-elle Tartifice ? c*eft fur la terrafle qu'il le faut , vis-a-vis fon appartement« . > Figaro. Tu Tentens , Grippe-foleil ? la terraffe. L E Comte. Sous les grands maronniers ! belle id6e ! ( En sUn allant^ aparc.^' lis allaient incendier mon rendez- vous! ACTE QUATRlikME. 173 S C M N E XI JL FIGARO, MARGE LINE. F I 6 A B. O. \^ u E L exces d'attention pour fa femme ! ( // vcutfonir, ) MarC£LIN£ tarrctu Deux mots , mon fils. Je veux m'acquitter avec toi : un fentiment tnal dirige , m'avait rendue in- jufle envers ta charmante femme ; je la fuppdiais d'accord avec le Gomte , quoique j'eufle appris de Bazile qu'elle I'avait toujours rebute. P I G A R O. Vous connaifliez mal votre fils , de le croire ebranle par ces impulfions feminines. Je puis de-^ fier la plus xvSit de m'en faire accroire. Marceline. II eft toujours heureux de le penfer ^ mon fils ; la jaloufie Figaro. ; ; • . N*eft qu'un fot enfant de Torgueil y ou c'eft la maladie d'un fou« Oh ! j'ai M-deflus , ma mere, une philofophie . • • .imperturbable; & fi Suzanne doit me tromper un jour , je le lui par- donne d'avance ; elle aura long-tems travaiil^. • • • (^U ft retourne & apptrgoit Fanclutu qtu chcrchc dt €6U & iC autre.) 174 LS MARIAGE D£ FIGAltO^ I S C £ N E X I K FIGARO, FANCHETTE,MARCELINE. Figaro. Jl E E H , ... ma petite coufine qui nous ^coutel Fakchette. Oh ! pour (a non : on dit que c'eft inalhonnete« F I G A B. O* n eft vrai ; mais comme cela eft utile , on fait aller fouvent Tun pour Tautre. Fakchette* Je regardals fi quelqu'un etait 1^. Figaro. D^ja diffimulee*^ fripponnel vous favez bien qu*il n*y peut .ctre. Fanchbtte. Et qui done? Figaro. '^ Chembin. Fanchette. Ce n'eft pas lui que je cherche , car je fais fort bien ou il eft ; c^eft ma couiine Suzanne« Figaro* Et que lui veut ma petite confine ? L A C T E Q U A T R I fe M E. 175 F A N C H E T T E. A vous , petit coufin , je le dirai.— Ceft . . . ce n'eft quune epingle que je veux lui remettre. Figaro vivtmme* Une epingle ! une epingle ! ... & de quelle part, coquine ? a votre age vous faltes deja un m^t..^ ( //yi reprcrid y & dit cHun ton doux, ) Vous faites deja tres-bien tout ce que vous entreprenez , Fan- chette ; & ma jolie coufine eft fi obligeante .... Fan cHEtTE. A qui done en a-t-il de fe facher ? je m'en vais. Figaro tarritant. Non , non , je badine : tiens , ta petite epingle eft celle que Monfeigneur t'a dit de remettre ^ Suzanne , & qui fervait ^ cacheter un petit papier qu'il tenait; ^u vois que je fuis au fait. Fanchette. Pourquoi done le demander, quand vous le favez fi bien ? Figaro chtr chant. Ceft qu'il eft affez gai de favoir comment Mon- feigneur s y eftpris pour t'en doaner la cx>mmiffion. FanCH ETTE ndivtmtm. Pas autrement que vous le dites : Tuns , pttitt Fanchcttc , rcns cent ipinglt a ta bdlt confine , £* dis lui fzuUmtnt que c^ejl le cachet des grands ^aronmers. Figaro. Xit% grands ? • • . • 176 LE MARIAGE DE FIGARO; .Famchbtte. MaronnUrs. II eft vrai qu'il a ajout^ : pftni garde que perfonnc ne u 90U. Figaro. II faut ob^ir , ma coufine ! hetireufement pef'^ fonne ne vous a vue. Faites done joliment votfe commiffion ; & n'en dites pas plus a Suianne , que Monfeigneur n'a ordonne* Fanghette, Et pourquoi lui en dirais-je ?.•• U me prend poitf un eniant ^ mon couiin. ( EUcfon tnfautam. ) S C t N E XV. FIGARO, MARCELINE. Figaro: Jrli BiEN, ma mere ^ Marceline; He bien , mon fils \ ^ Figaro commt itouffei Pour celui-ci !«•• il y a reellement des chofes !.<« Marceline* n y a des chofes ! hi qu'eft-ce qu*il y a ? A c r E 1) A r R 1 ^ M fi. \*j*f Figaro Us mains fur la poitrim. Ce que je viens d'entendre , ma mere , je I'ai U comme un plomb. . MarcEIiKE rianu C6 coeur plein d'affurance , n'etait done qu^uri ballon gonfle ? qne ^pingle a tout fait partir 1 Figaro futuuxi Mais cette epingle ^ ma mere ^ eii celle qa U ' a ramafT^e ! • • « . MarceliNE tappellani cc qj^il a diL La jaloufie ! oh j'ai 1^-deffus , ma mere , unrf philofophie .... imperturbable ; & (i Suzanne? fii'attrape itn j6ur , fe le lui pardonne^. . • .• Figaro vivem^ne. (Ml , ma th^re t on parle cfomm^ oti ferif : iiiett^z le plus glace des Juges k plaider dans fa proprd taufe, & voyez-le expliquer la loi t -^ Je n^ m'etonneplus s'il aVait tant d'humexii* fur ce feu !— ^ four la mignonne aux fines ^pingles , elle rfen eft pas oil elle le croit, ma m^re , avec f^smaronniers ! Si mott mariage eft affei fait pour l^gitimer rti^ colore 9 en rievanehe , il ne Teft pas affez pour qu6 )e n'en puifle epoufer une autre , & I'abandonner... MaRCeIiAe^ Bieii conclu ! abimons tout fur urif fdup^nV Qui t'a prouve^ dis-moi , que c*eft toi qu'elle joue^ & non le G>mte? L'as-tu etudiee rfe nouveau , poiif la condamner fans appel ? fais-tu fi elle fe* rendra^ fous les arbres , k quelle intention elle y va , ce ou'elle y dira , ce qu*elle y fera ? je te eroyais pails' ton en jugementl 1 lyS LE MARIAGE DE FIGARO, Figaro bii baifant la main avee rtfpcB, Elle a raifon , ma mire , elle a raifon , raifon , toujours raifon ! mais accordons , maman , qiielque chole k la nature ; on ea vaut mieujc apres. Exa- minons en effet avant d'accufer 6c d agir. Je fan oh eft le rendez-vous. Adieu, ma mere. ( II fort. ) SB s c £ N E xr L Mar CELINE feuU, A Di EU : & moi aufli , je le iais. Apres ravoif arrSte , veiUons fur les voies de Suzanne; ou plu- t6t av^rtiffons-la : elle eft ft joUe creature ! Ah quand I'int^ret perfonnel ne nous arme pas les unes 2ontre les autres , nous lommes. tomes po«ees ^ foutenir notre pauvre iexe oppnme , contre ce fie" ■ ce terrible!^. . . {enriane) & pourtant un pe» nigaud de fexe mafcuUn. ( ElUjort. ) J • Fin du quatrihnc ASt* I ACtE ClNQUtlME; ij^ ^ t; - ■ ' ^'^^^' -A\ ACTE CI'NQVltME6 Le Theatre rcpre/enu ufie fallz de maronnierS^ JanS un pare ; deux pavilions , kiofques ^ du templet dc jardtns , font a droite & a gauche j le fond efl uhe clariire ornee , un Jiige dc ga^on fur U devant. Le Theatre efl ohfcur. x'\\ II ill I '■■■*y j tf'» ' ■ * ■' scBne premiere. FANCHETTE feule , tenant d*une main deux bifcuits & une orange ; & de f autre unt lanterne de papier^ allumee. Uans le pavilion 4 gaitche , a-t-il dit. Ceft celui-ci. — S*il allait ne pas venir h prefent ; mon petit role. . . . Ces vilaines gens de Toffice qui ne voulaient pas feulement me donner une orange & deux bifcuits ! — Pour qui , Mademoifelle ? — Eh bien , Monfieur , c'eft pour qiielqu'un. — Oh nous favons. — Et quand 5a lerait : parce que Mon- feigneur ne veut pas le voir , faut-il qu il meure de faim?— -Tout 5a pourrant itfa coiite un fier baifer , fur la joue ! . . . que fait- on? il me le rendra peut-etre! (^Elle voit Figaro qui vient f examiner ; elle fait un cri.) Ah ! . . , . (^Elle s'enfuit , & entn dans U pavilion a fa gauche,) M 2 i8o LE MARIACE D% FIGARO,' S C ^ N E I L FIGARO un grand mameau fur Us ipaulis , un large chaptau rabatiu. BAZlLEj ANTONIO, B ARTHOLO, BRID^OISON, GRIPPE-SQLEIL^ Troupes de Valets & de Travailleurs. Figaro Xabori ftuL C'EST Fanchette ! ( // pat court du ytux Us autrcs a mefure quils arrivent^ & die iTun ton farouche : ) Bon jour , MefSeurs ; bon foir : 6tes- vous tous ici ? B A Z I L B. Ceux que tu as preffe d'y venir. Figaro. Quelle heure eft-il bien k peu pres ? Antonio rcgardc en Vdr. La lune devrait 8tre levee. Bartholo. feh quels noirs apprSts fais-tu done ? U a Tair d'un confpirateur ! Figaro iaguant. N'eft-ce pas pour une noce , je vous prie ^ qw« vous Stes raflembl^s au ^bateau ? ■B ■■ AtTE € IN Q UI fe M E*;^ x8i Briq'oison* Cc - ertainement. Antonio. Nous alllons \k bas, dans le parc^ attendre uo fignal pour ta fete. Figaro. Vous n'irez pas plus loin , Meflieurs ; c*e& ici (ous ces marbnniers , que nous devons tous c^- lebrer ThonnSte fiancee oue j'epoufe , 6c le loyal Seigneur qui fe I'eft defhnee. 9 B A z I L E Ji rapptllant la journU. Ah ! vraiment je fais ce que c'eft. Retirons- nous , fi vous m'en croyez : il eft queftion d'un rendez-vous : je vous conterai cela pres d'ici. Brid'oison^ Figaro. Nou-ous reviendrons. Figaro. Quand vous m*entendrez appeller , ne manquez pas d*accourir tous ; & dites du mal de Figaro , s'il ne vous fait voir une belle chx>fe. B a R T M O L O. Souviens-toi qu'un homme fage, ne fe fait point d'affaire avec les grands. Figaro. Je m'en fouviens. BARTHOL9. Qu'ils opt quinze & bifque fur nous^ par leur etar. M 3 lUf LE MARllAGE PR FIGAR.Q, f I Q ii K o. Sans leur induftrie , que vous Qiiblie7:« Mais fo\:Lt venez-vous auifi que rhomme qu'on fait timide ^ ^il dans la dependance de tous les frippons. Bartholo. Fort bien, Figaro. Et que j'ai nom de Fwres-allure , du ch^f honpr^ 4e ma mhre. B A R T H o L o. II a 1^ diable au corps. - B R I d' O I S O N. B A z I |. S A pan. Le Con^te &c fa Suzanne fe font arr^ng^s ftnsi xnoi : je ne fiiis pa$ fache de Falgarade. F I G A R Q aux VaUi^ Pour vous autres , coquins , ^ qui j'ai donnd l-ordire; illwminez-nioi ces entours*; ou , par la mort que je voudrais tenir aux dents *, ft j'en faifis ui^ par le bras. . • . {J[lJccoue U bras dc Grippc-SoUiU ) Grippe -Sole IX. s^en va en criani & pliurani^ A 9 a , ohj Damne l^rutal ! B A Z I L E en s\n allanu r \j^ ci^l yous tienne en joie , Monfieur da marie, A C T E C I N Q U I fe M E. i8j S C Jt N E 111. Figaro fcul , fe promenant dans Pobfcuriti ^ flit du ton It plus Jombre^ yj Femme ! femme ! femme ! creature faible & decevante ! . • . • nul animal cree ne peut manquer k fon inftinfl ; le tien eft-il done de tromper ? . . , • Apres m*avoir obftinement refufe quand je Ten Sreffais devant fa maitreffe ; k I'inftant qu elle me onne fa parole ; au milieu meme de la ceremoaie... II riait en lifant , le perfide ! & moi comme un benet ! .... Non , monfieur le Comte , vous ne Tau- rez pas. . . . vous ne Taurez pas, Parce que vous hts un grand Seigneur , vous. vous croyez un grand geqle ! . . . . nobleffe , fortune , un rang , des places ; tout- cela rend fi fier ! qu'avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous etes donne la peine de naitre, & rien de plus : pour en raifonner ; n'ayant pas un fou , j'icris fur la v?ileur d^ Targent , & fur fon produit net ; fi-tqt je vols y du fend d*un £acre, baiiTer pour moi le fk>nt d*un Chateau fort , k Tentree duquel je laifTai Tefpirance & la liberte. {Jlfe Ikve, ) Que je voudrais bien tenir un de ces PuiiTans de quatre jours ; fi 16gers fur le mal qu'ils ordonnent ; quand une bonne dif- {;race a cuve fon orgueil ! je lui dirais . . . • que es fottifes imprim^es n ont d'impertance , qu'aux lieux oil Ton en gene le cours i qti'e fans la liberty de blamer^ il ri'eft point d'cloge flatteur; & qu'il ny a que les petits homtneiJ , qui redout'ent les went? ccriis. -^ ( ///i r^JJicJ. ) [L^s d0 nourif uo A C T E C I N Q U I fe M E. 185 ^bfcur penfionnaire , on me met un jovir dans la rue ; & comme il faut diner , qiioiqu'on ne foit plus en prifon ; je taille encor ma plume , &c demande ^ chacun de quo! il eft queftion. On me dit que pendant ma retraite economique ^ il s'eft etabli dans Madrid un fyftSme de liberte fiir la vente des productions , qui s'etend mSme c^ celles de la prefle ; & que , pourvu que je he parle en mes ecrits , ni de Tautorite , ni du culte , ni de la politique , ni de la morale, ni des gens en place « ni des corps en credit , ni de I'Op^ra , ni des autres fpedacles , ni de perfonne qui tienne k quelcjue chof(^; je puis tout imprimer librement , fous Tinf- pedion de deux ou trois Cenfeurs. Pour profiter de cette douce liberte , i'annonce un 6crit periodique » & croyant n'aller fur les brifees d'aucun autre , je le nomme Journal inutile. Pou-ou ! je vois s'^lever contre moi 9 mille pauvres 4i«ibles k la feuille ; on me fupprime ; & mc voilA derechef fans emploi! -^ . He defefpoir m'allait faifir ; on penfe i moi pour une place , mais par malheur j'y etais prppre : il fallait un calculateur , ce fut un danfeur qui Fob* tint. II. ne me reftait plus qu'^ yoler; je me fais banquier de Pharaon : alors , bonnes gens ! je foupe ^n ville , & les perfonnes dites comme il faut ^ m'ouvrent poliment leur maifon , en retenant pour elles les trois quarts du profit. J'aurais bien pu me remonter; je commen^ais meme k comprendre que pour gagner du bien^ le^favoir-faire vaut mieux que le fayoir : mais comme chacun pillait autour de moi , en exigeant que je fuiTe honnSte ; il fallut bien p^rir encor. Pour le coup je quittais le monde « & vingt brafles d'eau m'en allaient feparer ; lorfqu'un Dieu bienfaifant m'^ppelle 4 Hion premier etat. Je reprens ma troufle & nipn lU LE MARIAGE DE FIGARO, cuir anglais ; puis laiflant la fiim^e aux fots qui iTen nourriflent , & la honte au milieu du chemin « comine trop lourde k un piston , ]e vais rafant de ville en ville 9 & je vis enfin fans fouci. Un grand Seigneur pafle ii Seville; il me reconnait, je le marie; & pour prix d^avoir eu par mes foins (on ^poufe , il veut intercepter la mienne ! intrigue ^ orage a ce fujet. PrSt i tomber dans un abime ^ au moment d^^poufer ma mere 9 mes parens m'ar- fi vent k la file. {II fi tkvc tn s*kha»fknt. ) On fe d^bat f c*?ft vous 9 c*eft lui , c'eft moi 9 c'eft toi ; non ce n'eft pas nous ; eh mais qui done } { It fteombe affU.) O bizarre fuit^ d'ev^riemens ! Com- ment cela m'eft-il arrive ! Pourquoi ces chofes &* non pas d*autres ? Qui les a fixees fur ma tSte i Vofci de parcourir la route oii je fuis entre fans le favoir , comme j'en fortirai fans le vouloir , je Tai jonchee d'autant de fletirs que ma gair6 me Fa permis ; encor je dis ma gait^ , fans favoir fi eltie eft ^ nioi plus que le refte , ni meme quel eft ee Moi dont je m'occupe : un aiTemblage informe de parties inconnues ; puis un cWtif 8tre imbecille j vn petit animal folStre ; un ^une homme ardent ail plaifir ; ayant tous les goftts pour jouir; fefant tous les metiers pour vivre ; maifre ici % valet 1^ 9 felon qu'il plait ^ la fortune } ambitieux par vanite , laborieux par n^ceffite ; mais pare(^ feux. • . avec delices ! orateur felon le danger; poete par delaffement ; muiicien par occafion ; amoureux par folks bouffees ; j'ai tout vu , tout fait , tout «fe. Puis Tillufion s'eft detruite ,& trop defabaft..... D^fabufi^ ! Suzon , Suzon , Suzon f que ttt me donnes de tourmens \ -^ J'entens marcher* . . % pn vient. Voici Tinftant de la crifc. (^11 f€ mirepih dji Uj^nmikn couliffc kfik droi^c, ^ l*'^ A C T R C I N Q U I fe M R ttf S C $ N M IK FIGARO, LA CQMTESSE avec Us habits de Su^on , SUZANNE avtc ceux de la Comteffi. MARCELINE. s 3 U Z A N N E bos a U Comtcffi. KJVi 9 Marceline m'a dit que Figaro y fentit*, II y efl aufS; baifTe la voix, Suzanne, Ainfi Tun nowi; ecoute , & Fautre .va venir me <;hercheri ciommenjons. Marceline. Poiir n'en pas perdre un mot , je vais me cacher dans kpavUIon. {Elk tfr/; Oltf la priv«fttio4i. >: . ^ 194 LE MARIAGE DE FIGARO; L E C o M T E. A-t-elle ce bras ferme & rondelet? ces jdixs doigts pleins de grace & d^efpi^glerie ? La Comtesse Je la voix (U Suzanne i Ainii I'amour ? • • • . L E C O M T E. L'amour. • . • n^eft que le roman du coeur : c'eft le plaidr qui en eft I'faiftoi^e; il in'amene ^ tt% genoux. La ^Comtesse* Vous ne Taimez plus? L E C o M T e; Je Taime beaucoup ; mais trois ans d'unioa rendent Thymeii fr refpeAable ! . L A : C O H T B S S^S, Que vouliez-voils en ^elle ?* - ^ » L E Co M T E la cartffantl Ce que je trouve en toi , ma beaute. • • 1 L A • Co* M T E S S E, Mais dites done* . . ,• , ^ L E C O M T E. •- •M J aU- • «»*.« Je ne faisf^^pins d'uniformit^ ^ut-fitre; plus de piquant dans les man'ieres ; un je ne fais quai, qui felt te eh#^^; iqitdqueftwfs* ttnrefiis, que fais-f6 ^'Notf ftftfirfies iroienf ftKit^aCftaYnplir en nous aimant :^ cela di^ u,n^ Cqis , eUe qoif s aiment , nous aiment ! (qualia elfes nous aiment^;) & font jGl complailantes , & fi coddaoamMt pU%^aflBi(6s y fc^ A C t E CINQUI JkM£, t$f & toujoufs , & fans rellche , qu'on eft tout furpris un beau foir , de trouver la fatiete ok Von recher- chait le bonheur. La Com t esse aparu Ah! quelle le^on! Lb C o m t b; fin iritwi , Suzon , j*ai penfe mille fofs cue fl nous pourluivons ailleurs ce plaifir qui nous foit ehez dies ; c'eft qu'elles n'^tudient pas affez I'art de foutenir notre gouft , de fe renouveller i I'amour de rammer, pour ainfi dire, le charme de leuK pofleffion , par celui de la variete. La Comtesse pitpUt^ Done ellcs doivent tout?.... Le Comte riant, £t llionime rien ? Changerons-nous la tttafche de la nature? Notre tSche k nous, fut de les obtenir : la leur. ... La COMtfiSsE. >' La leur? ',"; L t C O M t E« Eft de nous retenir : on I'oublie trop. La CoMTisssB. Ce ne ftra pas tnoi. L E C o M T B. Ni moi. . Figaro a pdH. Ni moi. VT- . S U 2 A N N E 4 I'E MARIAGE DE FIGARO; SCENE IX, LE COMTE9 entrc par U fond du thiatrc , & va droit au pavilion a fa droitt. FIGARO^ SUZANNE. Le Comte a lui^mcmc; J E la cherche en vain dans le bois , elle eft peut« £tre entree ici. Suzanne a Figaro , parlant basm C*eft lui, L E Comte ouvramt U pavUloOm Suzon , e$-tu IWedans } Figaro tas. II la cherche 9 •& moi je croyais.. ••• S U Z A N K E bas. II ne Ta pas reconnue. Figaro. Achevons-le 9 veux-tu ) {II ltd baifc la mam. ) Le Comte y« ntoumc. Un homme aux pieds de la Comtefie ! • • • • Ah ! je Alls fans armes. ( // s*avaact. } F I G A R O ye relive tout-orfait en diguifantfa vohc. Pardon f Madame 9 fi je n'ai pas reflechi que ce render-vous ordinaire ^ etait deftin^ pour la n«c€. ACTE CINQUlfeME. »5^ Le CoMTEi paru Ceft Phomme div cabinet de ce matin. ( II fk frappt U front. ) Figaro continue. Mais il ne {era pas dit qu'un obitacle auiH (ot j aura retarde nos plaifirs. Le CoMTSa part* Maflacre j mort , enfer ! Figaro U conduifant au adfinct. ( Bos. ) II jure. ( Haut^ ) . PrefTons-nous done ^ Madame , &c reparons le tort qu'on nous a fait tantot , quand j'ai faut6 par la fenetre. Le Comtek part. Ah ! tout fe d^couvre enfin. Suzanne prhs du pavilion a fa gauche. Avant d'entrer, voyez fi perfonne n*a fuivi. { II la iaifc au front.^ L E C O M T B s^ecrie^ Vengeance ! Suzanne s\nfiiit dans le pavilion ok font tntris Fanckettc ^ Marccline & Chirubin. ' 30tf LC MARIAGE DE FIGAftO; 9C S C £ N E X. LE COMTE, FIGARO. L E C o M T £ Jaifi U hras dt Figaro^ Figaro jouant la fraytur txecjjivc. \^'£ST men maitrel Le Comte/^ rtcomutU.^ Ah fc^l^rat , c'efl toi ! Hol^ quelqu^un , quelqu^un^ sess !«BS»< S C £ N E XL PtDRILLE, LE COMTE, FIGARO* PioRILLE toeti. JVl ONSEIGNEUR , je vous trouve enfin; L £ C O M T E«^ Bon y c'eil Pedrille. Es-tu tout feitl ? P i D R I L L '£« Arrivant de Seville , k Stripe chevaL L E C O M T £• ! Approche-toi de xnoi ^ &: crie bien forf. A C T E C I N Q U I fe M E. 1075 PtvRtLLU criant a ttu dtt. Pas plus de Page que fur ma main. Voili U paquet. Le C0MT£/e npouffe. Eh Tanimal! PiDRiiLfi* Monfeigneur me dit de crier. Lb C o M T E tenant toujours Figar^l Pour appeller. — Holi quelqu'un ; fi Ton m'cn^ tend y accourez tous ? Figaro & moi , nous voili deux ; que peut-il done vous arriver? S C & N E XI L Les Acteurs precedens, BRID'OISON; BARTHOLO, BAZILE, ANTONIO, GRIPPE-SOLEIL, toute la noct accoun avtc des flambeaux^ BartHOLO a Figar9. 1 u vois qu*i tpn premier fignal . . . . ; Le Comte montrant It pavilion a fa gauchtl Pidrille , empare-toi de cette porte. - ( PUriUc y va. ) ioS LE MARIAGE DE FIGARO; BaziLE bas A Figaro k Tu 1*^ furpris avec Suzamie } L X C O M T E monerant Figaro, Et vous , tous mes vaflaux » entoitrez-»fix>i Cet honune ^ & m'ai r^poodez fur la vie. B A z I L E« Ha! ha! Lb C o m t e fiuieux. Taifez- vous done. ( A Figaro Jtun tort gface. ) Mon Cavalier , ripondez-vous i mes queftions ? Figaro froidemtnim Eh ! qui pourrait m'en exedapter j Monfeignear if Vous commandex k tout ici y hors k vous-ai$m^ L E C O M T £ y^ corucnani4 Hon a ffioi-meme ! A N T M i o. :^ ; Ceil 9^ parlen L E C O M t £ rtprtnd fa coteri* - ^< fureur , ce lerait I'air caime qu Fro A R o* Non , fi quelque chofe pouvait augmenter liit reur , ce lerait I'air caime qu'il affeae. Sommes-noas des foldats qui tueiit & fe font tuer , pour des interSts quails ignorent } J^ y^ux favQir, moi, pourquoi je me fachei. Le Comte ACTE CiNQUlfe M.E. io^ i E C O M T E /tors de liti, O rage! {.Se comenant.) Homme de bien qui ^eignez dignorer ! nous ferez-vous au moins Id faveur de nous dire , quelle eft la dame .aauelle-- ment par yous amende dans ce pavilion ? Figaro momtant Cauth dvec maUcci Dans celui^lA? L E 6 O M f E viii. Dans celui-cl Figaro froidtmtnh Cefl: dlfFerent. Une jeune perfonne qui mTios flora de fes bontes particuliires; , B A z I L E itonnL Ha, ha! - ^ - L E G O M T E viUi Vous I'entendez, Meffieurs;, dARtholo itotinL Nous Tentendons ? • _ . ^ Ef tette jeiine perfonne a-t-dle^di iutrfi tagagement^ que vous fachiez? F I C A lio froidtmtnu . ... • Je fais qu'un grand Seigneur s'en eft occupy qiielque terns : iBais,. S C £ N £ X 1 r. tES ACTEURS PRiCEDENS, LE COMTE> CHERUBIN. LE' CoAltE parlatit dans U pavilion & atii^ani quclquun qtion nt voit pas cncor. JL o u s vos cfTortis font inutiles , voiis ^te^ pel*- due , Madame ; & votre heure feft bito arrivee ! ( 11 fort fans rcgarder. ) Quel bonheur qu'aucun gag^ d'une union aufli deteilee Figaro sUcrick Ch^rubinr ! LeComtei Mon Page? B A ji ja E* : Ma , ha ! L E C M t E hors dt tui , a pdft. Et toujours le Page endiable ! ( A Chirubin. ) Cue fefiez-vous dans ce fallon ? Cherub IN timidcmerit. Je me cachais , comme vous Tavez ordonn^* P i D if f L L E. fiien la peine de crever un cheval ! i zit LE MARIAGB D1^ FIGARO; L E C O M T E. £ntres-y toi, Ant(^o; conduis derant fon juge 9 Via&tne qui m'a d^honor^ B R I d' O I S O N. Ceft Madame que vous y-y cherchet? Antonio. . Vy Zf pargueone, une bonne Providence ; vous en avez taat fait dans le pays* • • . • L E C O M T £ furieux, Entre -done. ( Antonio tntrc. ) « K' ■ . I I . ■ I I I .S%^~ ■' r'i'.i'J ji',,'«'f. i» . s c i: N E XV. Les Acteurs PRic^DENS ^ exupti ANTONIO* Lb C m f e. V o u s allez voir , Meffieurs , que le Page ri ^ etait pas feuL Cherub in timidcmcnt. ^ Mon fort eut ete trop cruel , fi quelqu'am^ fenfible d'en e&t adouci Tamertume. # J* A C T E C I N Q U I ife M E. xij. t , S C £ N E^ XVI. LeS ACTEURS PRiciDENS, ANTONIO, FANCilETTE. Antonio attlrant par terras qmtquun quon ni voit pas cncor. i jf\ L L O N s , Madame , it ne faut pas vous faire prier poiu: en fortir , puif(}u*oa fait que vous.y Ste^. entree. , Figaro s'JcrU. ' .. . ■ La petite coufine \ B A Z I I. E. Ha^ ha!, L ^ Co M X B« r Fanchettef. A N T O N I o yi retoume ft. sUcriel Ah palfembleu ! Monfeigneur , il eft gaillard 3e me choifir , pour montrer h. la compagnie que c*eft ma file qui caufe tout ce train-lc^ I Le Comte outri^. Qui b favait U-dedans ? . • - {U fcut rentttr. ) #» ^14 LB MARIAGE DE FIGARO; Bartholo au'dcvan$» Permettex , monfieur le Comte ; ceci n'eft pas plus clair. Jt fu.Is de f^^ng/roid, moi^ ( // efitre, ) B R I D' P I S O N. Voil^ une afFajiretaii-si^f^ttop^^nbrouiUee, « >.. > \v A 1 SCENE XVIL • • • • tis AcTEURS pRi'oiDENS, MARCELiNE. BarthOTO "pUrtinikrididans ,* &Jortant. N! : . -;. c^'.r ; : : E craignez rien , Madame ,., il ne voiis feia fait aucun mal. J'cH 4ej!>ohsA (- // /i moumc 6? iVm^. ) Mar Celine ! • . . . ! :..( ^ :.:-! - V k'£>i\ E/ • Ha, ha! ':::-^ , .. / • • .F lyQ,4r.RiP0, rhmk . - ;- ; Hi quelle folie ! ma m'ere >en:^ft>:.:. A N T O K I 6, A qui pis fera. L E Comte outri^ Que ij^'impor t^ i pigj ^ La C Qmteffc, • i^ • 4 < * A C T E C.t PJ Q IT I fe M E. 2if » CJ I — n gs jT- ■ -? & Vy* ia SC^NE XVI 1 1. LesActevrs prec^dems, SUZANNE. Suzanne fon ^emait fur U vifdgx L E C O M T E. ^ ; . . A H ! la void qui fort ( // la prmd viohmmcnt par U hras. ) Que croyez-vous , Meffieurs , -que mcriteuh^ ocfieilfe, ■ !• • • • SuzANNEyi Jette a genoux la titc haifflc. ti L E C O M T E. * Noo , non. F I a A R o yr jfttu ^ genoux de tautai cdie. Le GoMtE plus Jbri, ' Non, non. M A R C E .t J N £ fffijuu i gcrwux dtvant lui. Le Comte plus forty Non , noif. * TOVS fe mcttent a genoux , excepti Bridolfon, « L E C o M i; E hors dc lui. ■A I « Y fufllez-YOus un cent. ' 04 tf!6 LE MARIAGE DE FfGARO, !flS SC$NE XIX & (Urniirt, TOUS LES ACTEURS PR£C£DEN5. LA COMTESSE fort de fausre paviUon, La Comtesse fi /et$c a ge^fou^^ A u moins je.fer^i iiofobre. L E C aM T E regardant la Comttjft 4* St^ann^ Ah, Suzanne. Ceft Madame qui I'avait difte, L E C p M T E. %A riponfe lui en eft bien due. ( // iMfe la mam de la Comie£e. ) ' L A G O M T E S S E. '• • - • Chacun aura ce qui lui appartient. ( Elle donne la boar ft a Figaro y & U dian^ani S u z A N N E a Figaro. \ ^ •• •»•, • Ericor uae doL , ;Fj ^ G ^ R O frappant la bourfc 4ans fa malf^ ipt d? trois. Celle-ci -fat rude k arrachcr! '-^ ■■■ S.'-tr Z A N N E, ► ^mme notr e manage. »20 LE MARIAGE DE , FIGARO; Da latia d*iiii rieuz prorerbe, Vhomm^ adroit fiiit fon partu F I G A B. O. le le im. . • ; ( // chanti. ) Gaudeatu httu n$iK . 6 A Z I L E. KoQ. • 4 ! % (// ckanie.) Gaud^at bene luntu S u z A vr N s« * I L C o u p L E t; Qa*im mari fa foi trahifle^ II %*ch vaatc, & chacun rit; Que fa fernin^ ait uq caprke ^ ' m S'U Taccufe , on la punit. Deu luetic j>bt^rdp\injqftioc# Faut*il dire je pourcjuoi ? liCS f)Iiis fbm ont fait la Iqi. ; • « ; ; gk^ I , »< . I , F I G A K O. • III. C o ij p'l i « Jean Jeannot ^ i^Uut rifibie; Vcut Hpir fcmme & reposj^ II achate un chien terrible « £t le lache en fon endos. La nuit , quel yacarme hof kabte f Le chicil court , tout eft morSu ; . Hon Tamant qui Ta vcndtt* • • • • • IPab^' A C T E CI N QU I fe ME. xxx La C0MTES&E4 IV. CoUPtiT* Telle eft fi&re & r^pond d'ellej Qui n'aijhe plus ion itiari; Telle autre prefque infidMe, Jure de n'almet que lui* La moins Voile, h^las! eft celle Qui fe veille en fon lien , Sans ofer jurer de rien Z I . MU* L E C O M T E« V, C O U » L X T4 D^une femme de province , A qui fes devoirs font chefs i Le fuccb eft aflez mince ; Vive la femmt aiif bons airsl Semblable a Ncu du Prince, Sous le coin d*un feul ^pou^ , £lle fert au bien de tous* •••.;• Sis; Mar c e l i n k. VI. C o u V t i T* Chacun fait la tendre m^re Dont il a re9u le jour; Tout le ref>e eft un niyfttre,' Ceft.le fecret de Tamour. Figaro continue talr. , Ce fecret met en lumi^re Comment le fits d'un butor, yam: jbuyent fon pefant d'ar*.«.« •. • Shj^ H% LE MARUGE D£ FIGARCV^ VIL C O U P L B T. Pv le fort de la naiflance ^ J^'on eft Roi, Tautre eft Berger; Le hafard fit leur diftance ; L'elprit feal peut tout changer. Pe vingt Rois que Toil encenfe, Le tripas bnfe Tautel; El Voltaire eft immortel. ••;•••• £ij^ CHiRUBIK. Vlil. CovPtEY. Sexe aim^ y feze volage. Qui tourmentez nos b^aux |Ottrs.; Si de vous chacun dit sage, Chacun vous revieot toujours. Le parterre eft votre image; Tel parait le d^daigner, Qyd bit tout pour le gagner. « ; • • Sut Suzanne.- IX. C o u p t £ t; [ Si ce gai , ce fol ouvrage , Renfermait quelque le^on; . . ^> £n faveuc du badinage , Faites grace a la raifoa. Ainfi la nature fage >'ous conduit ,- dans nos de^,' i^ fcm^but^ p^ar ies plaifirstf 4 i • # • ^//« A C T t C f N Q U 1 1 M fiT'iil Brid'oison. X. C o'^U P L E T« Or Meffieurs la Co-om^die, Que Ton juge en ch»et inftant; Sauf erreur , nous pein - eint la vUl Du bon peuple qui Tentend, Qu'on ropprime ; il pefte , il crie; U s'agite en cent fa-a^ons; Jloux fioi-it par des chanfons. • , • • SUi Ballet oifiiRAU JFia du cinquiimi & dernier A3§4^ n T I t ^. V ^i^lp— ■■■—•■•»■ APPROBATION i. J*Ai Itt ptr ordre de J^onfieur le Lieutenant dq Pdlice^ la Pi^e intituMe : La tolU Journee , 6u U Mortage di fifgtro i & \t n*y ai rien trouve ({ui mait paxu devoilr tn eoiptcher 1*iiiipre(non & U repr^feniatlon. A Paris » ce riflgt-huic F^vriei' iAil fept o^nt quatre-vin^t-^atre. • • • , 5/g»^, COjQUBLET di VHAUSSB^lftRRSi 'ai In par ordre de Monfieur le Lieutenant gkxAxA de Police 4 la Pi^e iotitulie: l(a toUi Jo^ttit , ottU Mafldf^t ife Figaro i & je n'y ai rien trouve qui mait paru devote en empdcher la repr^femation & I'impreiOion. A Paris, ec Iringt-un Mars sul fept cent quatrervingt-qiuute. Siffi^i B&fif. V u les Approbations ; Permis d*imprimer & repr£fenfer« A Paris I ee 29 Mars « mil fept cent quatre-vingt-qaatre. Signi^. LEWOIR4 ? 9 a 01246 "J I ' \ \ U)0